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Appels à contributions
Georges Eekhoud (Revue Textyles, 2019)

Georges Eekhoud (Revue Textyles, 2019)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Clément Dessy)

Georges Eekhoud

Appel à contributions pour la revue Textyles

Numéro coordonné par Paul Aron et Clément Dessy

 

L’œuvre de Georges Eekhoud (1854-1927) reste essentiellement envisagée sous l’angle de l’intime et du biographique, donnant parfois l’impression d’un isolement de l’écrivain. Pourtant, loin d’être une figure en marge des tendances, Eekhoud a pu devenir un acteur majeur de son temps, jouant le jeu des champs littéraire et culturel, multipliant les préfaces et accordant son soutien à des écrivains débutants.

Homme de presse, il est intervenu dans nombre de revues et de quotidiens belges ou étrangers, en s’impliquant dans leur organisation comme au Coq rouge, à La Société nouvelle ou à La Jeune Belgique, en participant comme critique à L’Étoile belge, à La Réforme, à L’Éventail ainsi qu’aux Temps nouveaux de Jean Grave, en tenant régulièrement une « Chronique de Bruxelles » au Mercure de France (Paris) ou, encore, en produisant des articles qui seront traduits au Speaker (Londres) ou à La Rassegna internazionale (Rome), au Onze Kunst (Anvers-Amsterdam) ou à Der Sturm (Berlin).

Alors que sa fonction de médiateur culturel entre le flamand et le français a été efficacement démontrée (Gonne 2017), ses nombreuses contributions soulèvent quantité d’autres interrogations, dont le rapport entre ses pratiques d’écritures journalistique et fictionnelle. La place de l’écrivain au sein de divers réseaux, que ce soit en Belgique francophone et néerlandophone ou à l’échelle internationale, mérite d’être interrogée en lien avec ces contributions : le rapprochement avec la jeune génération symboliste française – Eekhoud apparaît bel et bien dans la galerie du Livre des masques de Remy de Gourmont – n’est pas dissociable du rôle joué par Eekhoud au Mercure de France.

Ses activités de chroniqueur de la vie picturale et musicale demeurent peu connues de même que les rapports entre sa production critique et le reste de son œuvre. Eekhoud entretient néanmoins une relation personnelle avec les œuvres d’art, notamment visuelles, inscrivant les perceptions et les images qu’il en tire au sein même de ses fictions. On s’intéressera donc aux relations que l’écrivain noue avec les artistes : peintres, musiciens ou sculpteurs, et jusqu’aux illustrateurs et imprimeurs de ses livres.

Si le romancier et nouvelliste s’est fait connaître comme chantre de sa région d’origine, la Campine, c’est aussi dans le désir explicite de lui donner une existence littéraire au-delà de ses limites territoriales. Polyglotte maniant le néerlandais, l’anglais, l’italien et l’allemand, Eekhoud est un écrivain résolument cosmopolite, lui-même traducteur de l’italien (Giovanni Verga), de l’anglais (dramaturges élisabéthains) ou du néerlandais (essais sur l’art). Il faut encore prendre la mesure des proximités qui s’établissent entre les pratiques de traduction d’Eekhoud et sa fiction. Tôt traduite (en allemand, anglais, néerlandais, italien, mais aussi en tchèque, russe, roumain), son œuvre demeure pourtant peu étudiée au point de vue de sa réception internationale.

Eekhoud « se fortifie à tous les repas que le monde lui offre » (Gourmont) : conteur enthousiaste du terroir et de la vie rurale, il est aussi un insatiable explorateur urbain. En dépassant la figure archétypale du flâneur, il s’approprie les lieux et les quartiers dont il cherche à offrir une géographie sentimentale à travers ses textes. Dans L’Autre vue ou Les Libertins d’Anvers, Eekhoud donne à voir des villes sensuelles et désirables dans lesquelles il se projette.

Les fonds consacrés à l’écrivain (aux Archives et Musée de la Littérature à Bruxelles, à la Letterenhuis et la Erfgoed bibliotheek à Anvers) sont en mesure de nous renseigner sur les sources et la génétique de son œuvre grâce aux abondants manuscrits et à la correspondance qu’ils renferment, mais ils demeurent largement sous-exploités.

Les divers points de vue qui précèdent dessinent l’image d’un Georges Eekhoud ouvert aux échanges internationaux et cultivant les liens entre arts et genres littéraires. À travers eux, le présent dossier de Textyles se donne pour objectif d’ouvrir de nouvelles perspectives sur cette figure incontournable de la vie littéraire belge de la fin du XIXesiècle.

Les propositions d’articles sont à envoyer à Paul.Aron@ulb.ac.be et C.Dessy@warwick.ac.uk pour le 1er avril 2019. Les articles sélectionnés, respectant le protocole éditorial de la revue, seront attendus pour le 1er septembre 2019. 

 

Bibliographie

Paul Aron, Les écrivains belges et le socialisme (1880-1913). L’expérience de l’art social, d’Edmond Picard à Emile Verhaeren, Bruxelles, Labor, « Archives du futur », 1985 (réédition : 1997).

-, « Structures et significations idéologiques de l’œuvre romanesque de Georges Eekhoud (1854-1927) », Réseaux, no 39-40, 1982, p. 3-18.

-, « Lecture » de Georges Eekhoud, Voyous de velours ou l’Autre Vue, Bruxelles, Labor, 1991, (« Espace Nord, n° 68 »), p. 171-189.

Philippe Chavasse, « Georges Eekhoud et son terroir incarné »,Excavatio, Vol. XXV, 2015.

-, « Le Cosmopolitisme antisémite de Georges Eekhoud dans La Nouvelle Carthage », Nineteenth-Century French Studies, Vol. 38, no 1-2, Fall-Winter 2009, p. 97-112. 

-, « Martyrologe d’un genre nouveau : Le Dénouement d’Escal-Vigor de Georges Eekhoud », Nineteenth-Century French Studies, Vol. 34, no 3-4, Spring-Summer 2006, p. 371-386. 

Hem Day, Hommage à Georges Eekhoud 1854-1927, Paris-Bruxelles, Éditions pensée et actions, 1947.

Clément Dessy, « Le naturalismeau service du roman historique : Les Libertins d’Anversde Georges Eekhoud (1912) », Les Cahiers naturalistes, n90, septembre 2016, p. 217-231.

-, « Passage en revue des symbolistes belges dans les périodiques italiens », Revue des revues, Alessandra Marangoni, Julien Schuh (éds.), n58, 2017, p. 87-99.

Jacques Detemmerman, « Le procès d’Escal-Vigor », Revue de l’Université de Bruxelles, dossier « Le naturalisme et les lettres françaises de Belgique », Paul Delsemme et Raymond Trousson (éd.), 1984, no 4-5, p. 141-169.

Maud Gonne, Contrebande littéraire et culturelle à la Belle Époque : Le « hard labour » de Georges Eekhoud entre Anvers, Paris et Bruxelles, Louvain, Leuven University Press, 2017.

-, « Recyclages, croisements et transferts dans l’œuvre de Georges Eekhoud », Revue d’histoire littéraire de la France, vol. 115, no 2, 2015, p. 391-407.

Maud Gonne et Karen Vandemeulebroucke, « Deux générations de médiateurs », Textyles[En ligne], no 45, 2014.

Remy de Gourmont, Le Livre des masques, Paris, Mercure de France, 1896 et 1898.

Catherine Gravet et Émile Van Balberghe, « “Cher brutal abruti de mon cœur”. Quelques notes à propos de trois lettres et de quatre envois inédits de Max Waller à Georges Eekhoud », Francofonia (Cádiz), no 10, 2001, p. 37-60.

Hubert Krains, Portraits d’écrivains belges. Demolder, Van Lerberghe, Pirmez, Verhaeren, Eekhoud, Giraud, Liège, Georges Thone éditeur, 1930.

Mirande Lucien, Eekhoud le rauque, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1999.

-, « Georges Eekhoud », Bulletin des amis d’André Gide, dossier « Gide et ses amis belges », vol. XXI, no 97, janvier 1993, p. 65-78.

-, Mon bien aimé petit Sander : Lettres de Georges Eekhoud à Sander Pierron (1892-1927) : suivies de six lettres de Sander Pierron à Georges Eekhoud, Lille, Cahiers Gai-Kitsch-Camp, 1993.

-, « “Un savoureux enfer”. Naissance d’un roman : Voyous de velours ou L’Autre vuede Georges Eekhoud », Textyles, n8, 1991, URL : http://textyles.revues.org/1873.

Mirande Lucien et Patrick Cardon (éd.), Georges Eekhoud. Un illustre uraniste 1854-1927, Lille, GayKitschCamp, 2012.

Francis Mus, « La réception du régionalisme dans l’œuvre de Georges Eekhoud. Le cas des Dernières Kermesse (1920) », Les Lettres romanes, vol. 66, no 3-4, 2012, p. 547-565.

Georges Rency, Georges Eekhoud. L’homme. L’œuvre. Essai critique, Bruxelles, Office de Publicité, 1942.

Michael Rosenfeld, « Escal Vigor– A novel from the French of Georges Eekhoud. Comment traduire l’“innommable” »,Traduire la littérature belge francophone. Itinéraires des œuvres et des personnes, Béatrice Costa et Catherine Gravet (éds.), Mons, UMons, 2016, p. 25-40.

-, « Gay Taboos in 1900 Brussels: The Literary, Journalistic and Private Debate Surrounding Georges Eekhoud’s novel Escal-Vigor », Dix-Neuf. Journal of the Society of Dix-Neuviémistes, vol. 22, no 1-2, 2018, p. 98-114.

Sophie de Schaepdrijver, « Antimémoire d’une antimémoire. Les occupations de l’écrivain belge Georges Eekhoud », dans Annamaria Laserra, Nicole Leclercq et Marc Quaghebeur (dir.), Mémoires et Antimémoires littéraires au xxesiècle. La Première Guerre mondiale. Premier volume, Bruxelles, Peter Lang, 2008, p. 28.

Estrella de la Torre Giménez, « La Femme à travers les yeux d’un uraniste », Verbum Analecta Neolatina, vol. XIV, no1–2, 2013, p. 95–108.

Gustave Vanwelkenhuyzen, L’Influence du naturalisme français en Belgique de 1875 à 1900, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1930.

Numéro spécial consacré à Georges Eekhoud, La Société nouvelle, 19eannée, 2esérie, no 6, décembre 1913.

Numéro spécial à la mémoire de Georges Eekhoud, Le Thyrse, 29eannée, 4esérie, no 22, 12 juin 1917.