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Figures de l'émigré russe en France au XIXe – XXe : fiction et réalité

Figures de l'émigré russe en France au XIXe – XXe : fiction et réalité

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Charlotte Krauss)

Figures de l'émigré russe en France au XIXe – XXe : fiction et réalité

Colloque international, 1-3 avril 2009, Université Marc Bloch, Strasbourg

La France, pays d'accueil de nombreux écrivains exilés, joue un rôle tout particulier dans la culture russe depuis le milieu du XIXe s. Phénomène exceptionnel au début (on peut citer Tourgueniev lu par Mérimée, Flaubert ou Zola), les rencontres entre écrivains russes et français deviennent courantes avec l'arrivée, à la suite de la révolution d'octobre, de toute une élite intellectuelle de « Russes blancs », internationalement reconnu,s notamment dans le domaine littéraire avec des noms comme Bounine (Prix Nobel en 1933) ou Nabokov, passeur entre les cultures. Une nouvelle vague d'écrivains russes émigrés « malgré eux » arrive en France après la seconde guerre mondiale (N. V. Narokov, L.D. Rjevskij, V. Yurassov), suivie de la vague des dissidents des années 70 (A.D. Siniavski, V. Nekrassov, A.A. Galitch, V. Delaunay). Emigrés pour des motifs politiques et idéologiques spécifiques à chaque fois, ils se représentent souvent dans leurs fictions en train de découvrir un monde nouveau.

La figure de l'émigré surgit également dans la littérature du pays d'origine. Souvent parodique (Karmazinov dans les Démons de Dostoïevski est une parodie féroce de l'auteur d'Assez ! et de Fantômes), elle peut aussi être sympathique (La fuite de Boulgakov). Parfois le point de vue peut se renverser, comme dans le cas d'Alexis Tolstoï : revenu en Union Soviétique, il réécrit ses Emigrés en changeant radicalement le regard porté sur eux.

Enfin la figure de l'émigré russe nourrit à son tour la fiction du pays d'accueil, et ceci dès la première moitié du XIXe siècle. Korasoff, le prince russe ridicule que Julien Sorel rencontre à Londres, puis à Strasbourg, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal (1830), sera suivi de Fédora, la femme fatale russe de La peau de chagrin de Balzac (1831) ; puis, des réfugiés politiques et des « nihilistes » de la seconde moitié du siècle (Souvarine dans Germinal de Zola). Le XXe siècle connaîtra les « Russes blanches » de Paul Morand ou de Patrick Modiano et les Justes de Camus seront largement inspirés des souvenirs des émigrés russes.

Ce triple regard au carrefour de deux cultures ouvre une perspective multiple sur la figure de l'exilé, problématique en soi et qui se situe « entre les mondes et les époques, entre les pays, entre les vivants et les morts – entre les identités diverses » (Jean-Pierre Morel). Dans cette indétermination, c'est le rapport au pays d'origine et au pays d'accueil qui semble cristalliser l'image de chaque « vague » d'émigration : chacune est définie et se définit par sa façon de répondre à ces questions. La perspective diachronique permet de suivre le phénomène de l'écriture de l'exil dans son devenir et d'aborder divers thèmes, propres à la littérature de l'émigration (des existences parallèles, du double destin, de la tentative de s'appliquer la biographie d'un autre…).

Les spécialistes de divers domaines (comparatistes, slavisants, francisants…) sont invités à contribuer à cette réflexion qui fera l'objet d'une publication en français et en russe. 

Titres et résumés de communications sont à envoyer avant le 1 septembre 2008

Contact : tatiana.victoroff@laposte.net, ckrauss@umb.u-strasbg.fr

La langue de communication est le français.

Comité scientifique :

Pascal Dethurens, professeur en Littérature Comparée (Université Marc Bloch),

Sonia Philonenko, professeur en Littérature Russe (Université Marc Bloch), 

Nikita Struve, professeur émérite (Université Nanterre - X),

Tatiana Victoroff, maître de conférence en Littérature Comparée (Université Marc Bloch), 
Charlotte Krauss, enseignante au Département d'Etudes Allemandes (Université Marc Bloch)