Questions de société
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France - "Des universitaires mobilisés contre la loi travail. Notre nom ne fait que commencer" - Cécile Canut et Alain Hobé, 4 avril 2016

Publié le par Bérenger Boulay

Des universitaires mobilisés contre la loi travail. Notre nom ne fait que commencer

 Cécile Canut et Alain Hobé, Révolution Permanente, 4 avril 2016

Que se passe-t-il pour que soit à ce point, depuis ce 31 mars, affronté l’ordre imposé du monde ? Que se passe-t-il pour que nous osions ne pas nous soumettre, ni à la volonté des hommes en armes, ni à la logique des discours ambiants depuis longtemps rodés ? Il se passe qu’à force de vouloir tout nous prendre, nous n’avons plus rien à perdre. Nous n’avons rien à perdre.

Quel est-il ce rien ? Ce rien, c’est, puisqu’une loi le rappelle, un monde du travail nécrosé par l’organisation méthodique des rivalités séparatrices et des opportunismes sournois. C’est un milieu politique qu’on sait mené par des stratégies d’appareil, insoucieux de ceux qu’il courtise, et qui se prend à flatter les passions les plus tristes pour les besoins de sa cause. C’est la honte que constitue ce que nous faisons des migrants et réfugiés que nous abandonnons à leur sort à nos frontières autant qu’à l’intérieur de nos villes. C’est l’avenir qu’on voit grevé par la dette éternelle et le legs de décennies d’incurie environnementale. Mais si c’est tout cela, et d’autres choses encore, c’est aussi plus que cela : c’est, à ce point de fanfaronnade et de mystification, la démonétisation à venir de la parole. Le discrédit des mots.

Car nous en sommes aujourd’hui là : qui croire ? En ce sens, c’est, à l’instar de la question écologique, une dévastation du monde à quoi nous nous voyons promis. Au sens premier du terme : ce qui rend moins vastes nos espaces, et singulièrement nos espaces de parole. Quand, à force de spéculations masquées autour d’enjeux de pouvoir, la place de cette parole se réduit à proportion que grandit la peur de la voir reprise et détournée.

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