Colloque sur Illusions perdues
En revenant à Balzac, après une (trop ?) longue absence, le programme dAgrégation 2004 invite le peuple des dix-neuviémistes, quils soient étudiants, enseignants, critiques ou simplement curieux, à lopération quon appelle, en style rugbystique, une révision des fondamentaux. Retour salutaire à luvre qui demeure la source, lorigine, le modèle jamais dépassé du roman moderne français. Balzac le fondateur, Balzac le patron, sans lequel ni Flaubert, ni Baudelaire (le Baudelaire du Spleen de Paris), ni Zola, ni Proust, ni tant dautres épigones avoués ou clandestins dun créateur génial et multiforme, ne seraient vraiment ce quils sont.
Il sagit ici dIllusions perdues. Cest-à-dire de ce lieu central, cur, sommet, carrefour, comme lon voudra, de limmense système balzacien (toutes les images se rejoignent et se valent). Aucun autre roman, dans La Comédie humaine, ne peut prétendre à une telle richesse, à une telle complexité. Pas même Splendeurs et misères des courtisanes, malgré ses rhizomes labyrinthiques et ses sulfureuses séductions de roman noir. Le lecteur pourra préférer telle scène de la vie intime, telle étude de femme, telle exploration des envers sociaux, telle plongée dans lenfer des passions ou des perversions, telle méditation fantastique sur la peinture, la musique, la métaphysique : le corpus balzacien est inépuisable.
Mais on ne trouvera jamais, mieux que dans Illusions perdues, cet effort encyclopédique, cette tension vers le roman total, dans lequel viennent se rejoindre lexposé dun savoir archéologique et technique, le tableau dune société complexe saisie dans son détail comme dans son mouvement général, létude psychologique et morale de figures individuelles et lhistoire collective dune génération (ce que Balzac, dans la préface des Souffrances de linventeur, appelle « lhistoire tragique de la jeunesse depuis trente ans »), une réflexion sur le sens général dune époque placée sous le signe de la perte et de la déception, une conception enfin de la littérature, en même temps quune méthode de création romanesque.
Salle Louis Liard
17, rue de la Sorbonne
75005-Paris
Lundi 1er et mardi 2 décembre 2003
Lundi 1er décembre 2003
9 h Passages
Présidence : Jacques Noiray
- Andrea Del Lungo, Au seuil de luvre capitale. Poétique et idéologie des préfaces dIllusions perdues
- André Vanoncini, La symbolique alchimique dans Illusions perdues
- Mariolina Bertini, À propos de bottes. Le rôle dun détail dans Illusions perdues
Présidence : Arlette Michel
- Alexandre Péraud, À quoi ça rime ? ou les ambivalences sémiotiques du compte de retour
- Philippe Berthier, Tableau parisien
14 h 30 Romantisme et journalisme
Présidence : Nicole Mozet
- Pierre Laforgue, Le débat romantique dans Illusions perdues, ou dun romantisme lautre
- Antony Glinoer, Balzac et la camaraderie romantique
- Patrick Berthier, Le thème du « grand homme de province à Paris » dans la presse parisienne au lendemain de 1830
Présidence : Patrick Berthier
- Marie-Ève Thérenty, Quand le roman [se] fait article. Palimpseste du journal dans Illusions perdues
- José-Luis Diaz, Avoir de lesprit
Mardi 2 décembre 2003
9 h Métaphysiques
Présidence : Claude Duchet
- Francesco Fiorentino, Enseignement et révélation. Stendhal et Balzac
- Fabrice Wilhelm, Lucien de Rubempré, un objet denvie
- Jacques-David Ebguy, L'Illusion retrouvée : Illusions perdues, un roman métaphysique
Présidence : Stéphane Vachon
- Arlette Michel, Illusions perdues ou une saison en enfer
- Anne-Marie Baron, Lintertexte biblique dIllusions perdues
14 h 30 Poétiques
Présidence : Roland Chollet
- Mireille Labouret, La fabrique du roman : « parallèles » et « superposition »
- Boris Lyon-Caen, La description dans Illusions perdues
- Éric Bordas, Balzac, de la langue au style (balzacismes et balzaquèmes)
Présidence : José-Luis Diaz
- Isabelle Tournier, Traces, tracés et trajets des noms propres : la stratégie onomastique dIllusions perdues
- Aude Déruelle, Glose et prose romanesque