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Groupe de Recherches Théoriques: deux séminaires croisés pour l'année 2007-2008.

Groupe de Recherches Théoriques: deux séminaires croisés pour l'année 2007-2008.

Publié le par Marc Escola (Source : Groupe de Recherches Théoriques)

GROUPE DE RECHERCHES THÉORIQUES (GRT)

Année 2007-2008 :

Ecritures théoriques
(Arts, lettres, « technosciences »)


Organisé en collaboration entre l’Université Paris-Sorbonne (Ecole Doctorale III, Littératures françaises et comparées) et l’Université de technologie de Compiègne (EA : COSTECH)

En collaboration avec le groupe Fabula

Direction : Denis Guénoun
Coordination : Nicolas Ferrier

Comité d’organisation : Denis Guénoun (Paris IV), François-David Sebbah (UTC), Johann Holland (CNRS)

Le Groupe de Recherches Théoriques entame sa deuxième année. L’année 2006-2007 avait pour thème général « Expériences théoriques », et comprenait un cycle de conférences publiques, ainsi que des séances de travail en groupe plus restreint. Les conférences, disponibles sur internet (voir http://legrt.unblog.fr), seront réunies en un volume, publié en 2008 aux Editions des Solitaires Intempestifs .
L’année 2007-2008 sera organisée selon un principe différent. Deux séminaires distincts se tiendront parallèlement, dont les séances seront alternées. L’un, animé par Denis Guénoun, prendra pour objet les « Méthodes de dramatisation » (voir ci-dessous). Il sera proposé comme séminaire d'accompagnement à la réflexion sur la recherche pour les doctorants de l’Ecole Doctorale III de l’université Paris-Sorbonne. L’autre séminaire, animé par François-David Sebbah et Johann Holland, sera consacré à « La technique à l’œuvre » (voir ci-dessous).
Ces deux activités ont été pensées comme distinctes, mais non cloisonnées. Les deux réflexions portent sur la question des rapports entre l’écriture et la production théorique. Les animateurs souhaitent que des passages s’établissent entre les recherches. Des séances communes aux deux ateliers sont prévues dans les calendriers (voir ci-dessous). Cette volonté de croisement prend racine dans la collaboration active des organisateurs, et répond à la vocation interdisciplinaire du GRT – dont témoigne ici la coopération de deux universités, l’une littéraire et l’autre d’orientation technique et scientifique.
On trouvera ci-dessous l’argument et le calendrier de chacun des deux séminaires.

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Programme A : « Méthodes de dramatisation »
sous la responsabilité de D. Guénoun


« La méthode de dramatisation » est le titre d’une conférence de Gilles Deleuze donnée en 1967 devant la Société Française de Philosophie . Dans cet écrit, Deleuze propose, sous le nom de dramatisation, une méthode de lecture, de compréhension et d’analyse – mais de production aussi – de la pensée philosophique. La référence au théâtre se retrouve à la même époque dans d’autres écrits de Deleuze, et en particulier dans la très importante introduction à Différence et répétition . Elle sera pourtant plutôt délaissée par la suite, en tant que stratégie ou « schème » centraux, en même temps que se développeront l’analyse du cinéma et ses diverses implications philosophiques.
En se plaçant sous la bannière de ce texte, et de ce titre, le programme 2007-2008 de la recherche engagée ici se donne plusieurs objectifs.

1) Examiner où, comment et pourquoi le concept ou le modèle du dramatique – et plus généralement les idées de scène, de théâtre, ou de jeu d’acteurs – ont pu être exportés hors de leur terreau apparemment naturel pour être mis au travail dans des champs éloignés. On s’intéressera en particulier aux usages philosophiques de ces notions, par exemple chez Freud (« scène », « Œdipe »), dans la première pensée de G. Politzer (« drame »), dans les philosophies de Sartre ou de Gabriel Marcel (« situation »), dans les écrits de G. Debord et des situationnistes (« situation »), chez Derrida et plusieurs de ses contemporains (« scène »), etc. Cette liste n’est évidemment pas close : c’est la fonction du modèle théâtral ou dramatique dans la pensée philosophique en général qui voudrait être interrogée.
Mais le souhait serait de ne pas s’en tenir au territoire de la philosophie. En particulier, on serait heureux d’entrer en dialogue avec des recherches scientifiques ou juridiques, afin d’examiner ce qu’il en est, éventuellement, de la dramatisation dans leurs discours : s’agit-il simplement d’une pratique rhétorique, d’une forme d’exposition, ou bien le modèle dramatique peut-il être considéré comme intervenant (parfois, et où ?) dans la formalisation de la pensée elle-même, et dans son noyau théorique ?

2) En second lieu, il s’agirait de questionner l’usage de la dramatisation dans les genres littéraires ou artistiques non théâtraux. Il s’agirait alors d’aborder la question de la dramatisation romanesque (en particulier de la structuration des romans autour de « scènes »), ainsi que son rôle dans les écrits des historiens, chroniqueurs ou moralistes. On voudrait aussi interroger la forme scénique ou la construction dramatique dans la structure des films, classiques ou pas, ainsi que dans l’écriture musicale (singulièrement lorsque celle-ci n’est pas reliée à une forme dramatique patente : par exemple dans la musique liturgique, ou dans les formes orchestrales).
Il s’agirait alors de se demander exactement quelle est la spécificité du drame, au sein de la catégorie plus vaste du récit (qu’est-ce que dramatiser une histoire ? qu’est-ce qu’un récit non dramatique, s’il en est ?), et même plus généralement au sein du jeu structural et de la dialectique des formes esthétiques.

3) Ce programme voudrait enfin aborder, dans ce dialogue interdisciplinaire permanent, la question même de la définition théâtrale du drame : celui-ci couvre-t-il tout l’espace (et le temps) du théâtre, ou bien n’en circonscrit-il qu’une part, qui se laisse marginaliser ou dépasser par l’analyse des écritures scéniques non- ou post- dramatiques ?
On se demandera, en particulier, dans ce cadre, ce qui définit les notions de scène, de situation, de jeu, et dans quelle mesure chacune d’elles valide ou met en cause l’universalité du modèle dramatique.

Autour de cet étoilement d’interrogations, ce séminaire du Groupe de Recherches Théoriques se propose d’inviter des chercheurs exerçant leur activité dans des domaines assez divers. Il ne leur sera pas demandé de présenter des conférences, mais plutôt de se prêter aux questions élaborées par des membres du séminaire, qui se seront préalablement informés sur leurs recherches et auront tenté de situer des points de croisement entre leurs compétences et la batterie de questions évoquées ci-dessus.

Les séances auront lieu un mardi par mois , de 19h à 21h, à la Bibliothèque Ascoli de l’UFR de Littératures françaises et comparées (en Sorbonne, escalier C, 2ème étage gauche).
Les dates prévues sont le mardis 23 octobre , le jeudi 29 novembre, les mardis 18 décembre, 22 janvier, 19 février, 25 mars et 8 avril .

Pour lire le détail des séances du séminaire A
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Programme B : La technique à l’œuvre
sous la responsabilité de F.-D. Sebbah et de J. Holland

On souhaiterait interroger ici la technique à l'œuvre, en prolongeant d’emblée ce questionnement en un autre : que fait la technique à l'œuvre (l'œuvre artistique, aussi bien que théorique) ?
Les uns dénoncent les méfaits de la dite « techno-science ». L’un de ces méfaits, et pas des moindres, consisterait à assécher la créativité artistique et/ou théorique. La « techno-science » effacerait toute singularité et toute nouveauté en massifiant, standardisant, synchronisant.
Les autres – ou les mêmes – montrent combien produire des œuvres (littéraires et plus largement artistiques, scientifiques, philosophiques, voire technologiques comme telles) ne se fait pas sans techniques. Semblent être nécessaires des savoir-faire réglés et/ou des dispositifs matériels qui revêtent désormais pour la plupart un caractère technologique. Et non seulement ces techniques semblent nécessaires, mais surtout elles apparaissent comme constitutives de la nouveauté même dont il s’agit.
Dans le cadre de ce programme, on voudrait inviter à une réflexion sur le statut et le rôle de la technique – ou des techniques – entendue en un sens matériel ou non, dans la création ou la production, qu’elle soit théorique ou artistique.
On aimerait que ce séminaire soit l’occasion de recueillir des témoignages sur le rôle et le statut des techniques – dispositifs et inscriptions matériels ou savoir-faire réglés – là même où leur usage les rend souvent transparentes. Elles sont tantôt déniées – comme par ces philosophes dont la technicité est parfois déplorée mais qui ne se pensent guère comme des « techniciens », ou par ces scientifiques qui méconnaissent l’usage de métaphores techniques – ou même des instruments ! – dans la production de leurs théories. Il arrive aussi aux techniques, au contraire, d’être exhibées comme dans les formes d’art multimédias.
On aimerait « suivre » une technique ou une technicité à l’œuvre dans le « se faisant » d’un engagement théorique, artistique, technologique, en invitant des philosophes, des scientifiques, des technologues, des artistes à témoigner de leur travail. On les interrogera en particulier sur la trace que ces techniques à l’œuvre laissent sur leur geste de création ou de production. Peut-être questionnera-t-on ainsi le rôle que les techniques qu’ils emploient peuvent jouer dans ce qui s’invente, le devenir. Et comment, enfin, dans ce « jeu technique » opératoire leur engagement théorique ou artistique appellerait à une responsabilité.

Le séminaire serait l’occasion de saisir ces questions au long de rencontres avec différents invités. Les séances auront lieu un mardi par mois, de 19h à 21h, à la Bibliothèque Ascoli de l’UFR de Littératures françaises et comparées (en Sorbonne, escalier C, 2ème étage gauche). Les dates prévues sont les mardis 23 octobre , 13 novembre, 4 décembre, 5 février, 11 mars et 8 avril .

Pour lire le détail des séances du séminaire B
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