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Appels à contributions
Figures du chef d'orchestre/The many faces of the orchestral conductor

Figures du chef d'orchestre/The many faces of the orchestral conductor

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Revue Transposition. Musique et sciences sociales)

Appel à contributions - Transposition. Musique et sciences sociales n° 5

 

Dossier : Figures du chef d’orchestre

Coordination : Malika Combes et Johan Popelard

 

Depuis son invention au début du XIXe siècle, le chef d’orchestre a fait l’objet d’un grand nombre de discours et d’images. À travers un corpus hétérogène, constitué de traités, d’anecdotes, de films documentaires comme fictionnels, de photographies, de sculptures ou de caricatures, etc., apparaît une figure complexe et controversée, lieu de condensation de projections imaginaires, d’enjeux théoriques et idéologiques. La fascination exercée par cette figure semble d’ailleurs toucher aussi bien les milieux dits « cultivés » que l’imaginaire populaire (à travers les représentations données par Louis de Funès ou Walt Disney). Sa gestique, son charisme personnel et les interrogations sur son influence réelle ont suscité de nombreux commentaires et nourri diverses mythologies. Considérer les gestes du chef d’orchestre invite dans le même temps à les inscrire dans une généalogie qui dépasse les frontières du domaine musical : il s’agit ainsi de comprendre sa gestique au sein d’une histoire embrassant les gestes de commandement ou de suggestion, mais aussi les gestes symboliques de la création et des rituels magiques. Les images que le chef d’orchestre a inspirées se sont elles-mêmes souvent attachées à mettre en scène la dimension corporelle et physique de la direction d’orchestre, dans une perspective héroïque ou au contraire burlesque. D’un côté, incarnation du sublime, chef de guerre ou démiurge, figure sacrée d’une religion de l’art ; de l’autre, marionnette vaine et ridicule, oscillant alors entre les deux figures-limites de l’automate et du fou à la gestuelle désordonnée.

Le chef d’orchestre a aussi été le lieu d’une réflexion sur l’autorité et la soumission, les formes du pouvoir et ses excès. Les expériences d’orchestres sans chef (par exemple Persinfams, 1922-1932) apparaissent comme une critique d’un modèle fondé sur la domination et la recherche d’un contre-modèle non hiérarchique. De même, la féminisation de la profession n’est-elle pas en train de modifier ce modèle ? On peut par ailleurs constater que l’identification au chef d’orchestre est récurrente dans les discours politique ou économique, où celui-ci évoque un exercice doux ou dynamique du pouvoir et un modèle de relation de travail harmonieuse – ces usages métaphoriques s’inscrivant dans le contexte plus large d’une récupération du vocabulaire artistique par les sphères du pouvoir et du management.

Prendre pleinement en considération la complexité de la figure du chef d’orchestre impose ainsi de faire l’archéologie de ces discours, de ces gestes, de ces fictions et de ces images, de remonter les généalogies et de mettre à jour les réseaux de métaphores entre le musical et l’extra-musical. Il conviendrait aussi de s’interroger sur la spécificité occidentale de cette figure et d’essayer de voir quels équivalents peuvent exister dans d’autres cultures. Nous appelons à des contributions qui puissent apporter un point de vue nouveau sur le chef d’orchestre et qui mettent en œuvre des approches interdisciplinaires, associant l’histoire de l’interprétation de la musique, celle des dispositifs matériels de son exécution, l’anthropologie du geste, l’histoire des arts, la philosophie, la sociologie ou les sciences politiques.

Les propositions d’articles (en français ou en anglais), incluant une présentation de la méthodologie de recherche et des principaux résultats, devront être adressées avant le 30 octobre 2013 à l’adresse suivante :

 

transposition.submission@gmail.com.

 

Les articles seront à rendre le 30 janvier 2014.

 

Protocole de rédaction :

http://transposition-revue.org/article/protocole-de-redaction?lang=fr

 

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Call for papers - Transposition. Musique et sciences sociales n° 5

 

Dossier: The many faces of the orchestral conductor

Coordination: Malika Combes and Johan Popelard

 

Since the creation of the orchestral conductor as a defined position, in the beginning of the 19th century, this figure has been fodder for a variety of discourses and images. A complex and controversial character emerges from an analysis of a diverse corpus of treatises, anecdotes, documentary and fictional films, photographs, sculptures, caricatures, etc., in which imaginaries and theoretical and ideological projections lie. The fascination provoked by this figure can be found in “cultivated” milieus as well as in the collective psyche (in narratives by Louis de Funès or Walt Disney, for example). His gestures, his charisma, and discussions about the extent of his real influence have fed numerous scholarly discussions and mythologies.

When taking a closer look at conductor gestures, we are called to inscribe them into a genealogy that goes beyond the limits of the music world. We thus aim to understand these gestures within a larger history, including not only leadership and suggestive gestures, but also symbolic gestures of creation and magical rites. The images that conductors have inspired often showcase the physical aspects of conducting in a heroic or burlesque way. The conductor may represent, in one light, a sublime incarnation, a warlord or demiurge, a holy figure of the Art religion, or, in contrast, a useless and ridiculous puppet tending toward the robotic, or a wildly gesticulating madman.

The conductor has also fed reflection on authority and submission, forms of power and its excesses. Experiments involving orchestras without conductors (for instance Persinfams, 1922-1932) seem to be both a criticism of a domination-based model and the manifestation of a desire for a non-hierarchical counter-model. Along the same lines, is the feminization of this profession also changing this model? That said, we also see that identification with the conductor figure is common in political and economic domains, wherein the conductor represents gentle or dynamic power relations and the ideal of a harmonious work environment. These metaphoric uses are part of a larger context of art vocabulary being taken up by the fields of power and management.

In order to fully understand the complexity of the figure of the conductor, we must undertake an archeology of these discourses, gestures, fictions, and images, and trace and update the genealogies and networks of metaphors between the musical and extra-musical domains. It is also important to examine the Western specificity of this figure, in order to see what equivalents may exist in other musical cultures. We thus welcome papers that would shed new light on the figure of the conductor and that apply interdisciplinary approaches, including, but not limited to, the history of music interpretation, the history of musical materials, gesture studies, art history, philosophy, sociology, and political science.

 

Proposals for papers (in French or English), to include a presentation of the research methodology and key findings, should be sent before October 30th 2013 to the following address: transposition.submission@gmail.com The deadline for accepted papers is January 30th 2014.

 

Submission guidelines:

http://transposition-revue.org/article/protocole-de-redaction?lang=en