Agenda
Événements & colloques
Harmonie et mélodie dans l'Antiquité

Harmonie et mélodie dans l'Antiquité

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Sylvain Perrot)

Pris dans leurs sens techniques actuels, les notions d'harmonie et de mélodie réfèrent à deux pratiques musicales qui s'opposent et se complètent. L'harmonie est l'écriture verticale de la musique, fondée sur des accords, tandis que la mélodie représente l'aspect horizontal, caractérisé par la succession des intervalles dans le temps. Ces concepts sont au coeur de la conception moderne, et même occidentale, de la musique. Ils jouent aussi un rôle clef dans la musique de l'Antiquité, mais dans une esthétique qui refuse, à de très rares expressions près, la polyphonie, ils ne sauraient avoir la même acception. Ce colloque se donne pour objectif d'étudier le sens premier de ces deux termes, harmonia et melôidia, afin de voir comment ils peuvent néanmoins s'articuler l'un avec l'autre en dehors de toute représentation moderne de la musique. L'harmonie, en Grèce et à Rome, ne saurait se réduire au seul champ esthétique. Si aujourd'hui on parle volontiers d'harmonie dans un sens métaphorique, le terme antique revêt des acceptions bien plus techniques. Aussi certaines communications examineront quel usage les philosophes et les scientifiques en font, que ce soit dans les domaines des rapports sociaux, de la politique, de la médecine. L'harmonie trouvait une application jusque dans la gromatique. Naturellement, on ne négligera pas le sens technique musical d'harmonie à l'époque archaïque. Ce qui domine dans ce concept, c'est l'idée d'un arrangement. Mais quand l'harmonique se constitue comme science, elle ne peut faire l'économie d'une réflexion sur le mélos, l'évolution de la mélodie. Ainsi se créent des critères qui font que tel ou tel arrangement des notes est recevable ou non, opposant ainsi l'emmélès à l'ekmélès. C'est à partir de là que s'établissent les critères qui définissent l'harmonie au sein de la mélodie, oscillant entre la rationalisation numérique, héritée de Pythagore de Samos, et le primat de la perception, revendiquée par Aristoxène de Tarente. Ces considérations théoriques, contemporaines de la création d'un tout nouveau système musical, mais reprises sans cesse jusqu'à la fin de l'Antiquité, seront mises en perspective avec des partitions conservées.

Avec le soutien du Département des Sciences de l'Antiquité de l'Ecole Normale Supérieure, de l'UMR AOROC (ENS-CNRS) et de la Direction de l'Ecole Normale Supérieure.

PROGRAMME

Mercredi 2 mars

9h00 Accueil des participants

9h30 Introduction au colloque

10h00 Stefan HAGEL (Académie Autrichienne des Sciences) : titre à préciser

10h30 Annie BELIS (CNRS) : « L'harmonie d'A à Ω »

11h00 Pause café

11h15 Sylvain PERROT (Université de Paris IV - Sorbonne) : « Quand la musique grecque s'inventait, ou la naissance des harmonies »

11h45 Bruno DUCOL (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris) : « Le cri, un avatar de l'antique kainotomia »

***

14h30 Anne LAPASSET (Elève ENS) : « Pindare et les harmonies archaïques »

15h00 Nathalie BERLAND (Université de Paris IV - Sorbonne) : « Le demi-ton : λεῖμμα, κόμμα, ἀποτομή. A propos d'un passage du troisième Anonyme dit de Bellermann »

15h30 Jean-Baptiste GUILLAUMIN (Université de Paris IV - Sorbonne) : « Nombre ou sensation ? Les auteurs latins de l'Antiquité tardive face à un débat canonique. »

20h00 Salle des Actes

Récital par Guillaume BOUSSARD et Emmanuel LASCOUX (piano et voix) : « Lucrèce, ou le rythme des choses »

Jeudi 3 mars

10h Eleonora ROCCONI (Université de Pavie) : « Harmonia in Platonic Writings »

10h30 Anne-Gabrièle WERSINGER (Université de Reims) : « Les Anciens ont-ils conçu une physiologie des émotions musicales ? (« ἐς τὴν τῶν νεύρων ἰδέαν τρέπει… ») »

11h Pause

11h15 Konstantinos MELIDIS (Université de Paris IV - Sorbonne) : « Réflexions sur la vocalité antique : à propos de l'"interprétation mélodique"»

11h45 Laurent CAPRON (CNRS) : « La quinte d'Apollon »

12h15 Conclusions du colloque