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IIe Symposium International de Sociocritique

IIe Symposium International de Sociocritique

Publié le par Claudia Bouliane

IIe Symposium International de Sociocritique

Organisé par le Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes (CRIST),
 en collaboration avec le Centre d’étude et de recherche sur les littératures et les oralités (CERLOM/INALCO), 
le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire (FIGURA/UQAM) 
et le Centre de Recherche sur les médiations (CREM/Université de Lorraine)

 

Montréal, 10-11-12 décembre 2015

 

Le chantier des réalismes, et autres travaux en cours

 

            Tenu à Paris en décembre 2011, le Ier Symposium international de sociocritique permit de faire le point sur la démarche épistémologique, sur les hypothèses heuristiques, sur les principes herméneutiques et sur les voies d’avenir de la sociocritique[1]. Le IIeSymposium se tiendra en décembre 2015 à Montréal. Il ira davantage et directement vers les pratiques de lecture et comprendra quatre axes, le premier d’entre eux pouvant déterminer des interventions s’indexant sur les trois autres.

 

1.     Le chantier des réalismes

 

           En art et en littérature, la question du réalisme fait partie de celles que la critique littéraire déclare régulièrement caduques alors qu’elle ne cesse de faire retour et de se présenter sous des formes nouvelles au fil de l’histoire des textes. DepuisMimésis. La représentation de la réalité dans la littérature occidentale d’Erich Auerbach, classique des études de lettres s’il en est, et les essais de Philippe Hamon, Ian Watt, Leo Bersani, Michael Riffaterre et Roland Barthes rassemblés dans le collectif Littérature et réalité, les travaux qui ont été publiés sur le réalisme — que ce soit en narratologie, en sémiotique, en histoire littéraire, en histoire des représentations, en pragmatique, en sociologie de la littérature ou en psychanalyse — ont été dominés par quatre tendances.

           La première fait du réalisme du XIXe siècle la forme la plus achevée d’une esthétique définie par l’ambition de produire une représentation fidèle du réel, à telles enseignes que tout autre essai semblable est évalué en rapport avec ce parangon. Cette première tendance est particulièrement lourde dans les études portant sur la littérature française et dans l’espace des littératures francophones tant le trio Balzac-Flaubert-Zola y est élevé en référence absolue. La deuxième tendance pense le réalisme en refermant la littérature sur elle-même, sans préoccupation particulière de ce qui se passe dans l’espace symbolique global, comme si les textes n’étaient justiciables que de positionnement corporatiste ou que d’une endogamie stylistique ou sémiotique. La troisième instrumentalise le réalisme au profit d’un récit historique fort contestable et simplificateur qui soit l’associe à «la modernité» (ce «mot-perroquet», disait Valéry) soit tient cette dernière pour bipolaire, réalisme et formalisme se succédant en alternance, du romantisme allemand jusqu’au néoréalisme contemporain. Enfin, la quatrième limite le réalisme au cadre national, ignorant tout autant la perméabilité des frontières en matière de création artistique que l’existence d’une large variété de tentatives et de tentations dont des appellations telles «réalisme magique», «réalisme merveilleux», «réalisme symboliste» sont par exemple des indices.

            Tout en relisant de façon critique MimésisLittérature et réalité et les travaux dont il vient d’être question, on remettra le réalisme sur le chantier à partir des hypothèses nodales d’une sociocritique qui, parce qu’elle pense le texte littéraire dans ses interactions avec la semiosis sociale conjoncturelle, sait qu’il n’y a pas un réalisme, mais des réalismes, variant selon les âges et les lieux. Par suite, le Symposium accueillera des communications mettant en valeur l’historicité, la socialité, les mutations et la variabilité des réalismes. On privilégiera des lectures de textes choisis dans la longue durée de la littérature (d’Homère aux écrivains de la «Génération inculte») et de toutes les origines géoculturelles que l’on voudra. Il sera important que des communications abordent dans cet esprit des corpus hétérogènes sur les plans historique ou géographique de manière à dégager la migration incessante des démarches créatrices au cours de l’histoire.

 

2.     Le traduire

 

            La pensée de la traduction, «le traduire» (Patrick Maurus) pour le dire de manière à insister sur la nécessité de quitter les illusions issues du lexique conjugal (fidèle, belle infidèle, trahison), accompagne la sociocritique depuis ses débuts. Comment le travail du traduire procède-t-il pour faire glisser un texte d’une semiosis sociale à une autre ? Cette question, le sociocriticien traducteur se la pose en permanence et il n’a que des réponses complexes à lui donner au gré de la singularité des textes. En cette matière, la sociocritique doit s’intéresser à la place prépondérante prise par la poétique d’Henri Meschonnic, avec laquelle Claude Duchet a entretenu un dialogue permanent et productif. Cependant, autant Meschonnic représente une véritable coupure épistémologique (« Vous n'avez jamais lu Shakespeare, vous avez lu des traductions de Shakespeare »), autant il est nécessaire que la sociocritique avance sur ce terrain avec ses propres outils et sa propre question, celle de l'objet à traduire en tenant compte de la socialité et de la matérialité langagière du texte. Si les communications pourront porter sur n’importe quel problème dérivant de l’acte de traduire, on sera tout spécialement intéressé par des interventions touchant à la traduction de textes dits réalistes.

 

3.     Des genres

 

            La sociocritique a longtemps privilégié le roman. Il ne s’agit pas de le laisser tomber, mais bien de couvrir autant que possible tout l’éventail générique. S’il existe des travaux en sociocritique de la poésie ou du théâtre, il reste en ce domaine beaucoup de travail à faire. On sera attentif au fait que la question réaliste peut se poser dans tous les genres, du poème en prose à l’impromptu, de la prose d’idée au haï-ku, du discours politique au roman pastoral.

 

4.     Ethnocritique et sociocritique : suites

 

       Le Symposium de Paris avait donné lieu à une première rencontre entre ethnocriticiens et sociocriticiens, justifiée par un héritage commun, celui de Bakhtine, et par une attention première au texte considéré dans ses altérités constitutives. Deux autres rencontres fructueuses ont eu lieu depuis lors (à Montréal en 2012, à Metz en 2014) et cette synergie doit être maintenue et développée. Le Symposium sera donc ouvert aux ethnocriticiens, auxquels on demandera comment leur approche culturaliste et leur prise en compte de l’oralité les conduisent à repenser la question réaliste d’une manière innovante.

 

 

5.     Varia et works in progress

 

            Enfin, le Symposium accueillera des travaux en cours et des communications libres. Les doctorants en sociocritique et en ethnocritique sont invités à soumettre des propositions de communication.

 

 

        Les propositions de communication doivent être adressées à Claudia Bouliane(claudia.bouliane@mail.mcgill.ca) et Pierre Popovic (pierre.popovic@sympatico.ca) pour le 31 décembre 2014.

 

Comité d’organisation : Claudia Bouliane (CRIST, Université McGill), Jean-François Chassay (CRIST, FIGURA, Université du Québec à Montréal), Elaine Després (CRIST, FIGURA, Université de Montréal) Djemaa Maazouzi (CRIST, Université Lille-3), Patrick Maurus (CERLOM/Inalco), Olivier Parenteau (CRIST, FIGURA, Cégep de Saint-Laurent), Pierre Popovic (CRIST, FIGURA, Université de Montréal), Jean-Marie Privat (CREM, Université de Metz), Geneviève Sicotte (CRIST, FIGURA, Université Concordia), Bernabé Wesley (CRIST, Université Paul-Valéry/Montpellier – Université de Montréal).