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Imaginaire et transformations du souterrain: vers une histoire culturelle de la mine

Imaginaire et transformations du souterrain: vers une histoire culturelle de la mine

Publié le par Université de Lausanne (Source : Richard Spavin)

Imaginaire et transformations du souterrain: vers une histoire culturelle de la mine

A One-Day Interdisciplinary Conference at York University (Toronto), Faculty of Liberal Arts and Professional Studies, 5 June 2017

Une journée d’études interdisciplinaires à l’Université York (Toronto), Faculté des Arts libéraux et études professionnelles, 5 juin 2017

Entre souterrain carcéral et avant-garde prolétaire, le statut unique de la mine, site de labeur et d’agitation sociale, transcende les siècles et les cultures. Qu’elle soit tournée vers l’extraction de métaux précieux pour des États naissants, ou vers le charbon pour répondre à l’augmentation des demandes en énergie de l’âge industriel, la mine a toujours posé des questions sociales et politiques. En outre les mineurs ou les ingénieurs, des écrivains, philosophes et artistes ont tous contribué à l’histoire de la mine comme un espace éminemment culturel. À plus long terme, on y voit des évolutions profondes, des structures sociales de l’esclavage et de l’incarcération à la reconnaissance des droits ouvriers. Qui plus est, lorsque les techniques de la production énergétique continuent à se moderniser, il s’agira de voir comment les discours autour de la mine s’inscrivent dans les débats écologiques actuels, comme la construction des pipelines et l’hydrofracturation ?

En effet, la mine est un espace qui symbolise une volonté et une lutte d’exploitation. À ses débuts, la minéralogie est une science imparfaite, truffée de mythe, d’êtres surnaturels et de méthodes amateurs d’extraction. Les mines relèvent alors des «secrets de la nature», à la fois physiquement dangereux pour les laboureurs au-dessous, et moralement dangereux pour les sociétés au-dessus. Dans les époques plus modernes, l’industrialisation entraîne l’expansion minéralogique et la rationalisation des pratiques d’exploitation. Les mines ajoutent une ingénierie des hiérarchies sociales à notre relation déjà peu harmonieuse avec l’environnement. Des interactions complexes entre communautés, propriétaires, compagnies minières et l’État émergent, y compris des pratiques paternalistes, du logement et du développement urbain à l’éducation. Comment imaginer la mine en tant qu’espace de rapports sociaux et politiques ? Quels sont les récits ou les théories qui ont contribué à la réécriture de la mine comme un espace d’innovation, de transformation et de libération ?

Il s’agira encore de voir quels discours et quels modes de sociabilité font de la mine un carrefour de disciplines. Davantage vase communicant que vase clos, une diversité de savoirs et de techniques de représentation façonnent sa signification à travers le temps. Aussi pense-t-on la mine de manière informelle, c’est-à-dire par analogies et par anecdotes, pour mieux saisir ses mystères. Quelles sont ces approximations qui infléchissent l’imaginaire des mines et qui donnent une voix à ses héros ou à ses victimes ? Comment les injustices ensevelies au-dessous ont été exploitées pour refléter celles du monde au-dessus ? Si le langage mystérieux de l’alchimie est, à l’époque prémoderne, un moyen pour les minéralogistes de partager leur savoir tout en gardant cachés des secrets industriels, comment cette tradition d’auto-préservation et de «self-fashioning» évolue pour incorporer des appels moins ésotériques à la valorisation des mineurs ? Et comment le mineur se compare-t-il à d’autres formes d’exploitation économique? Si les ressources minières ont motivé les conquêtes coloniales, tout en côtoyant en parallèle l’exploitation humaine sur les plantations, comment la représentation de mineurs dresse-t-elle des comparaisons avec l’esclavage ? Voilà quelques questions auxquelles les participants, de diverses formations (historique, littéraire, politique, sociologique, anthropologique, etc.), qui travaillent sur les mines de n’importe quelle région au monde, pourront répondre.

Cette journée d’étude interdisciplinaire cherchera à dévoiler la richesse des représentations de la mine et à révéler les facettes de son imaginaire, analysant ses évolutions du bullionisme et l’industrialisation aux entreprises minières dans les pays en développement. Nous vous invitons à soumettre des propositions (en anglais ou en français) de 200 mots avant le 30 décembre 2016, ainsi que d’une courte notice biographique. Prière d’envoyer celles-ci à Richard Spavin (spavin.richard@hotmail.com) et à Matthew Kerry (mkerry@yorku.ca). Vos propositions peuvent porter sur un ou plusieurs des grands axes suivants :

  • Le danger, l’épouvante et l’émotion dans les représentations culturelles des mines;
  • Les droits de propriété, l’indigénéité, privilèges royaux, ou d’autres phénomènes légaux ou fiscaux;
  • Les perceptions de la mine à travers ses changements technologiques;
  • La place de la mine dans le folklore, des superstitions et d’autres systèmes de croyance;
  • L’expression rhétorique de la mine (analogies, métaphores, comparaisons);
  • La désindustrialisation, la dégénérescence et le recodage de zones minières;
  • L’imaginaire de la mine à long terme, relativement à la durabilité, l’épuisement et l’environnement.

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From carceral underworld to proletarian vanguard, the unique status of the mine as a site of labour and social upheaval transcends centuries and cultures. Whether directed towards the extraction of precious metals for growing Nation States, or coal for the surging energy demands of the Industrial Age, the mine has always been a space of political and social significance. Not only miners and engineers, but writers, philosophers and artists, have all contributed to the history of the mine as an eminently cultural space. Over the long term, profound transformations are visible, from the social structures of slavery and imprisonment to the recognition of labour rights and our own impact on the environment. As the techniques of energy production have changed, how do the discourses around mining relate to the current debates around pipelines, fracking and corporate social responsibility?

Indeed, the mine is a space that concentrates humanity’s struggle and will to exploit. In its early days, mineralogy was an imperfect science, rife with myth, supernatural entities and amateur methods of extraction. Mines were part of the “secrets of nature”, both physically dangerous for the labourers below and morally dangerous for the societies above. In more modern times, industrialisation meant the expansion of mining and the rationalisation of exploitation practices. Mining adds an engineering of social hierarchies to our already fraught relationship with the environment. Complicated interactions between communities, landowners, mining companies and the State emerge, including paternalist practices, from housing to urban development and education. How is the mine imagined as a space of social and political relationships? What were the narratives that contributed to the reimagining of the mine as a space of innovation, transformation and empowerment?

This conference will focus on mining as a crossroads of disciplines, whose discourses and patterns of sociability shaped its cultural significance throughout history. Our attempts at understanding the mysteries of mining are more often than not informal, often resorting to analogy and anecdote. What are the approximations that change our perceptions of mining and attribute a voice to its victims or mythologize its heroes? How were the injustices buried below used to parallel those above? If the mysterious language of alchemy was, in the early modern period, a way in which mineralogists shared their knowledge while keeping important trade secrets, how did this tradition of self-preservation and self-fashioning grow to incorporate less esoteric appeals for the valorization of miners? And how does the miner compare with other forms of economic exploitation? If mineral resources motivated colonial conquest, which was in turn fuelled by the human exploitation on the plantations, how does the representation of mining relate to slavery? Here are some potential lines of inquiry to which participants, from diverse backgrounds (historical, literary, political, sociological, anthropological, etc.) and who study any area of the globe may respond.

This one-day interdisciplinary conference seeks to uncover the rich depictions of mining and uncover its historical imaginings in the early modern to contemporary worlds, charting how mines evolved from bullionism and industrialisation to the mining ventures in the developing world. We welcome 200-word proposals in English or French for 20 minute papers. Please send your proposals no later than 30 December 2016 to Richard Spavin (spavin.richard@hotmail.com) and Matthew Kerry (mkerry@yorku.ca), along with a short biography, describing research interests and listing previous publications. Proposals may focus on one or more of the following:

  • Danger, fear and emotion in cultural representations of mining;
  • Property claims, royal privileges, legal rights, indigeneity;
  • Perceptions of the mine over technological change and innovation;
  • Mines within folklore, superstition and wider belief systems;
  • Deindustrialisation, decay and the recoding of mineral zones;
  • The mine as imagined in the long term, with regards to sustainability, depletion and the environment.