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Géographies des Suds dans les littératures postcoloniales

Géographies des Suds dans les littératures postcoloniales

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Yves Clavaron)

Congrès AILC de Tbilissi (Géorgie)

24-29 juillet 2022

Parmi les disciplines auxiliaires du colonialisme est souvent citée la géographie dans sa dimension impériale, associée au pouvoir de la cartographie européenne, qui reconfigure le monde colonisé et domestique le territoire de l’Autre. La géographie a une fonction politique et l’hégémonie européenne tient au pouvoir de représentation. Dans une géographie de l’exploration à vocation topographique, la carte ne se contente pas de refléter innocemment l’environnement, mais elle s’inscrit dans les projets territoriaux du colonialisme et contribue à la domination symbolique du pays colonisé par une mise aux normes topographiques. La géographie apparaît comme la discipline de l’impérialisme par excellence (Said, 1994) et il existe un « empire des géographes » (Singaravélou, 2007).

Discipline vouée à la spatialité, la géographie se prête au questionnement postcolonial car elle contribue à la construction du monde par des taxonomies, des discours et des représentations tandis que sa branche sociale et culturelle a vocation à analyser les territoires et les identités. De fait, l’approche postcoloniale privilégie des questions au cœur de la recherche géographique à travers des tropes spatiaux comme la cartographie, la dé-territorisalisation ou la dépossession. Les études postcoloniales élaborent une critique du discours colonial en tant que mise en ordre d’un monde eurocentré, marqué par une hiérarchisation épistémologique entre Nord et Sud.

La géographie constitue une part importante de l’invention littéraire et le roman est devenu « géographe » (Brosseau, 1996) avec les explorations et les premières conquêtes impériales européennes de la Renaissance. Cet atelier aura pour but d’étudier les processus par lesquels la fiction littéraire postcoloniale annule les rapports hiérarchiques Nord/Sud et revalorise les géographies subalternes afin de placer le(s) Sud(s) au cœur de la représentation et au centre de la perception, même si l’Europe reste parfois présente en toile de fond. Une attention particulière sera portée à la question de la géographie littéraire mise en œuvre et à son caractère transnational (Collot, 2014 ; Thieme,  2016).

 

Quelques axes possibles :

– Géographie et géopolitique, méridionalismes, subalternismes et « sud-alternismes » (Amselle, 2008), le Sud du monde, transformé en un objet subalterne par la souveraineté de l’hégémonie occidentale (Chambers in Sonia Dayan-Herzbrun, 2010)

– Réorientation du récit de voyage, voyage à l’envers (Fonkoua, 1998), contre-voyage, relations sud-sud, « decolonizing travel » (Edwards & Graulund, 2011), « postcolonial travel writing » (Clarke, 2018).

– Diaspora (Keown, Murphy & Procter, 2009), migration, déplacement, exil entre Sud et Nord, puis retour.

– Traversées atlantiques, révisions de la « trans-Atlantic history »  (Armitage & Braddick, 2002), du « Passage du Milieu » et  des relations Amériques/Afrique/ Europe.

– Chronotopes, topoï, commonplaces particuliers aux géographies du Sud, éventuellement liés à une géographie sensorielle ou émotionnelle (Davidson, Bondi & Smith, 2005 ; Guinard & Tratnjek, 2016).

– De la ville coloniale à la métropole postcoloniale (Lüsebrink & Mbondobari, 2015), villes coloniales d’Afrique et d’Asie, villes-monde du Sud global (Oldfield & Parnell, 2014).

 

Langues de travail : français et anglais.

Les propositions de 250 à 300 mots (indiquer aussi un titre et 3-5 mots clés) sont à déposer sur le site du Congrès jusqu’au 30 novembre 2021 :

https://icla2022-tbilisi.ge/post/item/137/en

 

Responsables :

Lydie Moudileno, University of Southern California,  moudilen@usc.edu

Yves Clavaron, Université Jean Monnet Saint-Étienne), yves.clavaron@univ-st-etienne.fr