Essai
Nouvelle parution
H. Rosa, Résonance. Une sociologie de la relation au monde

H. Rosa, Résonance. Une sociologie de la relation au monde

Publié le par Université de Lausanne

Résonance. Une sociologie de la relation au monde

Hartmut Rosa

La Découverte, Paris

ISBN : 9782707193162

800 p. — 28 €

 

Si l’accélération constitue le problème central de notre temps, la résonance peut être la solution. Telle est la thèse du présent ouvrage, lequel assoit les bases d’une sociologie de la « vie bonne » – en rompant avec l’idée que seules les ressources matérielles, symboliques ou psychiques suffisent à accéder au bonheur.

La qualité d’une vie humaine dépend du rapport au monde, pour peu qu’il permette une résonance. Celle-ci accroît notre puissance d’agir et, en retour, notre aptitude à nous laisser « prendre », toucher et transformer par le monde. Soit l’exact inverse d’une relation instrumentale, réifiante et « muette », à quoi nous soumet la société moderne. Car si nous les recherchons, nous éprouvons de plus en plus rarement des relations de résonance, en raison de la logique de croissance et d’accélération de la modernité, qui bouleverse en profondeur notre rapport au monde sur le plan individuel et collectif.

De l’expérience corporelle la plus basique (respiration, alimentation, sensations…) aux rapports affectifs et aux conceptions cognitives les plus élaborées, la relation au monde prend des formes très diverses : la relation avec autrui dans les sphères de l’amitié, de l’amour ou de la politique ; la relation avec une idée ou un absolu dans les sphères de la nature, de la religion, de l’art et de l’histoire ; la relation avec la matière, les artefacts, dans les sphères du travail, de l’éducation ou du sport.

Tout en analysant les tendances à la crise – écologique, démocratique, psychologique – des sociétés contemporaines, cette théorie de la résonance renouvelle de manière magistrale le cadre d’une théorie critique de la société.

Né en 1965, Hartmut Rosa, sociologue et philosophe, est professeur à l’université Friedrich Schiller de Iéna et directeur du Max-Weber-Kolleg à Erfurt,en Allemagne. Il est notamment l'auteur de Accélération. Une critique sociale du temps (2010, 2013) et d'Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive (2012 et 2014), à La Découverte.

 

TABLE DES MATIÈRES

En guise d’avant-propos : l’histoire d’Anna et de Hannah et la sociologie
Introduction

1. La sociologie, la modernité et la vie bonne
2. L’idée directrice : les relations au monde réussies et ratées
3. Qu’est-ce que le monde ? Qui est sujet ?
4. Déroulement de l’analyse
I / Les éléments fondamentaux des relations humaines au monde
1. Les relations corporelles au monde
1. Prendre place dans le monde
2. Respirer
3. Boire et manger
4. La voix, le regard et le visage
5. Marcher, se tenir debout et dormir
6. Rire, pleurer et aimer
2. Appropriation du monde et expérience du monde
1. Inscription et expression : le corps mondanisé en tant que moi façonné
2. Les médiateurs de la relation au monde
3. Conditionnement extérieur ou autodiscipline : le corps comme ressource, instrument et objet façonnable
4. L’aliénation à soi : quand notre corps devient un ennemi
3. Les relations émotionnelles, évaluatives et cognitives au monde
1. La peur et le désir comme formes élémentaires de la relation au monde
2. Expérience du monde et appropriation du monde
3. Cartes cognitives et visions culturelles du monde
4. Les cartes de l’évaluation et du désir
5. Le fond psycho-émotionnel et la problématique existentielle de base
4. La résonance et l’aliénation comme catégories élémentaires d’une théorie de la relation au monde
1. Neurones miroirs et baguettes magiques : l’intersubjectivité comme base anthropologique
2. Intérêts propres et sentiments d’efficacité personnelle
3. La résonance
4. L’aliénation
5. La dialectique de la résonance et de l’aliénation
II / Sphères de résonance et axes de résonance
5. Sphères de résonance, reconnaissance et axes de la relation au monde

6. Les axes horizontaux de résonance
1. La famille comme havre de résonance dans une mer tumultueuse
2. L’amitié : le sentiment humain et la puissance du pardon
3. La politique : les quatre voix de la démocratie
7. Les axes diagonaux de résonance
1. Les relations d’objet : « J’aime tant entendre chanter les choses »
2. Travail : quand le matériau commence à répondre
3. L’école comme espace de résonance
4. Le sport et la consommation comme lieux d’une expérience sensible
8. Les axes verticaux de résonance
1. La promesse de la religion
2. La voix de la nature
3. La force de l’art
4. Le manteau de l’histoire
III / La peur d’un monde silencieux. Une relecture de la modernité au prisme de la théorie de la résonance
9. La modernité comme histoire d’une catastrophe de la résonance
1. Qu’est-ce que la modernité ?
2. Le silence du monde dans la littérature et la philosophie
3. Vers une sociologie de la relation au monde
10. La modernité comme histoire d’une sensibilité accrue à la résonance
11. Déserts et oasis de vie : les pratiques quotidiennes modernes au prisme de la théorie de la résonance
IV / Pour une théorie critique de la relation au monde

12. Les conditions sociales de la réussite ou de l’échec des relations au monde
1. Facteurs contextuels : atmosphères et tonalités affectives
2. Facteurs culturels et socio-structurels : la résonance est-elle catholique, féminine et jeune ?
3. Facteurs institutionnels : entre l’école et la Bourse
13. Stabilisation dynamique : la logique d’accroissement moderne et ses conséquences
1. Qu’est-ce que la « stabilisation dynamique » ?
2. Concurrence et accélération : les relations individuelles au monde dans les conditions d’un régime d’escalade
3. Illisibilité : le monde comme adversaire et comme affront
14. Les crises de résonance dans la modernité tardive et les contours d’une société de postcroissance
1. La crise et le silence du monde
2. Contours d’une société de postcroissance
En guise de conclusion : défense de la théorie de la résonance contre ses contempteurs, et de l’optimisme contre les sceptiques
Remerciements.

*

On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :

"Hartmut Rosa : le défi d’une sociologie de la vie bonne", par J. Bordes.

et sur lavidesidees.fr :

"L’écho des savants", par Édouard Gardella (en ligne le 11 octobre 2019)

Les sciences sociales doivent-elles prendre modèle sur les sciences de la nature, en particulier sur les neurosciences ? Tel est le problème que posent le dernier livre d’Hartmut Rosa et son concept de résonance.