Essai
Nouvelle parution
G. Gaffric, La Littérature à l’ère de l’Anthropocène. Une étude écocritique autour des oeuvres de l’écrivain taïwanais Wu Ming-yi

G. Gaffric, La Littérature à l’ère de l’Anthropocène. Une étude écocritique autour des oeuvres de l’écrivain taïwanais Wu Ming-yi

Publié le par Université de Lausanne (Source : L'Asiathèque)

Gwennaël Gaffric, La Littérature à l’ère de l’Anthropocène : Une étude écocritique autour des oeuvres de l’écrivain taïwanais Wu Ming-yi


Asiathèque, Collection « Études formosanes »
420 pages - 22 €
Format : 12 × 19 cm
ISBN: 978-2-36057-190-1

 

Présentation :

Après la sortie en 2016 de Rétro Taiwan, le temps retrouvé dans le cinéma sinophone contemporain, de Corrado Neri, la collection « Études formosanes » poursuit son exploration des liens entre Taiwan et les grandes questions du monde contemporain, ici celle de l’entrée de la planète dans l’ère de l’Anthropocène. Ce second volume étudie comment la littérature peut être une modalité d’observation, de résistance et de création, au service d’une réflexion qui doit être aujourd’hui transdisciplinaire pour mieux appréhender le problème systémique qu’est le réchauffement climatique.

Adoptant une approche écocritique, Gwennaël Gaff ric aborde ici le traitement littéraire des questions écologiques à Taiwan. Il centre son étude sur les oeuvres de  Wu Ming-yi, fi gure majeure des scènes littéraire, artistique et militante taïwanaises, mais il s’attache à élargir son propos en mettant en perspective et en dialogue des textes d’autres auteurs taïwanais contemporains, ainsi que des réfl exions proposées par des penseurs issus de plusieurs disciplines et de tous horizons géographiques, d’Asie, d’Europe et d’ailleurs. Il réalise ainsi une impressionnante synthèse, où l’écologie devient une ontologie de la relation entre humains et non-humains et un chemin épistémologique pour penser l’Anthropocène.

À la lumière de cette vision écocritique à travers le prisme de Taiwan et de Wu Ming-yi, sont mises en avant trois dimensions de la littérature à l’ère de l’Anthropocène : l’écriture et la narration de la « nature » ; l’écriture et la pratique militante ; l’écriture et la création de devenirs alternatifs. Une bibliographie extensive et trois index achèvent de faire de ce livre un ouvrage de référence.

La Littérature à l’ère de l’Anthropocène dépasse ainsi de très loin le cadre de l’île qui a vu naître Wu Ming-yi. S’appuyant sur une méthodologie située au croisement des études taïwanaises, de l’écocritique et de la critique postcoloniale, Gwennaël Gaffric explore de façon pénétrante la manière dont Wu Ming-yi s’empare des questions écologiques pour transcender nos conceptions normatives de l’humain et du non-humain, du local et du global.

Quoique tirés de la fiction littéraire, les exemples sont concrets : de l’observation des écosystèmes naturels à la critique de la planification urbaine, de la réécriture de l’histoire à travers le prisme de l’environnement aux revendications identitaires, de la critique des idéologies spéciste et anthropocentriste à l’imagination science-fictionnelle des catastrophes écologiques.

Le livre de Gwennaël Gaffric n’est pas seulement la première monographie, toutes langues confondues, consacrée à Wu Ming-yi ; il n’est pas seulement une des rares études en langue française consacrée à la littérature taïwanaise contemporaine ; il est aussi un guide de lecture sur l’un des auteurs taïwanais les plus importants de la scène littéraire insulaire et internationale (sélectionné pour le Man Booker International Prize en mars 2018).

La Littérature à l’ère de l’Anthropocène est une réflexion profonde sur ce lieu heuristique d’une écologie de la survie qu’est Taiwan, qui concentre nombre des dimensions de la question : territoire d’une biodiversité exceptionnelle mais
menacée, point de passage de nombreuses espèces animales et de groupes humains migrants, biotope global confronté à de nombreux aléas industriels, risques nucléaires, risques naturels, climatiques et géologiques, et société libre dans laquelle les revendications écologiques font partie du débat public.

L’ouvrage est précédé d’une préface de Stéphane Corcuff, directeur de la collection « Études formosanes » et enseignant-chercheur à Sciences Po Lyon. Son « Prélude à l’Anthropocène » est une entrée en matière saisissante comme peut l’être un texte écrit en regardant, sans détourner les yeux, l’abîme indescriptible que paraît être l’Anthropocène. Il réfléchit à l’ontologie de cette ère de l’histoire du monde qui s’ouvre, en appelant notamment à une transdisciplinarité radicale pour penser cette terrifiante perspective qui pourrait l’être moins à partir du moment où elle serait formulée, et en posant la question : au fond, l’Homme a-t-il jamais été un Homo sapiens ?

 

Wu Ming-yi, né en 1971, est professeur de lettres à l’université nationale de Dong Hwa. Connu pour ses engagements écologistes, c’est un auteur majeur de la scène littéraire taïwanaise contemporaine. Parfois comparé à Haruki Murakami et à David Mitchell, il est devenu une voix singulière de la littérature mondiale. Plusieurs de ses oeuvres littéraires ont été publiées en français : les Lignes de navigation du sommeil (You Feng, 2013), l’Homme aux yeux à facettes (Stock, 2014, Prix Fiction 2014 au Salon international du Livre insulaire d’Ouessant), le Magicien sur la passerelle (L’Asiathèque, 2017) et une nouvelle de l’anthologie Taipei, Histoires au coin de la rue (L’Asiathèque, 2017).

Gwennaël Gaffric, né en 1987, est maître de conférences en langue et littérature chinoises à l’université Jean-Moulin Lyon 3. Il est l’auteur de plusieurs articles en français, en anglais et en chinois portant sur la littérature sinophone (Chine, Hong Kong et Taiwan). Traducteur littéraire, il dirige à l’Asiathèque la collection « Taiwan Fiction ». Parmi ses traductions parues à l’Asiathèque : la Cité des douleurs (Wu Nien-jen et Chu Tien-wen), Membrane (Chi Ta-wei) et le Magicien sur la passerelle (Wu Ming-yi). Ses récentes recherches portent sur la science-fiction contemporaine sinophone. À ce titre, il est aussi le traducteur de la trilogie de Liu Cixin (éd. Actes Sud) initiée avec le Problème à trois corps, et de la Guerre des bulles, de Kao Yi-feng, éditions Mirobole.

Stéphane Corcuff, né en 1971, directeur de la collection « Études formosanes » de l’Asiathèque, est titulaire d’un doctorat de l’Institut d’études politiques de Paris. Spécialiste du monde chinois vu sous l’angle des dynamiques identitaires de ses marges, de son histoire géopolitique et de sa recomposition politique, il étudie particulièrement Taiwan, où il effectue de longs séjours depuis 1992. Enseignant chercheur à l’Institut d’études politiques de Lyon, il a dirigé l’antenne de Taipei du Centre d’études français sur la Chine contemporaine (CEFC) dont il est chercheur associé. Il a publié à l’Asiathèque en 2015 une nouvelle littéraire de terrain, Une tablette aux ancêtres, étude du culte des ancêtres dans le monde chinois et introduction à l’histoire politique, culturelle et géopolitique de Taiwan.