Revue
Nouvelle parution
G. Séginger (dir), Le Vivant (Romantisme n°154)

G. Séginger (dir), Le Vivant (Romantisme n°154)

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Laboratoire LISAA EA 4120)

Romantisme. Revue du dix-neuvième siècle, n°154, 4/2011

Le Vivant, sous la direction de G. Séginger

  • ISSN : 0048-8593
  • 18 euros

Dans l’histoire des pensées et des représentations du vivant (dont les premières remontent à l’antiquité), le XIXe siècle marque une étape importante avec la place dominante que prend la physiologie en médecine (mais aussi dans la littérature), le rôle prééminent du modèle organique dans les sciences humaines, le développement de la biologie (qui remet en cause les conceptions du XVIIIe siècle et en particulier l’existence d’une mystérieuse force vitale), le transformisme et l’évolutionnisme qui pensent le vivant dans une histoire longue des espèces en relation avec leur milieu. Ce n’est plus la classification des espèces qui est au centre des débats : Buffon, l’un des premiers, lui a préféré l’étude des évolutions et adaptations. Bichat a particulièrement contribué à donner au champ des sciences du vivant une spécificité en refusant l’emprunt de modèles à la physique et en théorisant l’existence de fonctions propres à la vie.
Certaines notions antérieures (comme celle d’harmonie) glissent d’un champ à un autre (de la philosophie ou de l’esthétique et de la musique à la biologie dans le cas de l’harmonie). De nouveaux concepts sont théorisés (adaptation, sélection, hérédité) parfois dans un débat entre les scientifiques et une confrontation entre des représentations différentes du monde et de l’histoire du vivant. En effet, les représentations du vivant et les modèles de pensée qui s’élaborent dans ce champ impliquent souvent un questionnement religieux, à une époque où certains cherchent du côté de la science des réponses qui permettraient de faire l’économie de l’hypothèse d’une création divine et d’une action de la Providence (le débat sur l’évolution des espèces et ou les réflexions sur la hiérarchie des races chez les naturalistes en donnent l’exemple). Toutefois, malgré de nouvelles découvertes (dans le domaine de la théorie cellulaire et de la chimie organique avec Pasteur), de vieilles conceptions se maintiennent assez longtemps comme l’hétérogénie (génération spontanée) défendue par Pouchet contre Pasteur, ou le modèle mécaniste encore impliqué parfois – ne serait que métaphoriquement – dans les discours sur le vivant (voir Le Traité sur l’hérédité du Docteur Lucas).  Il serait donc intéressant d’étudier les formes, les fonctions et les transformations des vieux modèles dans une période où ils sont pourtant largement supplantés par d’autres. La littérature y puise parfois des éléments d’un merveilleux renouvelé (voir Le Docteur Pascal de Zola ou La Tentation de Flaubert) ou d’un nouveau fantastique. Germes, monères, cellules, c’est tout un vocabulaire de l’infiniment petit qui s’invente ou se précise, attirant ainsi l’attention sur l’invisible.
Notre propos n’est évidemment pas de refaire une histoire des débats mais de repérer plutôt quelques questionnements qui traversent plusieurs disciplines (des sciences à la littérature), d’étudier les transferts de modèles des sciences du vivant vers d’autres disciplines ou vers la littérature, ce qui implique parfois des présupposés idéologiques (le cas de la circulation du darwinisme jusqu’aux théories sociales et politiques est l’un des exemples les plus importants).. Nous abordons ce vaste sujet – le vivant – sous l’angle du transfert entre les disciplines en tenant compte du rapport entre imaginaire et invention.

SOMMAIRE
GISELE SEGINGER, Penser et rêver le vivant
CLAUDE RETAT, Le Dieu vivant romantique
WOLF FEUERHAHN, Les « sociétés animales » : un défi à l’ordre savant
BERTRAND MARQUER, De l’épigastre au ventre : oeconomia animale et économie du corps social
CLAUDE BLANCKAERT, Le darwinisme et ses doubles. Note sur la linguistique organiciste
HUGUES MARCHAL, L’hippopotame et le coursier amphibie : de la survie du langage poétique en un siècle de science
NICOLAS WANLIN, La poétique évolutionniste, de Darwin et Haeckel à Sully Prudhomme et René Ghil
JEAN-LOUIS CABANES, Les valeurs du vivant au tournant des XIXe et XXe siècles
Bibliographie sélective