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Glottopol n° 14: Nouveaux médias et dynamiques des langues en Afrique francophone

Glottopol n° 14: Nouveaux médias et dynamiques des langues en Afrique francophone

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Abou Bakry KEBE)

Nouveaux médias et dynamiques des langues en Afrique francophone


Numéro coordonné par Papa Alioune Ndao - Université Cheikh Anta Diop, Dakar
et Abou Bakry Kébé - Université de Rouen




Dans la plupart des Etats d'Afrique francophone sont apparus, à partir des années 1990, de nouveaux médias indépendants (radios privées, chaines de télévision, presse écrite, Internet). Emergeant souvent dans des contextes plurilingues où l'oralité prime encore sur l'écrit, ces nouveaux outils de communications légitiment, encouragent, ou en tout cas, valorisent les formes de parole et/ou d'écriture qui y ont cours, ce qui tend à modifier les statuts et les fonctions des langues en présence sans que les décisions ne proviennent des Etats.
Au Sénégal par exemple, les radios privées ont choisi la proximité par une forte diffusion en wolof, langue parlée par plus de 80% des Sénégalais. En prenant en charge le discours formel, qui était jusqu'à une période relativement récente réservé exclusivement au français, ces nouvelles instances d'énonciation ont entraîné le wolof dans les " circuits officiels " et fonctionnent ainsi comme des machines à brouiller les données glottopolitiques de ce pays. Dans d'autres Etats, comme au Gabon, avec l'arrivée massive de ces radios dites aussi " libres ", les langues africaines se trouvent dans une situation défavorable par rapport au français, qui devient plus visible et se substitue à elles dans certains domaines. Les journalistes et les animateurs deviennent alors des " passeurs " d'un français de plus en plus empreint de réalités locales.
Des mutations comparables sont attestées dans la presse écrite. A côté des journaux publics, qui se caractérisent par un français hypernormé, on trouve désormais une presse dite " indépendante " ou " populaire ". Ces véritables tabloïds à l'africaine se caractérisent par un relâchement des contraintes normatives et une écriture qui se veut de proximité. Des rubriques, des " unes " sont intitulées en langues africaines et l'on peut y noter un nombre important d'éléments lexicaux de ces langues dans les textes en français des journalistes.
L'avènement d'Internet n'est pas non plus sans incidence sur les dynamiques des langues en Afrique. A travers forums de discussions et autres blogs, des langues africaines, même très minoritaires, figurent désormais parmi les répertoires de la toile.

Nous nous proposons donc, dans ce numéro de GLOTTOPOL, d'examiner le rôle joué par ces nouveaux médias (radio privées, presse indépendante, Internet) dans les dynamiques des langues sur le terrain africain francophone. Les contributions pourront aborder les questions ci-dessous, dont la liste n'est pas exhaustive.
· De façon générale, comment ces nouveaux outils de communications sont-ils perçus dans les différents Etats par les acteurs (responsables éditoriaux et journalistes, notamment), les locuteurs ordinaires, les intellectuels et les politiques ? Quel peut être leur impact sur le statut et le corpus des langues ?
· A la radio, les journalistes en langues africaines, en prenant en charge le discours formel et en nommant ce qui ne se nommait pas auparavant dans ces langues, ont désormais une fonction de porteurs de norme. Comment assument-ils cette nouvelle fonction ? Comment ces pratiques sont-elles perçues par les locuteurs ? Quelles incidences cela a-t-il sur les langues ?
· Dans la presse écrite, les nouveaux modes d'écriture que l'on observe sont-ils le reflet des pratiques ordinaires ou au contraire sont-ils à l'avant-garde d'un mouvement qu'ils contribuent à accélérer ?
· Enfin, si Internet est considéré comme une chance pour les langues africaines d'accéder au domaine de l'écrit, une réflexion pourrait être engagée sur leurs contextes d'utilisation, leurs caractéristiques graphiques et morphosyntaxiques.

Ce numéro est ouvert à l'ensemble des chercheurs en sciences humaines : sciences du langage, mais aussi sciences de l'information, ethnographie de la communication… Les contributeurs sont cependant invités à respecter l'orientation sociolangagière de la revue.



Dernier délai : le 30 septembre 2008.

Envoi des contributions à : pandao@refer.sn ou aboubakry.kebe@gmail.com

Pour les détails, cliquez sur le lien : http://www.univ-rouen.fr/dyalang/glottopol/appels.html#Numero14