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Geographiae imaginariae

Geographiae imaginariae

Publié le par Julia Peslier (Source : Daniel Maher)

Geographiae imaginariae : dresser le cadastre des mondes inconnus dans la fiction narrative de l'Ancien Régime

XXIIE COLLOQUE INTERNATIONAL DE LA SOCIÉTÉ D'ANALYSE DE LA TOPIQUE ROMANESQUE
Université York, Toronto

Les 2, 3 et 4 octobre 2008

Organisation : Marie-Christine Pioffet et Daniel Maher

Du paradis terrestre aux enfers en passant par La Cité des Dames, les archipels rabelaisiens, la Terre australe et le monde de la Lune, les géographies imaginaires ne cessent de fasciner les auteurs de l'Ancien Régime. Ces inventions spatiales font bel et bien partie du paysage des lettres et, à ce titre, leur étude s'impose tout autant que celle du personnage et de n'importe quelle autre composante diégétique. Dans la foulée des travaux récents de Jean-Michel Racault (Nulle part et ses environs. Voyage aux confins de l'utopie littéraire classique (1657-1802), 2003), d'Henri Lafon (Espaces romanesques du XVIIIe siècle, 1670-1820, 1997), de Frank Lestringant (Le Livre des îles. Atlas et récits insulaires de la Genèse à Jules Verne, 2002) et de Jeffrey N. Peters (Mapping Discord. Allegorical Cartography in Early Modern French Writing, 2004), le XXIIe colloque international de la SATOR se propose d'examiner l'extraordinaire prolifération de ces terres de fantaisie, de se pencher sur la configuration de ces contrées et d'en révéler les mutations au fil des ans.

La réflexion s'articulera dans une perspective « archéologique » ou comparative. À partir de textes de l'Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance, il est parfois possible d'élucider la provenance des contrées imaginaires qui foisonnent dans la prose narrative de l'Ancien Régime. Le Fabliau de Cocagne du XIIIe siècle, esquissé par Bruegel l'Ancien au XVIe siècle, connaîtra de multiples avatars dans le conte de fées et notamment dans le Voyage dans l'île des Plaisirs de Fénelon. De même, les Champs Élysées, vieux mythe antique, resurgissent sous la plume de Rabelais et de ses continuateurs et infléchissent souvent l'univers de la pastorale. À l'encontre de ces pays idéalisés, d'autres espaces dysphoriques ou « dystopiques », calqués bien souvent sur l'imagerie traditionnelle de la géhenne, ont aussi la vie dure. Les imitateurs de Virgile rivalisent d'ingéniosité pour décrire des paysages immondes à la croisée de l'Achéron, du Styx et du Cocyte.

L'enquête textuelle pourra également se doubler d'une étude iconographique. L'examen de la cartographie allégorique, si féconde au dix-septième siècle, invite à une lecture diachronique. Ainsi, la célèbre carte de Tendre, elle-même vraisemblablement inspirée par le Chemin de la Perfection de sainte Thérèse d'Avila, a donné naissance à une floraison de contrefaçons souvent parodiques dont le modèle, malgré ses multiples anamorphoses au fil des ans, reste aisé à percevoir.

L'accent sera mis moins sur la symbolique que sur la configuration topographique dont ce colloque vise à esquisser les grandes lignes. Toutefois, étant donné les ramifications symboliques de l'espace, l'état des lieux ne peut complètement évacuer la portée sociopolitique de ces fictions géographiques. Que l'on pense à La Cité des Dames ou aux diverses représentations du pays des Amazones aux XVIIe et XVIIIe siècles aux utopies galantes comme « l'île Délicieuse » de Madame de Villedieu, les revendications féminines sont par trop évidentes pour qu'on puisse les négliger. Que l'on songe encore aux refuges religieux tel le pays de Jansénie, riposte huguenote aux persécutions, ou à « l'île Imaginaire » du Nouveau Panurge à visée anti-calviniste, ou encore aux diverses tentatives pour recréer dans la fiction narrative un gouvernement idéal ou dérisoire (républiques, anarchies, monarchies, etc.) comme au pays des Troglodytes chez Montesquieu, les intentions des utopiens nous semblent indissociables de la représentation spatiale. Il s'agira donc de montrer comment la rêverie géographique, miroir des préoccupations du temps, réfracte les aspirations des écrivains.

En plus de ces pays imaginaires, d'autres terres mythiques telles l'île de Bornéo, Thulé, Tahiti, Taprobane et l'Arcadie pourront faire l'objet d'un investissement dans le cadre de ce colloque. Qu'ils soient repérables ou non sur les cartes, les mondes nouveaux se nourrissent souvent de topoï rhétoriques et de lieux communs qu'il convient de mettre au jour.

Conformément à l'esprit des recherches menées au sein de la SATOR, on privilégiera les analyses pluritextuelles, propres à dégager des topiques.

Prière de faire parvenir avant le 1er août 2007 les propositions de communications comprenant un titre, un résumé de 250 mots et une brève notice bio-bibliographique aux organisateurs :

Marie-Christine Pioffet à mpioffet@yorku.ca et Daniel Maher à dmaher@ucalgary.ca.

Adresses postales :

Marie-Christine Pioffet
Département d'études françaises
Faculté des lettres
Université York
N 707, Édifice Ross
4700, rue Keele
Toronto (Ontario)
CANADA
M3J 1P3

Daniel Maher
Department of French, Italian and Spanish
University of Calgary
2500 University Drive NW
Calgary, Alberta
CANADA
T2N 1N4




Comité scientifique

Madeleine Jeay, Université McMaster
Daniel Maher, Université de Calgary
Marie-Christine Pioffet, Université York
Janet Ritch, Université York
Sante Viselli, Université de Winnipeg.