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Histoire du rire moderne (19e-21e s., Paris Ouest)

Histoire du rire moderne (19e-21e s., Paris Ouest)

Publié le par Marc Escola (Source : Alain Vaillant)

 

Séminaire HIRIM – 2016 (Labex Les passés dans le présent)

« L’histoire du rire moderne (19e-21e siècles) :

 traditions comiques et culture multi-médiale ».

animé par Ségolène Le Men et Alain Vaillant

 

L’époque ouverte par le siècle de la modernité (le 19e siècle) est le théâtre de deux évolutions majeures : d’une part la constitution de notre actuelle culture multi-médiale commencée avec l’imprimé et l’illustration graphique, à travers la gravure sur bois de bout et la lithographie, continuée par la photographie, le cinéma, les médias audiovisuels et enfin la communication numérique; d’autre part, l’élaboration progressive de cet art du rire qui est fait aussi bien de textes (poèmes, fictions, « chroniques ») que d’images satiriques et de caricatures, de spectacles comiques et de performances ou des productions les plus diverses.

Ce constat conduit à une interprétation qui doit être placée sous un triple éclairage historique : 1/ l’âge classique avait vu l’émergence, parallèle à celle du Salon comme lieu public d'exposition et genre de la littérature artistique, d’un espace public littéraire qui, voué à la discussion sérieuse et préparant la voie au débat politique, apparaît comme la matrice de nos démocraties parlementaires. Le rire était principalement pris en compte par la théorie des expressions, en relation avec celle des genres. Or, tout se passe comme si, depuis deux siècles, le rire, sous ses multiples formes (ironiques, parodiques, satiriques, farcesques), avait envahi l’espace public, devenant, dans nos sociétés médiatiques, l'un des modes universels de communication et d’expression. 2/ Cet environnement explique que le rire se trouve depuis le 19e siècle impliqué, à des degrés divers et de manière plus ou moins apparente, dans maintes innovations esthétiques (en art comme en littérature). 3/ Le rire implique la connivence culturelle entre les rieurs et repose toujours sur un processus de régression, qui s'effectue entre autres vers le passé (individuel ou collectif) ; structurellement, le rire impose le recyclage et la réinterprétation des traditions comiques les plus anciennes.

Toute reprise et toute imitation s’accompagnant, peu ou prou, d’un geste parodique, nous faisons donc l’hypothèse que cette culture du rire est l’un des instruments principaux qui permet à nos sociétés, entraînées dans des mutations de plus en plus rapides, brutales et imprévisibles, de se les assimiler par l’action critique de ce rire collectif et par le lien constamment maintenu avec son passé. Bien sûr, cette hypothèse postule que le rire n’est pas une composante accessoire de la culture – comme on le représente encore souvent –, mais un fait anthropologique capital, auquel nos cultures médiatiques modernes donnent une force et une actualité particulières. En effet, dans la mesure où le rire découle par définition de l’acte même de représentation (et de la conscience que le rieur en a, par le décalage entre le réel et son image mentale), tout mécanisme médiatique comporte structurellement une virtualité comique qu’il peut actualiser ou non selon les circonstances, dans une visée satirique, artistique, auto-parodique ou simplement ludique.

Concrètement, ce vaste chantier de recherche, qui s’inscrit dans un programme pluriannuel (2015-2018) et que le séminaire 2016 commencera à baliser, partira d’une analyse historique (articulant l’histoire des formes et des œuvres avec celle des pratiques culturelles, sociales et politiques) de la littérature du rire et de la caricature, en relation avec l’émergence de la presse moderne et de la culture médiatique. Il s’attachera à ses transformations dans l’univers du spectacle (le théâtre, mais aussi le music-hall et le cirque), puis à l’ère de la photographie et du cinéma. Il repèrera ses interférences avec la culture sérielle et massifiée de la fin du 19e et des 20e-21e  siècles. Il analysera ses modalités dans les périodes de violence et dans la grande Guerre. Il s’interrogera sur les ruptures ou, au contraire, les permanences de l’art du rire dans les productions des médias numériques contemporains. Il engagera enfin une réflexion épistémologique et disciplinaire, aussi bien du point de vue littéraire, artistique et historique que dans une perspective historiographique.

 

Programme

Les séances ont lieu à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense (RER Nanterre-Université) le vendredi, de 15 à 18h, en salle L205.

 

 

8/1 : « Histoire du rire moderne (19e-21e siècle). Séance d’ouverture.

 

Ségolène Le Men et Alain Vaillant, introduction générale.

 

Ségolène Le Men, « À propos La rue Transnonain, 15 avril 1834 : au delà de la caricature ».

 

Julien Schuh, « Expérimenter par le rire : revues d’avant-garde et satire à la Belle Époque ».

 

Sophiane Taouchichet, « La presse satirique : un objet médiatique populaire ».

 

 

19/2 : La Grande Guerre et le rire.

 

Annette Becker, « Peut-on rire des cruautés de la Grande Guerre ? »

 

Frédérique Joannic-Seta, « Rire et grande guerre au travers des journaux de tranchées de la BDIC ».

 

Nicolas Bianchi (doctorant), « Les canards déchaînés. Sur quelques ressorts de la veine parodique dans les journaux de tranchées ».

 

Alice Faroche (doctorante), « « Humour et caricatures dans les journaux de tranchées ».

 

 

22/4 : Le rire et le spectacle.

 

Alain Vaillant, « Du rire démocratique au rire médiatique ».

 

Jean-Didier Wagneur, « Le rire spectaculaire (et spéculaire) de la petite presse ».

 

Marguerite Chabrol, « Le star system et la caricature de Broadway à Hollywood : entre satire et éloge ».

 

Pour tout renseignement, s’adresser à Alain Vaillant, alaingp.vaillant@free.fr

Ségolène Le Men, segolene.lemen@gmail.com