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Folie et théâtralité

Folie et théâtralité

On s'interrogera sur l'interaction entre la folie et la théâtralité dans l'Angleterre de Shakespeare, c'est-à-dire sur la façon dont la folie est portée à la scène, devenant propice à des stratégies méta-théâtrales, servant des vues satiriques, étant récupérée dans des économies de divertissement ou de châtiment — on peut penser à The Duchess of Malfi et à The Changeling —, mais également sur la façon dont l'asile londonien de Bedlam se transforme partiellement en théâtre accueillant des visiteurs-spectateurs et offrant à leur regard d'authentiques fous… avant d'être représenté de la sorte dans des pièces jacobéennes comme The Changeling ou The Honest Whore. On pourra prendre en compte les traités théoriques et les pratiques médicales de l'époque, voir comment le théâtre mais aussi les roguery pamphlets — qui dénoncent les ruses des pseudo-insensés dénommés « abram men » — s'en font l'écho, et analyser ce que Elaine Showalter appelle « the two-way transaction between psychatric theory and cultural representation ». On pourra se pencher sur le cas de Susan Mountfort qui, à l'aube de la Restauration, était venue inopportunément donner le spectacle de sa propre folie lors d'une représentation d'Hamlet, court-circuitant ainsi le rôle d'Ophélie. On pourra privilégier des perspectives linguistiques, sémiotiques ou dramaturgiques, selon une approche synchronique ou diachronique et voir comment on donne concrètement à voir la folie, à quelle symbolique des couleurs, à quel type de musique elle est associée, comment elle est mise en scène et dans quel(s) but(s) , comment les codes de représentation ont évolué au fil des siècles et ce qu'ils nous révèlent sur la façon qu'a notre société d'appréhender les troubles psychiques. Si, dans l'Angleterre jacobéenne, la représentation de la folie était extrêmement codifiée, qu'en est-il au XXIe siècle ? Par exemple, le rapport étroit entre la folie et le féminin qui faisait d'Ophélie « a document in madness », ou un cas d'érotomanie / « love-melancholy », est-il toujours pertinent ? Pourquoi et comment des metteurs en scène contemporains continuent-ils à s'intéresser à des pièces qui traitent, au premier ou au second plan, de la folie ? On pourra également prendre en compte la mise en scène picturale, la façon de peindre et de dépeindre la folie, en examinant, par exemples, les lithographies de Delacroix (La Mort d'Ophélie, 1843), les tableaux de John Everett Millais (Ophélie, 1852) ou ceux d'autres Préraphaélites. les contributions sont à envoyer sous format word (.rtf) à pascale.drouet@neuf.fr avant fin mai 2009