Actualité
Appels à contributions
Formes et traditions du poème long dans les Amériques

Formes et traditions du poème long dans les Amériques

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Delphine Rumeau)


ARS POETICA

Formes et traditions du poème long dans les Amériques

Colloque international

4-6 juin 2015

UNIVERSITÉ TOULOUSE – JEAN JAURÈS, TOULOUSE

 

Comité d’organisation:

Modesta SUÁREZ (U. Toulouse), Delphine RUMEAU (U. Toulouse) Clément OUDART (U. Paris-Sorbonne), Gaëlle HOURDIN (U. Toulouse), Nathalie GALLAND (U. Bourgogne)

   

Dates de soumission des propositions: 15 septembre 2014

Réponses du comité: 30 octobre 2014

Une tradition critique importante s’est constituée sur le « poème long » (« long poem », « poema extenso », « poema largo ») aux Amériques, forme à la vitalité étonnante sur le continent. Pourtant, cette tradition demeure enfermée dans des limites linguistiques et tisse peu de liens entre les différentes aires américaines : une bibliographie très nourrie existe sur le long poème (et même sur le « très long poème ») aux États-Unis et au Canada anglophone, mais elle est beaucoup plus lacunaire ailleurs, l’Amérique latine ayant réfléchi davantage en termes génériques, épiques en particulier, tandis que les travaux sur la question se sont développés seulement récemment au Québec. Néanmoins, les poètes d’expression hispanophone, francophone, anglophone et lusophone dialoguent, entretiennent des liens forts, par la traduction, la citation, l’émulation. Le travail mené depuis deux ans (séminaire, colloques à Toulouse en 2013, à Madrid en 2014) nous permet de faire coïncider dialogue critique et pratique créatrice sur cette question du poème long aux Amériques.

Il nous semble indispensable de creuser une approche comparatiste et généalogique au terme des deux colloques précédents, qui ont permis de tisser de multiples liens, de dessiner une carte qui demande à présent relief et profondeur, autrement dit recherche généalogique et intertextuelle. Des noms sont revenus de manière récurrente (Walt Whitman, Ruben Darío, T.S. Eliot, Pablo Neruda, parmi d’autres), soit comme fondateurs de telle ou telle tradition du poème long, soit comme des passeurs, qui ont œuvré aux échanges entre langues et à la constitution de lignes américaines, au sens continental du terme. Nous voudrions examiner de manière approfondie ces points de convergence :

Comment les traditions et les canons du poème long se constituent-ils ? Y-a-t-il des spécificités dans les formes du poème long propres aux aires linguistiques ou aux traditions nationales ? Pourquoi le « très long poème » semble un défi dans la poésie de tradition objectiviste aux États-Unis (Ezra Pound, William Carlos Williams, Louis Zukofsky, Charles Olson) alors que le poème archéologique a connu une fortune particulière dans l’Amérique hispanophone (Ernesto Cardenal, Martín Adán…) Les poésies caribéennes ne fonctionnent-elles pas comme de véritables points de relais entre Nord et Sud ?

Ces traditions du poème long se sont-elles constituées en rupture avec celles qui existaient en Europe ? N’a-t-on pas intérêt au contraire à développer une approche transatlantique ? Les liens entre le long poème romantique anglais et le long poème américain, entre la pastorale, les géorgiques anglaises et le grand poème géographique américain seraient ainsi réexaminés sur de nouveaux frais, de même que ceux qui unissent les traditions du romance ou des méditations sur les ruines espagnoles aux poèmes archéologiques latino-américains. N’a-t-on pas intérêt également à développer une approche transatlantique nouvelle, en pensant à des échanges qui iraient aussi de l’Ouest vers l’Est ? Ainsi de la poésie épique de Pablo Neruda sur ses contemporains péninsulaires.

Aborder la question en ces termes de circulations de modèles, de transferts et d’héritages nous permettra de revenir à la définition et à la délimitation du poème long. Sans chercher à établir de définition étroite et définitive, on s’attachera toutefois à dégager des catégories parmi ces modèles : très long poème, magnum opus, suite, série… Pourquoi la poésie québécoise a-t-elle privilégié la suite, parmi les modalités du poème long, alors que le très long poème et la série se sont développés aux États-Unis ?

Nous voudrions enfin nous intéresser à la notion d’impureté qui semble essentielle dans le poème long et que Pablo Neruda théorise dans un texte de 1935, intitulé « Sobre una poesía sin pureza ». On sait que l’ordinaire, le commun, a été considéré comme un élément essentiel de la pensée étasunienne (d’Emerson à Cavell). La longueur du poème résulte alors d’un désir d’« inclusivité » : la liste, la catalogue, la parataxe, en sont les traits stylistiques les plus évidents. Ce choix formel contre le « pur » et en faveur de l’« impur » se met-il toujours au service d’un engagement politique et/ou social ? Cette corrélation de la forme et du politique est-elle pertinente d’un point de vue historique, mais aussi théorique ? Là encore, la question sera abordée en termes de traditions de pensée et de circulation des idées.

Les langues du colloque sont le français, l’anglais, l’espagnol et le portugais.

Les propositions de communications (300 mots + notice bio-bibliographique) sont à envoyer avant le 15 septembre 2014 à l’adresse arspoetica2015@gmail.com