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Huitième rencontre annuelle de l'Association canadienne d'études francophones du XIXe siècle (ACÉF XIX)

Huitième rencontre annuelle de l'Association canadienne d'études francophones du XIXe siècle (ACÉF XIX)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Jeremy Worth)

Huitième rencontre annuelle de l'Association canadienne d'études francophones du XIXe siècle (ACÉF XIX)

31 mai-2 juin 2011, Congrès des sciences humaines et sociales, Université du Nouveau Brunswick (Fredericton)

Prière d'envoyer vos propositions de communication pour l'un des ateliers suivants à Jeremy WORTH (jworth@uwindsor.ca) avant le 31 janvier 2011.

ATELIERS:

1. Instants de discontinuité en régimeréaliste et naturaliste

Considérer les écrits réalistes et naturalistesthéoriques comme des textes presque tout juste bons à mesurer l'art dudépassement et de la dérive dont font preuve les grands auteurs est désormaischose commune. Zola est allé au delà du Roman expérimental  etBalzac n'est pas que le « secrétaire » de la Société. La soi-disant transparence du discours réaliste afait son temps et nous l'abordons toujours maintenant avec quelque soupçon.  

Moins questionnée semble cependant la règle de continuiténécessaire de l'oeuvre réaliste, et naturaliste, vue comme totale. Dans sonfameux «Avant propos» à La comédie humaine, c'est en constatant le «défaut de liaison» qui caractériserait l'oeuvre de son modèle, Walter Scott, queBalzac dit avoir vu «à la fois le système favorable à l'exécution de [son]ouvrage et la possibilité de l'exécuter ». Autrement dit, pas de Comédiehumaine  sans liaison, ce qui est évidemment manifeste, entre autresdans le fameux retour des personnages balzaciens. Zola, de son côté, se paredes vertus liantes de l'hérédité de manière à ce que son arbre généalogiquedevienne garant d'une ininterruption incontestable des épisodes successifs desRougon-Macquart. D'ailleurs, l'enchaînement se poursuit au delà de la premièresérie zolienne, puisque le héros des Trois villes, est aussi lepère  des personnages principaux de la troisième série, Les quatreévangiles. De surcroît et comme pour enfoncer le clou de cette chaîneininterrompue, ce père se prénomme Pierre, réminiscence ostensible du père deSaccard, Eugène et Pascal Rougon.

Dans ce fil continu que se voudrait le texte réaliste,y a-t-il tout de même des moments de suspension des enchaînements, desfiliations, des dépendances ? De quel ordre est ce sursis ? Syntaxique,diégétique, narratif ou autre ? Comment lire les instants de rupture des liens?  Comment lire les multiples ellipses de ces textes ?

Un exemple célèbre est le bond de 16 ans, de 1851 à1867, que le narrateur flaubertien nous fait faire à la fin de L'éducationsentimentale. Mais il y en a bien d'autres. Est-ce par une pudeursurprenante que Zola, dans La curée, décide de sauter les premiers ébatsamoureux de Renée et de Maxime au restaurant du café Riche ? Pourquoi donc secontente-t-il d'un « tout fut dit » qui nous fait enjamber le moment de latransgression et aller directement à celui de l'embarras qu'elle causeinévitablement ? Ne peut-on pas aussi lire les comparaisons, pour le moinssurprenantes, de Balzac, comme des moments de suspension du récit principal etd'intrusion de multiples récits seconds ? La comparaison de la presselittéralement gémissante du père Séchard  à «un oiseau qui serait venuheurter à une vitre et se serait enfui » est-elle plus à même de décrire lapresse ou de suspendre le récit en y inscrivant la possibilité d'un ailleursqui en menace la sereine continuité ?

Cet atelier se propose donc d'explorer ladiscontinuité en régime réaliste et naturaliste. Il s'agira non seulement derepérer les lieux de la discontinuité dans l'écriture mais également de ladécrire dans son rapport à la continuité globale de l'oeuvre, d'en dégager lessignifications et les conséquences pour l'oeuvre.

Responsables de l'atelier : Soundouss El-Kettani et Jeremy Worth


2.La passion du théâtre : pratiques, échanges, expériences

Lethéâtre joue un rôle prépondérant dans la culture du XIXe siècle. Lieu d'échanges, decommunication, de débats et de batailles littéraires, le théâtre est uneactivité indissociable de la vie artistique de la période. Divertissement dontla popularité répond à une demande sans cesse croissante de la part du publicqui cultive le goût du spectacle et pour qui il est un élément essentiel de lavie sociale, le théâtre connaît au cours du siècle un développement sansprécédent. Cette effervescence théâtrale se manifeste entre autres sous lescouverts d'une production riche et variée. Du vaudeville au mélodrame, enpassant par le répertoire classique de la tragédie et de la comédie ainsi quepar le drame romantique, le XIXe siècle connaît un véritable foisonnement de textes pour lascène. Or, les adaptations théâtrales, pièces tirées de romans ou de nouvelles,figurent, comme jamais auparavant, en tant qu'un élément essentiel de cetteproduction théâtrale abondante. D'Alexandre Dumas à Jules Verne en passant parGeorge Sand et Guy de Maupassant, un grand nombre de romanciers adaptent oufont adapter pour la scène leurs oeuvres de fiction narrative. Inversement,l'intérêt pour le théâtre est tel qu'il informe et influence de même lapratique romanesque. Nombreux sont les romans publiés au cours de cette périodequi ont pour thème le théâtre ou qui en imitent l'esthétique. Que l'on pense àla division en « scènes » de la Comédie humaine de Balzac, desromans dédiés à l'étude du milieu théâtral tels que Nana de Zola ou LaFaustin de Goncourt.

Le but de cet atelier serad'explorer les liens entre le théâtre et le roman au XIXe siècle en posant une attentionparticulière aux différentes pratiques qui les conditionnent et lesdéfinissent.

Quelques pistes de réflexionpossibles :

-la pratique de l'adaptation (d'ungenre à un autre)

-les écrivains adaptateurs

-la représentation du théâtre dansle roman (références au théâtre, personnages, procédés, etc.)

-l'expérience de la représentationthéâtrale (réception, public, habitudes, vedettariat, etc.)

-la critique théâtrale

-lesprofessionnels du monde du théâtre (acteurs, actrices, metteurs en scène,décorateurs, etc.)

-les« femmes-auteurs » de théâtre

Responsable de l'atelier  : Geneviève de Viveiros


3. Espace et genre

Cet atelier invite à une réflexion sur les liens entreespace et genre (gender) au XIXe siècle, plus particulièrement dansle roman réaliste/naturaliste et le roman décadent  fin-de-siècle.

Lorsque Zola met en place les  fondementsthéoriques du naturalisme - mouvement dans lequel se reconnaîtront ou contrelequel se démarqueront plusieurs générations d'écrivains –, il insiste sur lesprincipes qui motivent les actes et comportements humains (hérédité,physiologie) en précisant qu'ils sont eux-mêmes subrogés à des influencesextérieures, notamment celle du milieu (éducation, lieu d'habitation, cadreprofessionnel). Or, l'influence du  milieu  relève, en bonne part, del'espace dans lequel évolue le personnage et celui dans lequel il s'est constitué.Zola, pour justifier l'importance des descriptions, dira que détailler lesmilieux et étudier « leur influence » sont « des nécessitésscientifiques du roman contemporain » (Les Romanciers naturalistes,Oeuvres complètes, édition établie sous la direction d'Henri Mitterand,Paris, Cercle du Livre précieux, 1966-1969, t. 11, p. 75.) C'est assez dire que l'espace est un motif particulièrement chargé de valeurs, deprésupposés, d'indications et, donc, de sens dans le roman réaliste/naturalisteet à sa suite dans le roman décadent fin-de-siècle.

Dans ces romans, la mise en place de l'espace tient une place prépondérante,  de là l'importance de la description,tantôt envisagée sous un mode esthétique, « au service dupersonnage », tantôt sous un mode anthropologique, « l'homme estsoumis à la dépendance des lieux et des milieux » (Philippe Hamon, Dudescriptif , Hachette, 1981, p.32). Aussi, la retranscription du réel,aussi minutieuse soit-elle, ne vaut pas tant parce qu'elle est reproductionexacte (d'un espace référentiel pour ce qui nous intéresse) mais parce qu'elles'offre comme vraisemblable (par rapport au monde réel) et parce qu'ellevéhicule l'ensemble des idéologies qui régissent les comportements humains.Ainsi, lorsque Zola décrit la ville de Plassans,  nous savons qu'il prendAix-en-Provence comme modèle mais qu'il ne cherche pas à reproduire àl'identique une ville, qu'il connaissait pourtant bien, mais plutôt à restituerun cadre socio-géographique provincial par opposition à celui de la capitale.On sait encore (par les dossiers préparatoires) qu'il n'utilise qu'une partiede ses observations pour élaborer la trame spatiale de ses romans. Il y a doncintervention de l'auteur, si ce n'est à travers un choix de composition, à toutle moins  à travers sa  perception de l'espace réel et, surtout, unevaleur qui est associée à cette représentation, la « significationpsychologique » selon Bachelard (dans Poétique de l'espace,Paris : PUF, 1964).

Choisir et déterminer un espace romanesque, commesimple cadre ou élément narratif structurant, c'est, dans une certaine mesure,l'investir  de présupposés culturels, de valeurs idéologiques ou aucontraire tenter de lui attribuer de nouvelles fonctions et de le révéler à de nouveaux fantasmes. Aussi pourra-t-on se demander si, au-delà des normesgrammaticales,  il est possible d'attribuer un genre à l'espace dans lareprésentation littéraire. Autrement dit,  l'espace dans l'oeuvre defiction est-il sexué ? Le genre (gender) du créateur conditionne-t-il lavaleur des lieux dans l'espace textuel ?

Pour pistes, entre autres exemples, on songera à lamanière dont la présence d'un personnage féminin modifie la perception del'espace ; ainsi au chapitre VI de L'Assommoir la forge, lieu detravail et de force physique, s'il en est, se transforme en espace sensuel danslequel deux prétendants rivalisent d'habileté pour et sous les yeux deGervaise. On évaluera de même les différences de traitement d'un mêmeespace  chez Zola et Rachilde ; alors que l'atelier d'artiste est unespace de création toute virile (ou d'impuissance) dans L'Oeuvre, ilmatérialise une nouvelle donne dans Monsieur Rachilde, la féminisationde Jacques Silvert et la domination de Mlle de Vénérande.  On pourraencore envisager les genres successifs attribués à un espace, à l'instar desvaleurs prises par l'exotisme dans l'oeuvre de Paul Bonnetain, tout à la foislieu de l'altérité féminine désirée (le fantasme du tourisme sexuel dans Amoursnomades), celui de l'altérité masculine redoutée (avec la conquête colonialedans Au Tonkin) ou de la décadence virile/ de la féminisation (avec ladéchéance physique et morale dans L'Opium). Enfin, on interrogera lerejet ou l'absence de personnages féminins dans certains romans, s'agit-il d'untrait sociologique de l'activité littéraire dominée par des hommes, de larésurgence du mythe du péché originel, d'une esthétique de la confusion desgenres, ou bien encore de la levée d'un tabou concernant des pratiquessexuelles dites « déviantes » ?

Il s'agira donc de savoir si l'espace peut-êtreenvisagé comme un élément fictionnel genré, et si l'attribution d'ungenre se fait en fonction des personnages qui l'habitent, des activités qu'ilabrite, ou par la mise en place de toutes autres modalités énonciatives.

Responsable de l'atelier : Frédéric da Silva


4. Penser le XIXe siècle francophone

En mars 2006, l'écrivain congolaisAlain Mabanckou appelait à un décentrement complet du champ littéraire delangue française, désormais concevable comme « littérature-monde ». Ainsilisait-on dans les pages du Monde : « La littérature francophone est ungrand ensemble dont les tentacules enlacent plusieurs continents. Lalittérature française est une littérature nationale. C'est à elle d'entrer dansce grand ensemble francophone. » Et si l'on considérait les littératures en françaisdu XIXe siècleà la lumière de cette proposition ?

Sans méconnaître en rien l'essor etl'indéniable ascendant des lettres françaises à l'époque où Paris s'imposecomme capitale d'une « république mondiale » littéraire (P. Casanova),l'atelier proposé cherchera à complexifier ce XIXesiècle qui voit aussi l'émergence delittératures « indigènes » dans les diverses régions du monde que le géographeOnésime Reclus nommera en 1886 « francophonie »: au Canada francophone, enHaïti, en Louisiane, à l'Île Maurice et aux Antilles françaises, entre autres.Or, depuis les travaux d'Auguste Viatte, des recherches novatrices ont étémenées sur des littératures particulières. L'objectif de cet atelier estd'inciter les chercheurs à penser la francophonie littéraire du XIXe siècle comme problématiqued'ensemble, au-delà du modèle réducteur du centre et de la périphérie. Lescommunications pourront développer une réflexion théorique ou des analysesd'oeuvres autour des questions suivantes :

- Quels modèles théoriques etapproches de lecture permettent d'appréhender l'originalité propre auxlittératures en français d'en dehors de la France métropolitaine ?

- Dans quelle mesure lesthéorisations actuelles de la francophonie et du post/colonial peuvent-ellesrendre compte du XIXe sièclefrancophone ?

- Quels univers symboliques sontdéployés dans les oeuvres de la francophonie du XIXe siècle ? (Voir M. Beniamino, Lafrancophonie littéraire)

- Comment se sont constituées lesrelations littéraires entre la France et d'autres régions francophones, ainsique latéralement, c'est-à-dire entre différents champs en émergence ?

- Comment ces littératuress'imaginaient-elles ? À quel degré d'autonomie ou d'intégration les écrivains «francophones » du XIXe siècleaspiraient-ils ?

- Faudrait-il resituer ces corpus ausein d'un « grand ensemble francophone » qui comprendrait aussi la littératurefrançaise, ou a-t-on raison d'insister sur leur spécificité ?

Responsable de l'atelier : Michael Bruce


5. Le XIXe siècle vu par lesthéoriciens du XXe siècle: Benjamin, Bakhtine, Althusser, Barthes, Foucault,Deleuze, Rancière…

Les vingt dernières années ont étémarquées par un très fort recul du structuralisme et du marxisme dans lesétudes littéraires: plus personne ne se dit structuraliste ou marxiste. Unautre rapport au texte théorique semble avoir émergé à la lumière de la penséede Benjamin, Bakhtine, Althusser, Barthes, Foucault, Deleuze, Bourdieu,Rancière… . Ces théoriciens ont fait une entrée massive dans le champ desétudes littéraires au début des années 1990. Aujourd'hui, s'il est vrai que cesthéoriciens importants du XXe siècle à l'image de Michel Foucault sont toujoursune référence clef dans les disciplines comme l'anthropologie, la sociologie,l'histoire et la philosophie, le statut actuel de ces théoriciens auprès deschercheurs littéraires et en histoire de l'art travaillant sur le XIXe siècleest moins clair. Notre objectif, en proposant cet atelier, est d'inviter lesmembres de l'ACEF à réfléchir et à faire le point sur les questions suivantes:

- Les théories de Foucault,Bakhtine, etc., sont-elles toujours en mesure de nous aider à renouveler nosoutils et méthodologies de recherche ? Les publications récentes d'inédits (lescours de Barthes et de Foucault au Collège de France, notamment) ont-ellesmodifiées ou enrichies les approches méthodologiques ?

- Qu'est-ce que les analyses de typeinstitutionnel (Foucault), de type chronotopique (Bakhtine), etc., nousont-elles permis de faire ?

- Les analyses de ces théoricienssur le XIXe siecle ont-elles été battues en brèche ? Quel véritable bilanpeut-on en faire ? Par exemple, qu'en est-il du Flaubert de Foucault et deBakhtine, du Baudelaire de Benjamin, du Michelet de Barthes, du Poe de Deleuze,du prolétaire chez Rancière?

- Comment le XIXe siècle a-t-il été,au fond, le lieu pour la pensée du XXe siècle et son affirmation ? Manet a étéinvesti, par exemple, tour a tour, par Bataille, Foucault et Bourdieu,certaines oeuvres du XIXe devenant ainsi le passage obligé pour l affirmationd'une pensée originale ?

- Quels usages inédits peut-êtreplus distancés peut-on avoir de ces oeuvres théoriques dans nos chantiersactuels ou futurs ?

Responsable de l'atelier : Clive Thomson


6. Le corps ou la marque du crime

Le criminel, le bagnard, le marginalsont à la fois des figure repoussantes, choquantes et fascinantes. Desbas-fonds parisiens de Sue au moyen-âge de Notre-Dame de Paris, unevraie galerie de personnages « hors la loi » s'offrent aux lecteurs. Parfois,ce sont les criminels eux-mêmes qui prennent la plume, comme c'est le cas avecLacenaire ou Vidocq, et tiennent en haleine le public.

Le débat sur les prisons et lespeines est constant et soutenu. Les travaux de Foucault sur la formation de laprison « moderne » nous rappellent l'empreinte laissée par ces débats. Mais, cequi retiendra notre attention dans cet atelier, c'est la place du corps commemarque du crime; la marque de la monstruosité qui plus est. La difformitémorale du criminel s'adosserait à la difformité physique du criminel. La preuvede la culpabilité peut se lire chez l'accusé.

Les hypothèses que noussouhaiterions questionner dans cet atelier peuvent s'articuler, entre autres,sur les préoccupations suivantes :

-le criminel comme corps monstrueux dans la société

-une main couverte de sang et tâchée d'encre : les criminels tiennent la plume

-les sciences criminelles comme sources d'inspiration

Responsables de l'atelier : Rebecca Josephy et Fabrice Szabo

7. Communications libres

  • Responsable :
    Jeremy Worth
  • Adresse :
    Congrès des sciences humaines et sociales, Université du Nouveau Brunswick (Fredericton, Canada)