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Figures de traducteurs dans l'espace franco-hellénique (19e-21e siècles)

Figures de traducteurs dans l'espace franco-hellénique (19e-21e siècles)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Lucile Arnoux-Farnoux)

Colloque franco-hellénique

Figures de traducteurs dans l’espace franco-hellénique

(19e-21e siècles)

Athènes, 6-8 mars 2014

 

Organisation:

Département de Langue et Littérature françaises de l’Université d’Athènes

École Française d’Athènes

Institut Français de Grèce

 

Appel à communications

L’auteur, le texte original, la traduction même ont longtemps fait ombrage au traducteur qui de ce fait est resté une figure sans contours précis, souvent sans visage, quelquefois même sans nom, opérant de manière abstraite dans des conditions mal connues. « A croire que les effets de ce que Lawrence Venuti nomme "the translator's invisibility" se font ressentir aussi dans la recherche » souligne Susan Pickford[1].

Cependant, si la figure du traducteur reste longtemps dans l’ombre, son importance a été très tôt soulignée : « C’est par les traducteurs que la France a commencé à goûter les bonnes choses » écrit Jacques Peletier du Mans dans son Art Poétique français en 1555. Alexandre Rizos Rangabé souligne avant la lettre,  dans son Histoire Littéraire de la Grèce moderne (1877), le rôle du traducteur en tant que médiateur culturel : « Ceux qui se croyaient appelés à instruire, au lieu de compositions laborieuses et de longue haleine, préféraient porter à leur patrie le tribut de leurs connaissances en traduisant quelques-uns des ouvrages de réputation établie […]. Ils remettaient ainsi la Grèce en possession d’une partie des trésors dont elle avait autrefois doté l’univers »[2].

Aujourd’hui, des traductologues comme Antoine Berman et Anthony Pym nous incitent à prendre davantage en considération le traducteur : « “Allons au traducteur”, c’est là un tournant méthodologique », lance Antoine Berman pour continuer aussitôt : « Ainsi la question qui est le traducteur ? doit-elle être fermement posée face à une traduction »[3] ; de son côté, Anthony Pym renouvelle le mot d’ordre : « Study translators, then texts !»[4]. La place de plus en plus grande qu’occupe la culture dans les recherches traductologiques actuelles, marquée par le Cultural turn in Translation Studies, a permis d’éclairer davantage la figure du traducteur, en élargissant le cadre d’investigation dans une perspective qui abandonne le champ traditionnel de la simple étude textuelle pour une approche qui met sous les feux des projecteurs le« human translator », modèle de recherche proposé par Anthony Pym. « Ce n’est qu’à travers les traducteurs et leur entourage social (clients, protecteurs, lecteurs) qu’on peut essayer de comprendre pourquoi les traductions ont été créées en un lieu et un moment historique donnés. Pour comprendre ce qui s’est passé, nous devons porter notre regard sur les gens engagés dans ces activités »[5], insiste l’auteur de Method in Translation History (1998) et de On Translator Ethics. Principles for Cross-cultural Communication (2012). Les travaux de Gisèle Sapiro, Michaela Wolf et Alexandra Fukari, inscrits dans une approche sociologique de la traduction, vont dans le même sens.

Le colloque sur les « Figures de traducteurs dans l’espace franco-hellénique » se propose de porter un éclairage sur les figures de ces agents essentiels des échanges culturels que sont les traducteurs – hommes et femmes –, dans un espace précis, celui des relations franco-helléniques, mais dans une période assez large, qui va du début du 19e siècle jusqu’à nos jours, de Claude Fauriel, traducteur des Chants populaires de la Grèce moderne en français (1824-1825), jusqu’aux traducteurs actuels, appelés à travailler dans les sociétés multilingues et pluriculturelles d’aujourd’hui.

 

Il ne s’agira cependant pas de constituer une simple galerie de portraits. Le mot « figure » doit être compris en effet non dans le sens réducteur d’une énumération anecdotique, mais dans toute sa polysémie : aspect, image, portrait, type, trope. Nous nous proposons donc d’étudier non seulement l’histoire mais aussi les histoires des traducteurs, leurs conditions de travail, leurs attitudes et leurs choix, leurs pratiques traductives et leurs réflexions traductologiques dans une réalité historique donnée ; d’examiner la manière dont ils ont manifesté leur accord ou leur désaccord avec les modèles canoniques de leur temps, l’accueil qu’ils ont réservé à l’étranger et à l’altérité, leur parti pris – conscient ou inconscient – en faveur de la domestication ou de la foreignization, tels qu’ils apparaissent à la fois dans leurs travaux et dans les documents dont on peut disposer à leur sujet.

Nous indiquons ci-dessous quelques pistes de recherche possibles, en précisant bien qu’elles ne sont pas exhaustives :

On tentera par exemple de définir différents types de traducteurs : écrivains traducteurs, traducteurs savants, traducteurs improvisés, traducteurs professionnels…

On s’attachera également à dresser des portraits collectifs de traducteurs, en s’intéressant à l’évolution du statut du traducteur, ou au traducteur comme médiateur culturel ; ou encore en évoquant l’engagement politique des traducteurs dans les périodes de crise, le genre et la sociologie des traducteurs, etc.

Enfin on mettra en lumière certaines grandes figures de traducteurs, se distinguant par l’ampleur de leur activité ou l’importance des œuvres traduites par eux, sans négliger pour autant des figures plus marginales, traducteurs de l’éphémère, de l’insignifiant.

Langues du colloque : français et grec.

 

Comité scientifique:         Lucile Arnoux-Farnoux (Université de Tours)

Maria Papadima (Université d’Athènes)

Despina Provata (Université d’Athènes)

Simos Grammenidis (Université de Thessalonique)

Georges Varsos (Université d’Athènes)

 

 

Comité d’organisation :   Maria Antoniou (Université d’Athènes)

Mavina Pantazara(Université d’Athènes)

 

Modalités de participation :

Les propositions de communication sont à adresser avant le 30 septembre 2013 par courrier électronique (document attaché de préférence en format word ou pdf) à l’adresse suivante : tradfigures14@frl.uoa.gr.

Elles comprendront un titre, un résumé de 200 mots ainsi qu’une notice biographique de 80 mots maximum. Elles seront examinées par le comité scientifique qui rendra son avis le 30 octobre au plus tard.

Des frais d’inscription de 50 Euros (20 Euros pour les doctorants) seront demandés aux participants, donnant droit à toutes les pauses café ainsi qu’aux deux déjeuners du colloque.


[1] Susan Pickford, «Traducteurs» in Histoire des traductions en langue francaise XIX siècle, (dir. Y. Chevrel, L. D’Hulst, Ch. Lombez), Lagrasse, Editions Verdier, 2012, p. 149.

[2] Alexandre Rizos Rangabé, Histoire Littéraire de la Grèce moderne, Paris, Calmann Lévy, 1877, p. 160.

[3] Antoine Berman, Pour une critique des traductions: John Donne, Paris, Editions Gallimard : 1995, p. 73.

[4] Anthony Pym, «Humanizing Translation History», Hermès 42, 2008, p. 30.

[5] Magda Heydel, «La figure du traducteur dans les recherches traductologiques. Explorations», Figure (s) du traducteur, Romanica Wratislaviensia LIX, 2012, p. 102.