Essai
Nouvelle parution
Georges Bataille. Le corps fictionnel

Georges Bataille. Le corps fictionnel

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : L'Harmattan)

 

Lina FRANCO, "Georges Bataille. Le corps fictionnel", Paris, L'Harmattan,
coll. "Le corps en question", 2004, 134 p.

L'excès est chez Bataille ce qui restitue à la parole et à l'existence la chance du refus.

Il ruine l'idéal et l'utile, et s'attaque au sérieux d'un ordre des choses incompatible avec l'abondance inventive du désir. L'obscénité, qui ouvre la démesure à la sphère de l'existence, montre l'homme comme subversion en acte, dissolution de l'être pour les autres. Elle offre au néant l'expérience des possibilités d'un corps que le calcul ne lie plus.  

La fiction participe de son avènement, dont la valeur gnoséologique se déploie à travers la mise en oeuvre d'une pratique scatologique d'écriture. Moment d'objectivation de la négativité, elle consent à la généralisation de l'attrait d'une perte sans maîtrise ni finalité. Ainsi corps et écriture se délivrent d'une volonté de contestation sans rien céder sur le plan de l'expérience d'une liberté plus grande.

Dans ces pages, où l'érotisme est lieu du questionnement de l'autorité, forme de vérification de la viabilité de la liberté, rendre le corps à lui-même signifie le vivre dans l'insubordination de ses possibilités et la destitution outrageuse de ses fonctions. Épreuve d'une disponibilité de soi qui est indifférence aux assignations et aux spéculations.