Édition
Nouvelle parution
G. Botero, De la Raison d'État

G. Botero, De la Raison d'État

Publié le par Arnaud Welfringer

Giovanni Botero, De la Raison d'État

Édition et trad. de l'italien par Pierre Benedittini et Romain Descendre, Introduction de Romain Descendre

Paris, Gallimard, coll. "Bibliothèque de Philosophie", 2014

ISBN : 9782070135844

432 p. - 32 €

 

De la raison d'État, dont l'édition princeps date de 1589, compte parmi les livres qui ont le plus profondément marqué la modernité politique à ses commencements. Non seulement il a consacré la notion de raison d'État, mais il a également apporté une contribution décisive à la première affirmation européenne de l'idée d'«État». Giovanni Botero ( 1544-1617), ancien jésuite, secrétaire de grands princes d'Église et consulteur de la congrégation de l'Index, y poursuit comme objectif de codifier la rationalité gouvernementale de cette nouvelle entité politique. L'«État» dit désormais la puissance publique entendue comme seigneurerie sur les hommes et domination sur les territoires, dans une direction qui intègre la leçon machiavélique – bien que l'auteur s'en défende – et rompt avec la tradition éthico-juridique qui avait procuré à la politique son langage. À l'heure des guerres de Religion mais à l'écart des théorisations juridico-politiques de l'époque, la ratio de Botero définit avant tout les savoirs permettant de conserver cette seigneurerie et domination, sous trois aspects essentiels : le gouvernement des hommes, la gestion des richesses, l'administration des territoires. Identification du politique à l'étatique et institution des savoirs du monde social nécessaires à l'État territorial : tels sont les deux traits dont la conjonction fait la modernité de l'ouvrage.
Cette traduction (la première en français depuis 1599) a aussi été l'occasion d'un travail d'édition scientifique sans précédent (y compris en Italie) à partir des quatre versions revues et corrigées par l'auteur. Elle remet dans la circulation intellectuelle un «classique inconnu», toujours cité, mais rarement lu.