Actualité
Appels à contributions
Images re-vues n°13 :

Images re-vues n°13 : "Images/supports"

Publié le par Marc Escola (Source : Bénédicte Duvernay)

Appel à contribution : « Images re-vues n°13 : Images/supports »

http://imagesrevues.revues.org/

 

S’il est juste de parler de « tournant matériel » des sciences humaines – expression par laquelle on désigne désormais une attention renouvelée portée, au cours des dernières décennies, aux objets et à leur dimension matérielle – il s’agira d’en tirer, pour l’étude des images, les conséquences au plus « ras » en s’interrogeant, dans une perspective pluridisciplinaire, sur ce que la prise en compte de leurs supports peut nous apprendre, ou nous réapprendre d’elles. La prétendue « dématérialisation » des images, plutôt que de nous détourner de l’étude de leurs conditions matérielles d’existence, doit au contraire nous inciter à redoubler d’attention à cet endroit, car elle vient rappeler que les images se définissent avant tout par leur articulation à des objets, à des supports. C’est donc un rapport que nous proposons d’interroger. Si, avec Hans Belting, nous considérons l’image comme le « résultat d’une symbolisation personnelle ou collective » (Pour une anthropologie des images, 2004), et si, d’un autre côté, nous constatons la variation, dans le temps et dans l’espace, de ses substrats, de ses supports, cela signifie que nous devons réfléchir sur des points de rencontre, des points d’intersection, analyser à la fois le rôle des surfaces et des matières dans les processus de formation et de transformation des images, et le rôle des images dans l’histoire de leurs formes et de leurs formats. Plusieurs axes (non exclusifs) sont proposés à la réflexion :

  • Si, comme l’a bien souligné Meyer Schapiro dans son texte « Sur quelques problèmes de sémiotique de l’art visuel » (Style, artiste et société : Essais, 1982), un support matériel ne se donne pas d’emblée comme un « champ », encore moins comme un « fond », et qu’il a fallu un lent mouvement anthropologique pour que soient institués les médiums que nous connaissons aujourd’hui, cela implique que le rapport de l’homme aux supports de ses images puisse être historicisé et ressaisi dans une perspective anthropologique. Comment l’étude du choix, du traitement, du découpage des supports éclaire-t-elle l’interprétation des images pour une culture, une époque, une pratique donnée ?  
  • Néanmoins, un objet théorique aussi complexe que la peinture préhistorique, s’il témoigne du chemin parcouru entre la surface non qualifiée de la paroi de grotte et les supports conventionnels institués plus tard, suggère aussi que certaines surfaces aient fonctionné, depuis les premiers temps de l’histoire de l’homme, comme des surfaces de projection, à en juger par la congruence entre les aspérités de la paroi et les images qui y ont pris forme. Comment appréhender l’apparente transhistoricité de cette « attitude imageante » qui semble bien prendre racine dans l’observation des surfaces elles-mêmes ? Comment comprendre la suggestion figurale de certaines surfaces depuis la préhistoire ?
  • Le rapport visible/non-visible, variant – c’est là son intérêt – dans le temps et dans l’espace, est un autre axe de réflexion privilégié. Contrairement à ce qu’a longtemps laissé croire le mythe de la « Grèce blanche », les marbres antiques étaient entièrement recouverts de peinture. Dans quelles conditions les supports sont-ils masqués ou découverts ? Dans la culture artistique européenne, la peinture de Monet ou de Cézanne, la poésie de Mallarmé ont opéré une petite révolution en faisant apparaître, ici, une toile jusqu’alors occultée, là, un espace figural entre les mots. Peut-on penser ensemble ces événements de contemporanéité ? En outre, la spécificité de ces transgressions artistiques ne gagnerait-elle pas à être située par rapport à d’autres objets, d’autres espaces où se joue le dévoilement du support, du dessous ? Les arts graphiques par exemple, où, bien avant les constructivistes et le Bauhaus, le Plakatstil allemand donne à la « réserve » une place que jamais elle n’a eue auparavant ? Le musée lui-même, où l’accrochage à touche-touche du XIXe siècle laisse, comme l’a bien montré Brian O’Doherty (White Cube : L’espace de la galerie et son idéologie, 2008), progressivement la place au cube blanc et à l’exigence d’espacement des œuvres qui lui est associée ?

 

Les articles (95000 signes max., espaces compris) devront être envoyés avant le 15 juillet 2015 à benedicte.duvernay@ehess.fr et doinaelenacraciun@gmail.com, accompagnés d’un résumé en français et en anglais (10/15 lignes) et de 3 à 5 mots-clés en français et en anglais.

Les propositions d’articles seront étudiées à condition de comporter entre 10000 et 12000 signes (espaces compris) et d’être envoyées avant le 1er juin 2015 (NB : l’acceptation d’une proposition d’article ne dispense pas de la soumission définitive de l’article au comité scientifique). 

 

http://imagesrevues.revues.org/