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Images et usages

Images et usages

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Hayet ben charrada)

Université El Manar -Tunis
Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis
Département de Français
Colloque international :
les 6,7,8 mars 2008
Images et usages

Appel à communication
Des articulations multiples de l'image:
Notre époque est incontestablement marquée par l'image. Celle-ci occupe aujourd'hui une place prépondérante dans tous les domaines de la pensée et de l'action humaines. L'image, dit-on, est devenue l'outil de puissance et l'adjuvant stratégique en matière de transmission de l'information sous ses aspects les plus divers et à travers ses visées les plus multiples : médiatique, artistique, promotionnelle etc…Selon sa forme et son mode de fabrication, elle est un instrument redoutable de persuasion, d'argumentation, voire de manipulation.
Toutefois, le terme d'image est le lieu d'une certaine confusion. En effet, il est l'objet d'usages tellement différents qu'on a tendance à y mettre un peu tout sans discernement. A travers ses acceptions technique, esthétique, psychologique et/ou visuelle et selon ses perspectives d'usages multiples, il est difficile de savoir exactement à quoi on se réfère. Ceci est d'autant plus vrai qu'à l'intérieur de chacune des acceptions, il y a des polémiques et des débats terminologiques encore non résolus.
C'est pourquoi, tout en reconnaissant son extrême variété articulatoire et sémantique, nous choisissons de limiter notre réflexion à l'image dans ses deux valences littéraire et médiatique. Malgré leur différence physique, les deux éléments interfèrent au plan fonctionnel.
Image verbale, image visuelle:
On sait qu'en littérature, la critique hésite sur le mot image. Tantôt terme générique pour tout rapport d'analogie, tantôt synonyme de métaphore, il adopte paradoxalement un sens visuel concret ou celui de relais d'une idée abstraite. En même temps, selon les lectures, l'image est située une fois au plan de la phrase, du paragraphe, une autre fois au niveau de l'ensemble d'une oeuvre littéraire présentée comme lieu de rotation métaphorique. Par ailleurs, l'image s'accorde parfois des attributs propres à l'auteur ou au contexte de sa naissance et cela donne lieu à une approche « imagiste » et à des taxinomies de type : image(s) de la révolution, de la lutte ouvrière, de la guerre ou de la femme dans telle oeuvre etc.... Ce qui conduit Henri Meschonnic à parler d' « abus d'usage ». Abus, selon lui, qui « concentre et symbolise l'incapacité de la stylistique, ou de la critique à fonder sa scientificité ».
En défiant l'ambiguïté et le flou qui pèsent sur l'image verbale, nous proposons de partir de sa valeur dénotative la plus lâche et en même temps la plus notionnelle de représentation du monde par le médium du langage. La représentation correspond, en effet, à une activité humaine dont la finalité est de concevoir des objets plus ou moins isomorphes par rapport à d'autres qu'ils sont censés évoquer. Cette évocation n'est pas arbitraire et vise selon les cas de figure à pallier l'absence d'un objet et donc à réparer un manque et/ou à corriger ce qui existe en lui conférant une présence nouvelle et une signification différente. Elle est ainsi à différencier de la reproduction qui est une duplication atone de l'existant. Notre but est de redécouvrir dans l'image d'abord un événement de type cognitif, produit terminal d'une prise de connaissance des choses par un individu. Ensuite un processus de transformation et de codage, soit de symbolisation de ce qui est perçu ou perceptible dans l'environnement existentiel. Nous envisageons également d'interroger le rapport possible entre deux types de représentation du monde : verbale et visuelle. En empruntant un médium différent (le langage pour l'une, le dessin ou l'objectif de la caméra pour l'autre), les deux images n'ont-elles pas un objectif commun : proposer une vision spécifique des choses en vue de changer l'univers de croyance du récepteur ? L'impact des deux images ne dépend-il pas de leur mode de fabrication ?
Notre problématique
En partant des données évoquées ci haut, on se propose de montrer que loin d'être la reproduction d'un modèle, l'image est la représentation d'une autre entité par le biais d'un médium différent à chaque fois ; qu'elle vient en fonction du projet global de vision (d'entendement) dans lequel elle s'inscrit.
L'image est donc ceci ou cela et vient de telle façon ou de telle autre en fonction de ses enjeux ou engagement. L'engagement ou projet d'action (réel ou virtuel) situé en amont de l'image se vérifie dans le choix de ses modes articulatoires et principalement à travers ses stratégies de réalisation. Cela se révèle vrai autant en matière d'imagerie informative que sur le terrain esthétique (dans des actualisations de type littéraire, cinématographique ou plastique etc).
L'approche de l'image en tant qu'outil de représentation a l'avantage de dégager cette dernière de deux écueils ou préjugés abusifs. Dans le cadre littéraire, elle la dégage utilement des grilles d'appréhension restrictives (rhétoriques et thématiques) d'inspiration classique qui n'en rendent compte que de façon partielle. Dans le processus médiatique, elle la délivre avec bonheur du rôle exclusif d'illustration qui lui est abusivement collé par l'appréciation commune.
Il s'agit alors de réfléchir sur les modalités de cette fabrication en rapport avec les types d'engagements ou finalités de l'image. Il s'agit aussi de repenser l'image souvent assimilée à un simple objet de contemplation et d'essayer d'y trouver un acte, le corollaire d'un projet de conscience. Ce qui permettrait de répondre à la question de savoir si l'image est une pensée ou l'illustration de la pensée et donc son élément d'accompagnement si c'est un instrument de vision ou de visibilité, si elle se rapproche davantage du dessin ou du langage. Il s'agit enfin d'y voir peut-être un espace au sens que Paul Klee confère au terme, c'est-à-dire en même temps « une notion temporelle». Un objet d'allure fixe mais qui intègre dès qu'il est perçu notre propre durée.
Axes de réflexion
En nous plaçant dans une perspective pluridisciplinaire, on pourrait envisager des axes de réflexion médiatique, ethno-sociologique, psycho-cognitif et plus largement esthétique :

1- L'image comme instrument stratégique dans la dynamique de diffusion médiatique et donc en tant que vecteur cognitif à valeur perlocutoire.
2- L'image dans son rapport avec la ou les graphies, et peut-être plus précisément dans sa relation conflictuelle ou éventuellement complémentaire avec l'écriture.
3- L'image visuelle (documentaire et cinématographique) comme outil témoignant de la réalité ou de l'identité mais aussi comme outil de correction du monde; ce qui implique la potentialité critique de l'objet iconographique (narration filmique…)
4- L'image littéraire comme corollaire de notre imagerie mentale et donc comme système symbolique au second degré reflétant notre représentation imaginaire.



Comité d'organisation : Othman Ben Taleb, Hayet Ben Charrada, Saïda Hamzaoui
Zouhour Ben Aziza, Mohamed Ali Mouelhi, Fatma Zaier,

Les collègues intéressés par le colloque et désireux d'y participer peuvent envoyer leur projet de communication à l'adresse e-mail collimagestn@yahoo.fr dans un délai n'excédant pas le 15 septembre 2007.