Questions de société
Formation des enseignants : motion de l'UFR Lettres, langues, sciences humaines de l'université Paris Est Créteil (UPEC)

Formation des enseignants : motion de l'UFR Lettres, langues, sciences humaines de l'université Paris Est Créteil (UPEC)

Publié le par Vincent Ferré (Source : UFR LLSH, UPEC)

Motion des responsables des masters enseignement et des responsables des formations de la Faculté des LLSH de l’UPEC (université Paris Est Créteil) réunis jeudi 24 janvier 2013

 

Les responsables des masters enseignement et des autres formations de la Faculté des LLSH de l’UPEC, réunis le 24 janvier 2013 pour examiner les textes (désormais connus dans une version quasi-définitive) de la nouvelle réforme de la formation des enseignants, ont fait le constat qu’elle était à beaucoup d’égards encore pire que la réforme précédente.

Le nouveau concours acte la quasi disparition des disciplines de spécialité : une seule épreuve sur les quatre porte sur les savoirs disciplinaires en tant que tels et, en outre, le barème de notation conduit à les sous-évaluer nettement (1/6 de la note globale d’admission au CAPES). Les responsables des masters enseignement de langues vivantes étrangères sont par ailleurs inquiets de ce qu’aucune des épreuves orales de la maquette générique ne semble expressément prévue dans ces langues.

Le calendrier prévu entraîne la surcharge du M1 avant les épreuves écrites : à courir trop d’objectifs, on aura tout à la fois une préparation disciplinaire insuffisante, une formation professionnelle illusoire (car non-adossée à une pratique de terrain) et une initiation à la recherche inexistante.

Enfin la nouvelle réforme acte la marginalisation des UFR dans la formation des enseignants. La mention « MEEF » est d’ordre technique : elle élimine l’affichage disciplinaire porteur de contenus. Plus profondément, on assiste à une dénaturation des maquettes de master, réduisant de plus en plus la part des disciplines du S1 au S4 et rendant quasi impossible, voire inutile, un véritable travail de recherche disciplinaire.

Quant à la « professionnalisation », alpha et oméga de cette réforme, de quoi s’agit-il au juste ? Il faut rappeler que la didactique, comme l’ont toujours proclamé les spécialistes de cette discipline, n’a pas de sens sans ancrage disciplinaire. À valoriser le « professionnel d’abord » déconnecté des autres savoirs, on risque de priver les étudiants du socle de connaissances indispensable à toute réflexion sur les apprentissages de leurs élèves et sur sur leurs objectifs ; on les prive du bagage théorique et méthodologique indispensable pour tirer pleinement profit de la pratique de classe encadrée en M2 et pour s’approprier le métier d’enseignant de manière progressive, autonome et sûre.

L’UFR de LLSH de l’UPEC ne contribuera à la formation disciplinaire et à la formation à la recherche des futurs enseignants dans l’académie de Créteil que si ces formations occupent dans les MEEF une place significative, établie en concertation avec tous les acteurs de ces masters.