Générations fantaisistes
1820-1939
Journée d’étude du Centre de recherche « Littérature française xixe- xxie siècles » (EA 4503)
Université Paris-Sorbonne
18 mai 2012
Maison de la Recherche, 28 rue Serpente, 75006 Paris
Appel à contribution
Depuis une quinzaine d’années, la fantaisie a connu un regain d’intérêt auprès de la recherche universitaire ce qui ne signifie pas qu’elle ait livré tous ses secrets. Les conceptualisations incomplètes ou volontairement restreintes de la fantaisie auxquelles la critique est parvenue ont eu le mérite de préparer le terrain à une évaluation plus saine de cette notion au « profil sémantique chargé » (B. Vouilloux) en se méfiant des approches impressionnistes et par trop séduisantes qui ont eu tendance à prévaloir jusque là. De son apparition dans le champ de la littérature française jusqu’à des usages tardifs empreints de modernité, force est de constater que la fantaisie a été l’objet d’appropriations successives, de redéfinitions et d’adaptations qui traduisent une résurgence de la notion à l’échelle de plusieurs générations de littérateurs. Cette transmission inconsciente témoigne d’une pérennité de la notion ainsi que d’une plasticité propre à une reconfiguration perpétuelle de l’idée de littérature.
Notre journée d’étude se propose de poursuivre ce questionnement de la réalité historique et historiographique de la fantaisie dans le domaine français sur une période plus large, plus juste peut-être, du Romantisme jusqu’à l’entre-deux guerres. L’enquête s’était quasi-exclusivement concentrée sur les années 1840 à 1860, au risque de donner une image partielle de l’inscription de la fantaisie dans ce siècle. Un regard plus nuancé révèle que la fantaisie est au coeur des débats esthétiques non seulement dès la période romantique qui a inventé la notion en France, mais aussi lors de ses surprenantes et innombrables résurrections à partir des années 1850.
Notre approche invite à une recontextualisation de la notion, à mesurer les enjeux et les transformations à l’oeuvre en vue d’éclairer le rôle sous-estimé qu’elle a pu jouer dans l’élaboration d’une esthétique de la « modernité ». Cette nécessaire recontextualisation exige de recourir aux discours d’époque, seule garantie pour éviter l’étiolement inexorable d’une notion dont la pérennité est encore controversée. Il s’agira d’assumer cette fluctuation notionnelle sans pour autant tomber dans l’écueil d’une approche transhistorique discutable, ni renoncer à dégager les constantes définitoires de la fantaisie.
Les axes de recherche sont nombreux. Sans pour autant négliger le rayonnement de figures incontournables (Hugo, Musset, Gautier, Banville, Apollinaire, Cocteau ou Vian), on sera particulièrement sensible aux propositions s’attachant à dépasser les singularités monographiques, certes passionnantes, mais souvent aporétiques. On pourra interroger les raisons d’une discontinuité, ou encore les supports (on pense en particulier à la presse périodique) et catégories génériques qui s’avèrent propres à accueillir la fantaisie (et le déterminisme rétroactif de ces supports dans les résurgences de la notion). Si la fantaisie est au coeur des débats esthétiques, il serait fécond de la faire jouer avec d’autres notions avec lesquelles elle a eu partie liée, sur le mode de la consonance, ou, à l’inverse, du conflit. Enfin, on ne saurait oublier les riches échanges entre la littérature et d’autres médias, musique, arts scéniques ou graphiques mineurs.
Filip Kekus et Antoine Piantoni
Prière d’adresser les propositions de contribution (300 mots environ) par courrier électronique à filip.kekus@gmail.com ou antoine.piantoni@yahoo.fr avant le 31 janvier 2012.
Nous informons les participants que les éventuels frais de déplacement et/ou d’hébergement ne pourront être assurés par l’école doctorale et demeurent à leur charge.
Bibliographie indicative
BADESCO, Luc, La Génération poétique de 1860, Paris, Nizet, 1971
BORDERIE, Régine, « Bizarre », « Bizarrerie », De Constant à Proust, Grenoble, Ellug, 2011
BENOIST, Michèle, La Fantaisie et les fantaisistes dans le champ littéraire et artistique en France de 1820 à 1900, Thèse de doctorat dir. Alain Viala, Sorbonne nouvelle, 2000
CABANES, Jean-Louis et SAÏDAH, Jean-Pierre (dir.), La fantaisie post-romantique, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, « Cribles », 2003
DECAUDIN, Michel, Les Poètes fantaisistes, Paris, Seghers, « P. S. », 1982
GROJNOWSKI, Daniel, Aux commencements du rire moderne, L’Esprit fumiste, Paris, José Corti, 1997
KEKUS, Filip, « Gaspard de la Nuit et la fantaisie romantique », « Un livre d’art fantasque et vagabond » Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand, André Guyaux (dir.), Paris, Classiques Garnier, « Etudes dix-neuviémistes », 2010
SANGSUE, Daniel, Le Récit excentrique, Gautier, De Maistre, Nerval, Nodier, Paris, José Corti, 1987
VOUILLOUX, Bernard, Écritures de fantaisie. Grotesques, arabesques, zigzags et serpentins, Paris, Hermann, « Savoir : Lettres », 2008