Revue
Nouvelle parution
Francofonia, n° 74:

Francofonia, n° 74: "Le concept de genre a-t-il changé les études littéraires ?" (dir. C. Planté et A. Lasserre)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Rivista Francofonia)

Référence bibliographique : Francofonia, n° 74: "Le concept de genre a-t-il changé les études littéraires ?" (dir. C. Planté et A. Lasserre), , 2018.

 

 

 

Francofonia, n° 74: "Le concept de genre a-t-il changé les études littéraires ?"

(dir. C. Planté et A. Lasserre),

Leo Olschki Editore, 2018.

 

 

Sommaire / Indice  

Audrey Lasserre, Christine Planté, Le genre : un concept pour la critique littéraire ?

Yasmina Foehr-Janssens, Littérature médiévale et études Genre : succès, freins et défis

Michèle Clément, Les Œuvres de Louise Labé : quand le genre dérange ;

Florence Lotterie, Un « sexisme intelligent » ? études de genre et usages de Rousseau ;

Anne Tomiche, Ce que le genre fait à l’étude des premières avant-gardes artistiques du XXe siècle ;

Valérie Cossy, Alice Rivaz et Catherine Colomb : femmes et francophones en littérature

Interviews / Interviste

Audrey LAsserre, Christine Planté, L’emploi du genre dans les études littéraires au Maghreb. Entretien avec Touriya Fili- Tullon

Comptes rendus / Recensioni

S. Burnautzki, Les Frontières racialisées de la littérature française : contrôle au faciès et stratégies de passage ; A. Castaing, É. Gaden (dir.), écrire et penser le genre en contextes postcoloniaux ; C. Chaulet- Achour, J. Assier, M. Fremin, C. Jest (dir.), Jeux de dames : postures et positionnements des écrivaines francophones(C. Chaudet) ; É. Viennot, L’Académie contre la langue française : le dossier « féminisation »; H. Constantin de Chanay, Y. Chevalier, L. Gardelle (dir.), Écrire le genre / How to Write the Gender / Escribir el género, Mots. Les langages du politique (A. Coutant, N. Marignier) ; F. Briquet, Dictionnaire historique des Françaises connues par leurs écrits ; M. Calle-Gruber, B. Didier, A. Fouque (dir.), Dictionnaire universel des créatrices ; C. Bard avec la collaboration de S. Chaperon (dir.), Dictionnaire des féministes. France XVIIIe-XXIe siècle (L. Hanin) ; É. Reverzy, Portrait de l’artiste en fille de joie. La littérature publique (V. Stiénon)

Notes de lecture / Schede

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Résumés :

Yasmina Foehr-Janssens, Littérature médiévale et Études Genre : succès, freins et défis
Le développement des Études Genre au cours des trente dernières années a-t-il eu une influence sur la recherche en littérature française médiévale ? Pour répondre à cette question, il convient d’adopter plusieurs points de vue différents. On pourra ainsi prendre acte de succès très remarquables en ce qui concerne la reconnaissance de la contribution déterminante des femmes à l’activité littéraire. Une œuvre monumentale et largement diffusée aux XVe et XVIe siècles comme celle de Christine de Pizan a ainsi pu reprendre la place qui lui revient dans l’histoire littéraire, après avoir été méprisée et ignorée par les critiques universitaires de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Cependant au moment de faire le bilan de l’impact que les travaux qui mobilisent le concept de genre ont eu sur le plan méthodologique, force est de constater que le résultat est plutôt modeste pour ce qui concerne la recherche francophone, alors que dans le monde anglophone, la bibliographie est très abondante. Peut-être la raison de ces résultats contrastés tient-elle dans le fait que la critique féministe et les analyses du genre obligent le chercheur ou la chercheuse à interroger les présupposés de sa discipline dans un contexte académique où l’étude des plus anciens textes français est toujours susceptible d’être remise en question.

Michèle Clément, Les Euvres de Louise Labé : quand le genre dérange
Qu’apporte le genre dans le champ des études de la littérature française de la Renaissance, et précisément pour l’étude des Euvres de Louise Labé ? Une évolution des pratiques est à constater depuis les années 1980 sous cette influence : l’illusion autobiographique a régressé au profit d’une analyse des postures genrées qui a permis de mettre au jour un pétrarquisme critique. Ce qui est troublant est que l’interrogation sur le genre et les performances qui lui sont corrélées sont déjà présentes dans les textes de Louise Labé en 1555. Le déni d’existence de l’autrice Louise Labé (2006) a-t-il un rapport avec ceci ? Le genre aurait-il des effets inattendus ?

Florence Lotterie, Un « sexisme intelligent » ? Études de genre et usages de Rousseau
Cet article se propose d’évaluer l’impact des approches « genre » sur l’interprétation de l’œuvre de Rousseau. Après un long moment polémique, elles ont permis d’interroger la pertinence même de l’accusation de misogynie, déplaçant la question du sexisme et des manières d’en déconstruire les discours et les représentations littéraires. Dans le contexte français, le rapport à Rousseau éclaire notamment la querelle du « féminisme à la française » (2011), où s’affrontèrent Joan Scott, Mona Ozouf et Claude Habib, à l’occasion du scandale dit « du Sofitel », autour de la délicate notion de « galanterie ». Inversement, cette controverse permet de lire l’œuvre autrement et, en particulier, de mieux y saisir une tension non résolue entre la volonté d’un ordre des sexes et le refus d’une guerre des sexes.

Anne Tomiche, Ce que le genre fait à l’étude des premières avant-gardes artistiques du XXe siècle
L’article met en relief la façon dont, envisagée dans une perspective de genre, l’étude transnationale et comparatiste des premiers mouvements d’avant-gardes du XXe siècle (futurismes, vorticisme, dadaïsme) permet d’interroger la doxa critique sur ces avant-gardes à un triple niveau : celui de leurs comportements et de leurs discours sur les rapports sociaux de sexe ; celui de leurs productions artistiques ; celui de l’historiographie que les actrices des mouvements ont contribué à forger.

Valérie Cossy, Alice Rivaz et Catherine Colomb : femmes et francophones en littérature
À partir des œuvres de deux romancières suisses de la période moderne, Catherine Colomb (1892-1965) et Alice Rivaz (1901-1998), cet article interroge les conséquences intellectuelles d’une situation doublement marginale : en tant que femme francophone par rapport, d’une part, au masculin universel et, d’autre part, à la norme culturelle déterminée par la France. Tout autant objective que subjective, cette double marginalité les a certes précarisées sur le plan pratique, mais elle recelait un fort potentiel critique qui s’est nourri de ces deux facteurs de décalage exprimé dans leurs œuvres. En se confrontant à l’écriture, Colomb et Rivaz ont dû aborder la nécessité de définir une position d’énonciation cohérente qui impliquait de rompre avec les normes françaises et masculines, qui fondaient implicitement la référence objective à disposition. À ce titre leurs écrits nous permettent de réfléchir aux conditions d’émergence du genre en tant que catégorie d’analyse.