Colloque international
FIGURES DU PEUPLE : RHÉTORIQUE ET SOCIÉTÉ
Université de Liège, 24-25 octobre 2013
Que faire des notions de peuple et de populaire qui, comme bien d’autres termes holistiques (tels que communauté, société, culture, idéologie, nationalité, etc.) (cf. Candau 2010) n’ont pas de référent objectivement délimitable ? Dénoncées comme reposant sur des généralisations indues, elles ont été écartées, déconstruites ou seulement présentées comme un embarras par les sciences sociales des dernières décennies (cf. Grignon et Passeron 1989). Pourtant l’usage des termes et imaginaires holistiques reste tenace dans les discours de tous types (langage courant, discours politiques, travaux scientifiques, littérature, médias, etc.). Ils méritent donc bien qu’on s’y attarde, à partir d’un point de vue qui renonce à l’objectivation documentaire de leur référent, pour privilégier une approche rhétorique. Les concepts holistes ont en effet une dimension rhétorique en ce que leur usage en discours implique une certaine représentation subjective et interprétative modulée dans le but de générer certains effets pragmatiques. Dans cette perspective, la question « Qu’est-ce que le peuple ? » est remplacée par « Comment, par qui et pourquoi s’élaborent en discours des représentations du peuple ? »
Pour répondre à ces questions nous nous intéresserons plus précisément au phénomène de la prise en charge, par un auteur, d’un point de vue énonciatif (paroles, pensées ou perceptions) (cf. Rabatel 2008a) délégué et distingué socialement (implicitement ou explicitement) comme relevant du peuple, de la classe ouvrière, de l’opinion publique, de la foule ou de toute autre conception holiste en rapport avec la couche de la population la plus nombreuse et occupant une place relativement basse dans l’échelle sociale. Nous nous centrerons plus particulièrement sur l’usage des figures dans la représentation et la distinction du point de vue populaire. Il nous semble en effet que l’interprétation subjective du concept holiste (source du potentiel rhétorique) repose sur un mécanisme de circonscription et de caractérisation du signifié particulièrement intéressant à observer lorsqu’il emprunte la voie figurale.
Nous proposons donc de travailler selon une approche rhétorique du concept de peuple, en appréhendant la représentation de ce dernier comme un enjeu à la fois sociologique, énonciatif et figural.
PROGRAMME
----- Jeudi 24 octobre
09.00 Accueil des participants et allocutions de bienvenue
09.30 Émilie Goin (Luxembourg/Liège) et François Provenzano (Liège), Énonciation, figures et société
10.15 Alain Rabatel (Lyon), À propos de deux stratégies opposées de caractérisation du peuple, ou comment catégoriser sans essentialiser
11.00 Débat
11.15 Pause
11.30 Alain Vaillant (Paris), Les voix du peuple : une polyphonie en trompe-l'œil
12.15 Pierre Popovic (CRIST/Montréal), Le peuple en une syllepse. L’individuation collective dans Les Misérables de Victor Hugo
13.00 Débat
13.15 Déjeuner
14.00 Marc Bonhomme (Berne), Figures argotiques et construction d'un point de vue populaire dans les romans d'Alphonse Boudard
14.45 Laurent Perrin (Paris), La voix de l'oralité dans le style de Céline: interjections, émotions et hyperboles
15.30 Débat
15.45 Pause
16.00 Nelly Wolf (Lille), Le peuple en toutes lettres
----- Vendredi 25 octobre
09.00 Dominique Maingueneau (Paris), Le poète et les paysans. Réflexions à partir de « Derniers sillons » (1892) d’Emile Du Tiers
09.45 Jean-Pierre Bertrand (Liège), Le peuple Rimbaud
10.30 Débat
10.45 Pause
11.00 Antoine Janvier (Liège), L'intellectuel, le peuple et ses suppléments : remarques à partir du travail de Jacques Rancière
11.45 Débat
12.00 Déjeuner
13.15 Emmanuelle Danblon (Bruxelles), Être citoyen: une fonction de la rhétorique qui s'apprend et qui s'exerce
14.00 Marianne Doury (Paris), La place faite au peuple / la place prise par le peuple dans quelques dispositifs de démocratie participative
14.45 Débat
15.00 Pause
15.15 Aurélie Tavernier (Paris), L’expert participatif. Figures du savoir légitime à l’ère numérique
16.00 Débat
16.15 Jean-Marie Klinkenberg (Liège), Conclusions