Questions de société
Homophobie:

Homophobie: "Le Ministère de l'Éducation nationale doit remplir sa mission sans céder aux lobbys ultra-conservateurs" + revue de presse (màj 08/02/10)

Publié le par Bérenger Boulay

Dépêche AFP du mercredi 3 février 2010 :p.gif p.gif p.gifp.gifp.gif

M. Chatel hostile à la projection en primaire d'un film sur l'homosexualité

Le ministre de l'Education, Luc Chatel, a estimé mercredi sur RMC qu'uncourt-métrage d'animation sur l'homosexualité destiné par ses auteurs àdevenir un outil pédagogique n'avait "pas vocation à être projeté enprimaire".

"Je dis oui à la lutte contrel'homophobie, oui à la lutte contre les discriminations, oui à lasensibilisation de nos lycéens et de nos collégiens, mais je pense quetraiter ces sujets en primaire, ça me semble prématuré (...) ce filmn'a pas vocation a être projeté en primaire", a déclaré le ministre.

Cefilm est "une initiative privée, ce n'est pas une initiative duministère de l'Education nationale, elle n'est pas financée par leministère", a précisé M. Chatel.

"Le Baiserde la Lune", un dessin animé en cours de fabrication, raconte unehistoire d'amour entre un poisson-chat et un poisson-lune: selon cesauteurs, il était destiné à devenir un outil pédagogique dans lesclasses de CM1 et CM2.

Une association quimilite contre l'homoparentalité au nom de la "défense de la famille",le Collectif pour l'enfant, avait dénoncé dans un communiqué "uneintrusion dans l'intimité de jeunes enfants".

Laprésidente du parti chrétien-démocrate Christine Boutin avait demandéde son côté dans une lettre ouverte au ministre de l'Education"l'interdiction de la diffusion du film" dans les écoles, "au nom durespect de la neutralité de l'Education nationale".

Dépêche du 08 février: Le SNUipp demande à Chatel de ne pas interdire en primaire un film sur l'homosexualité

---------------------------------------------------------------------

Lire aussi deux articles de Rue 89:

Et sur le site de Têtu:

--------------------------------------------------------------------

À lire aussi: Le 14 janvier était lancée la promotion du site www.genrimages.org.Un travail dans les écoles sur les stéréotypes de genres qui n'estvisiblement pas du goût du FN. Via un communiqué inepte (en ligne surson site), le parti s'insurge contre le financement du projet par larégion  :« [Elle] tente par des biais aussi lâches d'atteindrel'esprit des enfants et des adolescents déjà suffisamment dépourvus derepères. » (source: rue 69)

-------------------------------------------------------------------

Le Ministère de l'Éducation nationale doit remplir sa mission sans céder aux lobbys ultra-conservateurs

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 25 JANVIER 2010

Uneproduction rennaise monte actuellement un film d'animation poétiquedestiné à aborder les relations amoureuses entre personnes du même sexeauprès des enfants de CM1 et CM2 .

Pourtant soutenu par de nombreux partenaires (notammentle Ministère de la Jeunesse et des Sports, le Conseil Régional deBretagne, les Conseils Généraux des Côtes d'Armor et du Finistère, laVille de Rennes, la Ligue de l'enseignement 35, SOS homophobie, leCentre GLBT de Rennes et le Centre National de la Cinématographieetc…), cet outil pédagogique doit faire face à une levée de boucliershomophobes visant à démolir ce projet de sensibilisation à la diversitéen direction des publics jeunes.

Le média en ligne tetu.com a fait savoir le 23 janvierdernier que le Ministère de l'Éducation nationale, par le biais del'inspection académique d'Ile et Villaine, cédant sous la pressiond'associations ultra-conservatrices, a souhaité retirer son logo de ceprojet pédagogique qui vise à « apporter une meilleure représentationdes relations amoureuses entre les personnes du même sexe ». LeMinistère de la Jeunesse et des Sports subit des pressions pour qu'ilen soit de même.

Pour les initiateurs du projet « Le Baiser de la Lune », il s'agit de « lutter contre l'homophobie survenant àl'adolescence », en expliquant aux élèves d'école primaire du cycle 3qu'il existe « différentes façons de s'aimer ».

Il n'en fallait pas plus pour que des associations oudes sites connus pour leurs positions idéologiques très conservatrices, dont l'objectif est « de sensibiliser l'opinion sur les droits del'enfant, prévenir des dangers de l'homoparentalité, et fournir lesarguments nécessaires à la défense de la famille » se lancent dans deuxpétitions intitulées pour l'une « « Halte aux incitations homosexuellesdans les écoles primaires ! » et pour l'autre « Halte à la propagandeen faveur de l'homosexualité au sein de l'école » adressées àdifférentes institutions partenaires du projet.

Pour ces opposants au projet pédagogique incriminé,« ce sont nos enfants qu'il s'agit de défendre, c'est leur intégritémentale qui est menacée par ce genre de projet, avec la complicitéactive de la puissance publique ! », estimant même qu'une telleinitiative risque de « pervertir » les élèves.

Il est surprenant, alors que l'homosexualité estdépénalisée depuis presque trente ans, que la majorité de nosconcitoyens ont enfin compris que l'orientation sexuelle ne fonde pas àelle seule une identité, que l'amour pour une personne de même sexe,s'il n'est pas majoritaire, n'en est pas pour autant anormal, il estsurprenant donc que de telles pétitions outrancières, caricaturales debêtise puissent encore inquiéter les pouvoirs publics et les faireréagir avec autant de frilosité. Ceci est d'autant plus étonnant queles circulaires adressées aux chefs d'établissements scolaires pour lesrentrées 2008 et 2009 leur ont précisé que « la communauté éducativedoit faire preuve de la plus grande vigilance et de la plus grandefermeté à l'égard de toutes les formes de racisme, d'antisémitisme,d'homophobie et de sexisme. Tout propos, tout comportement qui réduitl'autre à une appartenance religieuse ou ethnique, à une orientationsexuelle, à une apparence physique, appelle une réponse qui, selon lescas, relève des champs pédagogique, disciplinaire, pénal ou deplusieurs d'entre eux »1.

La question n'est pas de risquer de « pervertir » lesélèves, l'accusation est tellement stupide qu'elle ne mérite même pasd'être relevée, la question est de savoir quoi faire devant la haine etles préjugés homophobes qui conduisent de nombreux jeunes à se suicider, à tenter de le faire ou à adopter des comportements à risque poureux-mêmes tant ce rejet les conduit à un déni voire un dégoutd'eux-mêmes.

Nous, organisations signataires du présent communiqué,ne pouvons admettre que le Ministère de l'Éducation nationale, parcette frileuse reculade, refuse de remplir sa mission d'éducation à lasexualité et à la citoyenneté, cautionnant ainsi les lobbys ultra-conservateurs, chantres de l'ordre moral.

La lutte contre les discriminations, quelles qu'ellessoient, doit être soutenue par les pouvoirs publics et notamment parles instances publiques chargées de l'éducation et de la formation. Lerespect et la tolérance sont bien des valeurs républicaines qui onttoute leur place dans l'enseignement et à ce titre, les projets quivont en ce sens méritent d'être promus et diffusés.

Aussi, nous exigeons que les pouvoirs publics mettenttout en oeuvre pour faire reculer les préjugés et les discriminationsrelatifs à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre, y comprisen participant au financement de projets pédagogiques et éducatifsdestinés à cet objectif, qu'ils aient lieu aussi bien au lycée, aucollège ou dans le premier degré.

L'actualité, et cette situation notamment, montre qu'ilest urgent que le Ministre de l'Éducation nationale, comme il s'y étaitengagé, ouvre enfin rapidement les vrais travaux du groupe de travailsur les discriminations aux organisations expertes, et ne se contentepas de les auditionner.

Nous lui demandons de revenir sur sa décision et de soutenir effectivement ce projet comme initialement il s'y était engagé.

Nous adressons un courrier en ce sens aux deux ministères concernés.

Communiqué de presse de : INTER-LGBTSOS homophobieCollectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire(FCPE / FERC-CGT / FIDL / FSU / SGEN-CFDT / UNEF / UNL / UNSA-EDUCATION)