XVIe Rencontre duRéseau thématique
La traduction comme moyen decommunication interculturelle
Figure(s) du traducteur
Université de Wrocław, du 28 au 30octobre 2010
« Tout se traduit.[…] La liste est infinie : tout cequi se communique - pas seulement par des moyens linguistiques - estsusceptible de traduction », lisons-nous dans Profession-traducteur de Daniel Gouadec. Pour George Steiner, latraduction est la conditio humana :tout acte de communication linguistique est un acte de traduction. Enfin, lesexpressions métaphoriques telles translational culture ou Third Space de Homi Bhabha ou translatedbeings de Salman Rushdie montrent le caractère hybride des cultures dans unmonde globalisé dans lequel tout serait fruit de la traduction, y compris nosidentités. Dans cette grande complexité de croisements et de déplacements, lespécialiste qu'est le traducteur devient une figure incontournable. La questionse pose de savoir quelle place la société contemporaine lui attribue. Est-cecelle d'hier que rappellent non sans la dénoncer les grands textes :
Don Quichotte : Je ne veux pas dire par là que le métier detraducteur ne soit louable, car il y a de plus mauvaises occupations, et quisont d'un moindre profit.
Les Lettrespersanes : […] Il y a vingt ans que je m'occupe de faire destraductions.
— Quoi?Monsieur, dit le géomètre, il ya vingt ans que vous ne pensez pas ? Vous parlez pour les autres, et ilspensent pour vous ?
Au XXIe siècle, le traducteur est-il estimé ou méprisé ?Traduire, est-ce « la plus abjecte despratiques » ou « la plus noble desactivités » ?
La question du statut légal du traducteur mérite d'être posée au premierchef. Le 22 novembre 1976, à Nairobi, La Conférence générale del'Organisation des Nations Unies (UNESCO), élabora une «Recommandation sur la protection juridique des traducteurs et des traductionset sur les moyens pratiques d'améliorer la condition des traducteurs » afin
D'appeler l'attention sur unétat de fait justifiant certaines mesures d'urgence en vue d'améliorer lacondition des traducteurs, non seulement dans l'intérêt de cette profession,mais aussi dans l'intérêt de la compréhension internationale et de la diffusiondes valeurs culturelles et, d'une manière particulière, au service des sciences,du progrès technologique et du développement économique.
Quarante an plus tard, que peut-ondire des suites qui ont été données à cette «Recommandation...» ? De quelle formation, rémunération, protectionsociale bénéficient les traducteurs ? Quels indicateurs de l'importanceaccordée à leur travail sont ces trois marqueurs sociétaux ?
Les représentations de la figuredu traducteur sont façonnées par les métaphores et les expressions figées, comme traduttore-tradittore, serviteur dedeux maîtres, traducteur – passeur, mais aussi par la littérature (pour ne rappeler que lesromans de Doris Lessing, Pablo De Santis, José Carlos Somoza ou BriceMatthieussent) et par le cinéma (L'interprète).Dans quelle mesure ces images reflètent-elles la réalité ? Valorisent-elles la figure dutraducteur ? La présence de plus en plus fréquente du traducteur dans les oeuvresde fiction est-elle le signe d'une prise de conscience grandissante de sa placedans la société et des enjeux queson travail implique ?
La traduction, omniprésente au XXIe, siècle laisse supposer que derrière la multitude de facettes de ce travail se trouvent des hommes et des femmes aux savoir-faire très différents. Déjà, en polonais, un seul verbe, tłumaczyć, renvoie aux deux formes de la traduction, écrite et orale ; le français distingue le traducteur de l'interprète, mais les deux verbes correspondants renvoient à d'autres subtilités et d'autres variantes du métier. Peut-on vraiment parler d'un seul métier lorsqu'on parle de celui de traducteur? Quelle est la nature de son travail à l'époque de la mondialisation et, surtout, de la révolution informatique ? Le traducteur, dont Ryszard Kapuściński a déclaré qu'il était une figure marquante du XXIe siècle, a-t-il encore quelque chose de commun avec celui dont on peut voir la représentation sur un sceau-cylindre appartenant probablement à Shu-ilishu, traducteur de la langue Meluhha (3e millénaire avant J.-C.) ? Si la traduction devient une occupation massive, y a-t-il encore de grandes figures de traducteurs susceptibles d'inscrire dans l'histoire de la traduction leur marque personnelle comme le firent Saint Jérôme, Martin Luther, Jacques Amyot ou Charles Baudelaire – traducteur de Poe?
Tenter de répondre à cesquestions (et à d'autres...) pour dessiner la figure du traducteur au seuil du XXIesiècle sera l'objectif de la XVIe rencontre du réseau thématique« Traduction comme moyen de communication interculturelle ».
PROGRAMME
Jeudi, le 28 octobre 2010
8h45 – Accueil
9h00 – Ouverture
9h15-11h15
Présidence : Peter Schnyder
Yves Gambier, Université de Turku, Le traducteur défiguré?
Jerzy Brzozowski, Université Jagellonne, Figures de la perplexité. Le traducteur face à la philosophie
Maryla Laurent, Université Charles de Gaulle Lille 3, Le mystère irréductible de l'oeuvre quand lafigure du traducteur se démultiplie
Discussion
11h15-11h45 Pause
Présidence : Jerzy Brzozowski
Agnes Whitfield, Université York, Toronto, Sur les traces de figures effacées : la reconstitution bio-bibliographique des traducteurs et traductrices littéraires
Natalia Paprocka, Université de Wrocław, Traducteurs polonais de la littérature de jeunesse française
Elżbieta Skibińska, Université de Wrocław, Missionnaire, consécrateur, passeur,héraut...? Figures du traducteur de littérature polonaise en France
Discussion
13h15 – 15h00 Repas
Présidence : Yves Gambier
Peter Schnyder, Université de Haute-Alsace, André Gide, un traducteur paradoxal
Alfred Strasser, Université Charles de Gaulle Lille 3, Karl Dedecius, médiateur entre la Pologne et l'Allemagne
Tania Collani, Université de Haute-Alsace, Tous les masques du traducteur: l'exemple d'Aldo Camerino
Discussion
17h00-17h30 Pause
Présidence : Justyna Łukaszewicz
Enrico Monti, Université de Haute-Alsace, Hofstadteret les paradoxes de la traduction
Joanna Jakubowska-Cichoń, Université de Wrocław, Configuration traducteur – auteur: jeu sur deux lignes. Sur Vengeancedu traducteur de Brice Mathieussent
Monika Grabowska, Université de Wrocław, Traducteur vu par son auteur
Discussion
Vendredi, le 29 octobre 2010
9h00
Présidence : Alfred Strasser
JustynaŁukaszewicz, Université de Wrocław, Figure(s) dutraducteur dans le domaine du théâtre
Constantin Bobas, Université Charles de Gaulle Lille 3, Traductionsd'auteur, traductions d'acteur du théâtre de Valère Novarina et DimitrisDimitriadis
Beata Baczyńska, Université de Wrocław, Traducteur au théâtre: Juliusz Słowacki etson « Le prince constant »
Discussion
11h00-11h30Pause
Présidence : Maryla Laurent
Magda Heydel, Université Jagellonne, W lustrze przekładu. Postaćtłumacza w tek�›cie poetyckim
Marcin Cieński, Universitéde Wrocław, Od przekładu do inspiracji: figury polskiego tłumacza współczesnej poezjiamerykańskiej
Małgorzata Gaszyńska-Magiera, Université Jagellonne, O (nie)przeźroczysto�›ci polskich tłumaczy literatury iberoamerykańskiejw latach boomu
Discussion
13h15 – 15h00Repas
Présidence : Constantin Bobas
Maria Papadima, Université d'Athènes, Le retraducteur : un traducteur pas comme les autres
Daniel Gagnon, Écrivain et membre fondateur de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois, Figures de l'auto-traducteur dans le contexte canadien-québécois
Aleksandra Chrupała,Joanna Warmuzińska-Rogóż, Université de Silésie, Existe-t-il une figure du traducteur masculin ? Regardfémini(n)(isant) sur la traduction polonaise d'Albertine en cinq temps de Michel Tremblay
Discussion
17h00-17h30Pause
Présidence : Agnes Whitfield
Marzena Chrobak, Université Jagellonne, Truchements de Normandie – essai de lareconstruction d'une figure
Małgorzata Tryuk, Université de Varsovie, Figure(s)de l'interprète/Rôle(s) de l'interprète
Michaël Mariaule, Université Charles-de-Gaulle Lille 3, La traduction en images et l'image dutraducteur à travers les âges
Discussion
Samedi, le 30 octobre 2010
9h00 – Salle 1
Présidence : Maria Papadima
9h00 – Salle 2
Présidence : Małgorzata Tryuk
Laetitia Kappler, Université de Haute-Alsace, Pericle Patocchi, traducteur de Salvatore Quasimodo – ou comment transmettre la voix du poète
Tatiana Musinova, Université de Haute-Alsace, Voyage au bout de la nuit : le parcours de traducteur dans l'adaptation de l'oeuvre célinienne et sa réception en Russie. Sur l'exemple de la traduction réalisée par Jurij Korneev (1994)
Joanna Górnikiewicz, Université Jagellonne, Figures des traducteurs polonais de Proust
Discussion
11h00-11h30 Pause
Kaja Gostkowska, Université de Wrocław, Traducteur invisible. Sur le discours rapporté dans les textes biomédicaux
Witold Ucherek, Université de Wrocław, Le traducteur dans le dictionnaire bilingue
Discussion
Myriam Suchet, Universités Concordia et Lille 3, Le traducteur littéraire en représentation dans le texte: figure, posture, ethos...
Regina Solová, Université de Wrocław, Traducteurs assermentés polonais par eux-mêmes
Jagoda Cook, Université de Wrocław, Figure de rêve ou comment les étudiants se figurent le traducteur
Discussion
11h00-11h30 Pause
Agata Rębkowska, Université de Wrocław, Le traducteur polonais de dessins animés : une figure importante?
Iwona Piechnik, Université Jagellonne, Figures bleues de traducteurs du Conte bleu de Marguerite Yourcenar
Discussion
12h30 Clôture du colloque