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Appels à contributions
Genres littéraires et peinture

Genres littéraires et peinture

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Anne-Sophie Gomez)

Appel à communication :

Colloque « Genreslittéraires et peinture »

Centre de Recherches sur lesLittératures et le Sociopoétique (CELIS EA1002)

en collaboration avecl'Université d'Ottawa

Maison des Sciences de l'Hommede

Clermont-Ferrand, les 20 et 21octobre 2011

Responsablesscientifiques : Nelson Charest(Département de français, Université d'Ottawa) et Anne-Sophie Gomez (CELIS EA1002)

Cecolloque a pour but d'examiner l'interaction entre les genres littéraires et lapeinture, par une analyse à la fois des contextes, des modalités opératoires etdes effets esthétiques qui en résultent. A ce titre, il prolonge les recherchesengagées dans l'ouvrage Ecrire lapeinture entre 18 e et 19e siècles (dir. :Pascale Auraix-Jonchière, 2003), mais dans uneperspective différente et complémentaire.

Depuisla modernité, la relation entre les arts est passée d'une relationconcurrentielle, marquée par l'ut picturapoesis et la pratique de l'ekphrasis,à une relation d'émulation et de saine complémentarité, où chacun des arts a suenrichir ses techniques, sa palette et ses conceptions au contact les uns desautres. Dans le même temps, l'art abstrait a provoqué une remise en question dela critique d'art et de la description notamment, et comme la littératureconnaît aussi sa phase de « défiguration », les innovations serépondent d'un champ à l'autre et donnent lieu à des pratiques en miroir, commele collage ou le calligramme. Ces relations ont été amplement détaillées cesdernières années à l'aide d'exemples précis, choisis dans des oeuvres plusparticulièrement « synesthésiques », ou dans des relations oumouvements particulièrement riches en échanges.

Enrevanche, on a encore peu interrogé les grandes catégories nous permettantd'appréhender chacun de ces domaines esthétiques et de penser la relation entreles arts d'un point de vue plus théorique qu'historique. Ainsi le genre, qui aconnu ces dernières années un regain d'intérêt grâce aux travaux de Combe,Mortier et Schaeffer notamment, nous semble particulièrement apte à pratiquerune passerelle entre les esthétiques et poétiques littéraires et picturales.Pourtant les exemples d'oeuvres qui pratiquent des emprunts génériques abondent,tant en littérature qu'en peinture. Qu'on songe à des oeuvres littérairesfondées sur des genres picturaux : paysage, fresque, portrait, naturemorte, nu, marine, eaux-fortes, croquis, caricature, bambochade ; ou àd'autres catégories génériques qui semblent exprimer une certaine hybridité,comme si leur inscription se situait d'emblée dans un carrefour propre àdéstabiliser les frontières génériques : la nocturne, la fantaisie, lecaprice, l'impression, l'improvisation, la composition, l'idylle, l'allégorie,le blason, le bestiaire, l'épitaphe, la stèle. Ce caractère hybride seraitpeut-être le témoignage du double appui que pratique le discours esthétiquedepuis Hegel, lorsqu'il veut définir chaque art par le contrepoids des autresarts qui s'en distinguent, une démarche qu'on retrouve dans les étudesgénériques également, et qui mériterait une attention plus précise. Parexemple, les raisons qui distinguent le blason du genre romanesque sont-ellesles mêmes que celles qui le distinguent de l'art musical (à supposer que leblason soit d'emblée poétique et pictural) ? Cette double frontièreinvalide-t-elle la spécificité du blason, ou au contraire la définit-elle ?

Enoutre, la critique d'art elle-même s'impose de plus en plus comme un genreautonome, alors qu'elle est nécessairement constamment déportée horsd'elle-même, non seulement vers l'autre médium critiqué (en l'occurrence lapeinture), mais aussi vers d'autres genres littéraires, comme le proposeBaudelaire dans son fameux passage sur le « sonnet ou l'élégie »critique. Le dialogue chez Diderot, la « divagation » chez Mallarmé,l'image surréaliste chez Breton, disent tous comment la critique d'art tire saspécificité des relais qu'elle implique à l'autre art dans un premier temps,mais aux autres genres littéraires également ; et inversement, plusieurspages de la Recherche ou de romanspicturaux s'approchent du genre critique jusqu'à s'y confondre, ce qui demanderaità être précisé. Si plus personne ne croit à la « pureté » des genres,croit-on pour autant qu'il se définisse par son « impureté » ?Ainsi, pour le Barthes de S/Z, toutedescription porte d'abord sur un « tableau du réel », car elleutilise la même fenêtre que le peintre pour découper et encadrer une portion duréel et en proposer une image, plus ou moins réflexive/réfléchissante. Enaffinant ses méthodes, ses techniques et ses formes, en cherchant à innover, lalittérature peut être amenée comme naturellement à reprendre à la peinture, nonpas ses sujets, ses idées ou ses techniques, mais bien des catégories plusabstraites et plus susceptibles de résister à la transposition, comme lesgenres.

Cette manifestation relève duprogramme Dynamique des genreslittéraires (coord. : Alain Montandon et Saulo Neiva), qui se fondesur une conception du genre littéraire en tant que processus en formationpermanente. Dans le cadre de ce programme, le projet Genres au-delà des frontières littéraires vise à examiner latransformation et le fonctionnement des genres grâce à une réflexion de fondsur la transgénéricité, afin de les analyser non pas de manière isolée, dansl'histoire littéraire, mais en relation avec d'autres savoirs et environnementsculturels.

Les propositions de contributions (unepage environ, assortie d'une notice bio-bibliographique d'une dizaine delignes) sont à adresser au plus tard le 30 mars 2011 à Anne-Sophie Gomez :a-sophie.gomez@univ-bpclermont.fr