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Figures indépendantes de la bande dessinée mondiale

Figures indépendantes de la bande dessinée mondiale

Publié le par Marion Moreau (Source : Björn-Olav Dozo)

Figures indépendantes de la bande dessinée mondiale

Tirer un trait / tisser des liens 


Le groupe derecherche sur la bande dessinée ACME (Université de Liège) organise en novembre 2011 un colloque sur le thème « Figures indépendantes de la bande dessinée mondiale. Tirer un trait / Tisser des liens. ».L'ambition de ce colloque est d'aborder la bande dessinée dans sesmanifestations les plus novatrices, subversives ou dissidentes, à l'échellemondiale, en se focalisant sur lesstructures éditoriales qui relèvent ou se réclament entre autres dénominations de« l'indépendance ».

argumentaire

À la faveur d'un double mouvement de rationalisation et de concentrationdans l'industrie du livre, mais aussi de la participation d'acteurs d'ungenre nouveau au sein du secteur (industrie lourde, groupes de communication, fondsd'investissement), les principes qui gouvernent la production et la diffusion des biens culturels ont évolué, dans ledernier quart du xxe siècle, dans le sens d'une attention accrue à la rentabilité.Cette exigence a contribué à durcir les critères de la sélection éditoriale enérigeant une barrière à l'entrée pour des oeuvres peu susceptibles d'apporter lesretombées financières escomptées.

Face à un telélan, des structures nouvelles ont vu le jour qui ont fait le pari de combler les lacunes du système en place. Qualifiéesd'« indépendantes », « alternatives », « underground » ou encore « d'avant-garde », cesinitiatives se sont polarisées autour d'uneconception commune du métier, activité — sinonactivisme — vouée à la culture d'un catalogue original, dans un imaginaire de l'altéritécontre le conformisme, sur le mode du smallis beautiful. Après la peinture, le cinéma ou la musique, l'industrie du livre est ainsipassée à son tour à l'heure du grandretournement, de la littérature àl'essai en passant par le livre de jeunesse, ce moment où l'industrie semblegénérer sa propre contradiction.

La bandedessinée, en tant que secteur du marché du livre, n'a pas échappé à ce couplemarchandisation/rébellion. Dans les années 1990, avec des structures telles queL'Association, Cornelius, Amok et Fréon, ego comme x ou les Requins Marteaux,une vague d'indépendants s'est faite le porte-drapeau d'une « autre »bande dessinée dans l'espace franco-belge. Sans doute un tel mouvement a-t-ildes antécédents : Futuropolis, les Éditions du Fromage, Audie ou Artefactavaient eux aussi montré l'exemple d'une édition en rupture avec l'ordreétabli. Inédite cependant, dans les années1990, est l'apparition d'une collectivité d'éditeurs consciente d'elle-même,dont la raison d'être et le repoussoir seront et resteront l'industrialisationde plus en massive de l'édition de bandedessinée ; une collectivité, sinon une génération, qui en même tempsqu'elle allait tirer un trait (sur les figures, les codes et les lieux de la standardisation), allait aussi tisser des liens(avec des ancêtres choisis, avec des pairs locaux, avec des homologues àl'étranger).

De pareilles observations pourraient être faites pour l'édition de bandedessinée hors de ce seul espace. Le mouvement underground qui se développe vers la fin des années 1960 auxÉtats-Unis a donné lieu àd'importants éditeurs tels que Kitchen Sink Press ou Fantagraphics Books. S'y sontdéveloppés, à partir des années 1980, une bande dessinée dite« alternative » — dont les auteurs allaient devenir les figures deproue du « roman graphique » — en même temps qu'un travail depatrimonialisation ou de réhabilitation de prédécesseurs choisis. Sur un modeplus artisanal, l'auto-édition et unmicrocosme reposant sur la diffusion de « minicomics » photocopiés ou en ligne ont enrichi le champ des possibles detout auteur désireux de s'imposer en marge du studio, omniprésentoutre-Atlantique.

De l'espace franco-belge aux États-Unis en passant par la Belgiquenéerlandophone, l'Italie ou la Suisse, de l'Europe du Nord ou centraleà l'Asie en passant par l'Afrique du Sud, des tendances communes émergent sur fond departicularités locales et semblent bien témoigner d'un phénomène mondial.

Fort de cerenouveau créatif, le colloque «  Figures indépendantes de la bandedessinée mondiale. Tirer un trait / Tisser des liens » entend interrogerla bande dessinée dans ses manifestations les plus novatrices, subversives oudissidentes, à l'échelle mondiale, en se focalisant sur les structureséditoriales qui relèvent ou se réclament entre autres dénominations de« l'indépendance ».

Un premiervolet sera consacré à la discussion des concepts mis en place pour désigner lesforces de renouveau de la bande dessinée à l'échelle internationale. Pourinterchangeables qu'ils puissent paraître au premier abord, les termes« d'indépendance », « d'alternative », « d'underground »ou « d'avant-garde » (de l'autre côté du spectre, de « mainstream » ou de« BD ») sont lourds à lafois de présupposés et de connotations, et se trouvent mobilisés dans descontextes d'action bien spécifiques.Épingler les avatars de ce lexique, discuter la variété de ses définitions etde ses usages, constituera un premier enjeu.

Un secondvolet portera sur l'analyse des similitudes et des contrastes tant stylistiquesque thématiques observés au sein del'édition indépendante. L'abandon de la couleur, l'évolution du dessindans une voie picturale ou minimaliste, l'augmentation significative de lapagination des albums ; mais aussi uneforte propension à l'introspection, à de nouvelles formes de réalisme ou encore à l'engagement (critique sociale,positionnement politique, revendications culturelles des minorités),constituent autant de choix de forme ou de contenu qu'il convient d'interrogerhorizontalement.

Un troisièmevolet portera sur les dimensions socio-économique et politique de la bandedessinée indépendante internationale. L'analyse comparative envisagera des aspectstels que la nature de l'indépendance (en regard d'une industrietoute-puissante, d'un marché balbutiant, d'un État intrusif), la diversité desdispositifs techniques mis en oeuvre par les structures (fabrication, diffusion,commercialisation), leur reconnaissance et soutien éventuels de la part despouvoirs publics, la fédération ou non de ces entités, les possibilitésd'échanges en matière de traduction à l'échelle internationale (foires, salons,contacts informels) ou encore les moyens développéspour légitimer et rassembler ces expériences (anthologies ciblées, foires etsalons, ou encore expositions thématiques).

Procédure

Les propositions de communications doivent êtreenvoyées à l'adresse acme2011@ulg.ac.be pourle 15 mars 2011 au plus tard. L'envoi comportera d'une part un résumé anonymede 300 mots environ, d'autre part une fiche signalétique détaillée. Cesdocuments pourront se presenter au format doc ou pdf.

Réponse du comité de sélection : le 1er mai2011.

Les communications se tiendront en anglais ou enfrançais.