Questions de société

"Grèves à la fac : 1,2 million de retenues sur les salaires" (Le Figaro 23/06/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sorbonnard)

Grèves à la fac : 1,2 million de retenues sur les salaires - Le Figaro 23 Juin 2009


http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/06/24/01016-20090624ARTFIG00024-greves-a-la-fac-12-million-de-retenues-sur-les-salaires-.php

Encinq mois de conflit, l'équivalent de 17 000 journées de grève ont étédécomptées chez les enseignants et le personnel administratif.

Alors que les universités ontinterrompu leur mouvement de protestation depuis un mois et seconsacrent à l'organisation des examens de leurs étudiants, l'heure estau décompte des jours de grève. Selon le ministère de l'Enseignementsupérieur et de la Recherche, entre la fin 2008 et le 30 mai 2009,1 200 000 € ont été prélevés sur les traitements desenseignants-chercheurs et agents administratifs grévistes (entretien,bibliothécaires et administration). Cela correspond à 17 000 journéesde grève. Certes, ces retenues sur salaire sont supérieures à celles de2007 (122 559 €) ou de 2008 (606 870 €), en dépit des grèves anti-LRU(loi sur l'autonomie des universités) de l'automne 2007. Mais commetoujours à l'université, les chiffres ne reflètent pas la réalité de lamobilisation.

À en croire le syndicat Snesup,principal syndicat des enseignants-chercheurs, «la moitié des 57 000enseignants-chercheurs étaient en grève», au plus fort de lamobilisation. Or, selon les déclarations des universités transmises auministère, seuls 150 à 400 grévistes étaient déclarés, selon les jours.Le sujet du décompte, est, il est vrai explosif. S'il est facile derecenser le personnel administratif en grève puisqu'il doit êtreprésent toute la journée dans l'établissement, tel n'est pas le cas desenseignants-chercheurs, censés assurer stricto sensu 192 heuresd'enseignement par an même si leur service englobe aussi des tâchesadministratives, des préparations de cours, la présence dans des jurys,etc.

Rétentions des notes

Certains présidents d'université estiment que l'emploi du temps desenseignants-chercheurs, fluctuant, ne permet pas d'exercer un réelcontrôle. Ces derniers travaillent depuis leur domicile, d'au­treschangent de laboratoire de recherche d'un jour à l'autre, d'autresencore sont en mission. Tous n'assurent pas des heures de cours toutesles semaines. «Je ne vais pas faire le tour de mes 1 200en­seignants-chercheurs et des centaines de mètres carrés de monuniversité», expliquait ainsi récemment un président d'université del'est de la France. Bruno Sire, président de l'université de Toulouse-In'est pas de cet avis. Il a comptabilisé au total 133 journées de grèvedans son établissement, soit vingt administratifs et quinzeenseignants-chercheurs : «Il est tout à fait possible de compter lesgrévistes enseignants, indique-t-il, l'administration connaît leurshoraires. Nous avons passé des coups de fil à ceux qui n'étaient pasprésentspour demander une justification.» Les équipes de direction quine comptabilisent pas les grévistes, «font, selon lui, preuve delaxisme ou d'idéologie ».

En février, l'université de Strasbourga fait figure d'exception en annonçant 280 grévistes lors d'unejournée. Mais la plupart des établissements avouent ne pas connaîtreleur taux de grévistes. À Paris-VIII ou Paris-XIII, on explique ne pasles avoir dénombrés pour ne pas envenimer le conflit, mais aussi «parceque ça ne s'est jamais fait ici».

Certains présidentsd'université ont en revanche tenté de faire pression en menaçant de nepas payer les jours de grève, afin notamment de faire cesser lesrétentions des notes.

À Toulon, le président, LaroussiOueslati, avait ainsi envoyé une lettre à une quinzaine d'enseignants,les menaçant de retenir l'équivalent de 98 jours de salaire s'ils nejustifiaient pas de leur emploi du temps… avant de reculer après avoirobtenu satisfaction. «Je n'ai pas eu besoin de mettre ma menace àexécution», explique-t-il aujourd'hui. À Lille-II, dix enseignants dela faculté des sciences juridiques, politiques et sociales ontlongtemps refusé de fournir à l'administration leurs notes d'examen.«Les premières mesures ré­glementaires de retenue sur salaires serontexécutées en juin», a annoncé Christian Sergheraert, le président.

Selonle Snesup-FSU, d'autres universités à Amiens, Nancy-I, Nantes, Nice,Rennes-I ou Tours, ont également employé ce type de «pressions». Lessommes dégagées par les retenues sur salaires reviennent aujourd'hui àl'État, mais avec la loi sur l'autonomie des universités, lesétablissements autonomes pourront eux-mêmes les récupérer et lesréaffecter, fait-on observer au ministère, espérant «uneresponsabilisation des équipes de direction».