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Gemini, L’Ambiguïté du « shôjo »

Gemini, L’Ambiguïté du « shôjo »

Publié le par Nicolas Geneix

Gemini, L’Ambiguïté du « shôjo »

Article paru sur le site du9.org, février 2020.

"Avant d’entrer dans les détails, il convient d’expliquer de quoi nous parlons. Avant d’être commercialisés sous la forme de volumes reliés tels que nous pouvons les trouver en francophonie, les mangas sont généralement prépubliés dans un magazine dédié aux mangas : un mangashi. La plupart des éditeurs disposent de plusieurs mangashi dans leur catalogue, destinés chacun à un lectorat précis. C’est ainsi que nous parlerons de shônen pour un lectorat composé de garçons, de shôjo pour les filles, et de seinen pour les adultes. D’autres termes sont parfois utilisés[2], mais il s’agit des principaux.
Néanmoins, cette définition ne nous apprend finalement qu’une seule chose quant aux shôjo : leur lectorat cible. Lequel n’a évidemment rien d’homogène, qu’il s’agisse de l’âge ou des centres d’intérêt de ce public. Si de nombreux éditeurs japonais publient plusieurs mangashi shôjo simultanément, ce n’est pas uniquement pour multiplier les séries, mais aussi pour toucher diverses catégories de lectrices. Ainsi, le Ribon, le Margaret, et le Cookie — trois magazines de l’éditeur Shûeisha — s’adressent à des lectrices appartenant à des tranches d’âge croissantes.

Pour mieux définir le shôjo, il conviendrait peut-être d’abord d’expliquer ce qu’il n’est pas : il ne s’agit pas d’un genre — comme le sont la science-fiction ou la comédie romantique — ce qui ne permet pas de présupposer ce que ces mangas peuvent ou ne peuvent pas raconter. C’est ainsi que nous trouverons effectivement parmi les shôjo de la romance, mais aussi du fantastique, de l’horreur, de l’aventure, du thriller… Le tout traité en gardant en tête le lectorat cible.
Toutefois, il reste difficile de donner une définition précise des shôjo au-delà de leur mode de publication et de leur lectorat, dans la mesure où il sera toujours possible de trouver des exceptions. Formellement, ils se caractérisent souvent par une mise-en-page plus éclatée que ce que nous pouvons trouver dans les shônen[3], l’emploi de certains codes graphiques — mettant notamment en avant les yeux des personnages — ainsi que par une importance plus grande donnée aux sentiments des protagonistes. Sentiments souvent intériorisés, qu’il convient dès lors de retranscrire, que ce soit donc à travers la mise-en-page ou par les yeux, ces « fenêtres de l’âme ». (...)"

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