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Figurations et ethos du conteur dans la littérature et les arts (XIXe-XXIe)

Figurations et ethos du conteur dans la littérature et les arts (XIXe-XXIe)

Publié le par Charlotte Dufour (Source : Claire Colin)

Figurations et ethos du conteur dans la littérature et les arts (XIXe-XXIe)

 

Publication pour la revue en ligne Agon

Rivista Internazionale di Studi Culturali, Linguistici e Letterari

(http://agon.unime.it)

 

Alors que l’on fête en 2016 le quatre-vingtième anniversaire du célèbre essai de Walter Benjamin « Le Conteur [Der Erzähler] » (1936), il semble important de revenir à cette figure qui, telle que la définit le critique allemand, se trouve aujourd’hui au croisement de plusieurs champs d’étude. D’une part, le texte de Benjamin nous invite à ne pas considérer comme un simple artifice de la narration la présence d’une voix à l’origine de l’histoire. Son texte attire l’attention sur le dispositif narratif du récit enchâssé, sur lequel la narratologie s’est penchée depuis plusieurs décennies pour interroger, à la suite des travaux fondateurs de Gérard Genette, la délimitation et l’interaction des différents niveaux du récit (John Pier, Mieke Bal), pour réfléchir aux caractéristiques narratives de l’oralité figurée dans le texte (Walter Ong, Sophie Rabau) ou pour analyser les relations entre conteur et écrivain dans les scénographies auctoriales (José-Luis Diaz). D’autre part, le conteur étudié par Benjamin n’engage pas simplement le mode de narration de l’histoire, il met aussi en relief les caractéristiques du récit (conte, histoire, récit bref), que Benjamin oppose au roman, dont le philosophe analyse la production, l’échange et la réception dans une communauté. À ce titre, le conteur préfigure les analyses contemporaines sur la dimension éthique et politique de l’acte de narrer, que ce soit à l’échelle de la communauté démocratique (Jacques Rancière, Jean-Luc Nancy) ou dans la nécessité éthique du témoignage, par exemple. La resémantisation actuelle du terme anglais du terme anglais de storytelling (Yves Citton, Raphaël Baroni) montre que le conteur est devenu un sujet sensible, parfois perçu  au mieux comme une nostalgie pour des tendances conservatrices, au pire comme un pur artefact narratif à simples buts commerciaux. Cette place prise par la figure du conteur aujourd’hui traduit néanmoins un regain d’intérêt à son égard.

L’autre raison qui peut aujourd’hui inciter à revenir à la figure du conteur vient non de la théorie, mais des objets littéraires eux-mêmes, qui nous permettent d’élargir la perspective benjaminienne pour nous interroger sur le rôle joué par le conteur dans les nouvelles formes de récit. En effet, si le texte de Benjamin considère le conteur comme le dépositaire d’anciennes valeurs du récit et postule au début du XXe siècle que l’âge des conteurs est terminé, leurs figurations restent extrêmement prégnantes dans les arts à partir du XIXe siècle. Benjamin le renvoie dans un temps pré-moderne, lié à la transmission orale des savoirs et de la narration. Mais le conteur réapparaît dans des textes considérés comme des jalons de l’histoire littéraire moderne et même du genre romanesque, comme Wuthering Heights d’Emily Brontë, qui a donné lieu à une étude célèbre de Wayne Booth sur le narrateur non fiable. Aujourd’hui, non seulement on retrouve cette figure dans toutes les formes de la littérature contemporaine, par exemple dans la fiction postmoderne d’un John Barth ou d’un Robert Coover ou dans les recueils et les textes théoriques de Gianni Celati tout comme les nouvelles d’Antonio Tabucchi ou d’Alice Munro, mais il revient fréquemment dans les nouveaux récits de l’ère numérique, comme le jeu vidéo ou l’écriture en ligne, de même qu’il est assimilé par des pratiques artistiques qui reposent a priori moins sur le langage : en 2015, on a vu ainsi au cinéma l’adaptation du Decamerone par les frères Taviani et du Cunto de li cunti par Matteo Garonne, ainsi qu’une transposition par Miguel Gomes des Mille et une nuits à un Portugal en pleine paupérisation. En période de crise, le récit encadré et l’art de conter paraît bien retrouver une forme d’actualité, que ce soit pour resouder une communauté mise à l’épreuve ou pour mettre en scène un irrémédiable éclatement de la société.

De fait, dans le second volume de Temps et récit, Paul Ricoeur prolongeait la réflexion de Benjamin en assurant qu’au-delà de la mort effective des conteurs, il y aurait toujours de nouvelles manières de raconter, que les années à venir allaient inventer ou réinventer. Benjamin suggérait au fond déjà une idée similaire en montrant comment la logique narrative du skaz des auteurs russes du XIXe siècle, de Nikolaï Gogol à Nikolaï Leskov, se construit en référence au contage traditionnel, dont il ne constitue pas une simple stylisation, mais un élément indispensable au texte, capable de faire du conteur un personnage à part entière et de lui attribuer une véritable personnalité. Il ouvrait ainsi le champ à l’étude d’un imaginaire du conteur dans la production artistique du XIXe siècle à nos jours.

Ce numéro propose de se pencher sur cet imaginaire dans une perspective monographique, comparatiste et intermédiale, en interrogeant la permanence de cette figure dans l’après du temps supposé réel des conteurs dans la littérature et les arts à partir du XIXe siècle. Entre singulier et pluriel, entre conservatisme et modernité, que révèlent ces figurations conteuses sur les nouvelles manières de raconter et les valeurs du récit moderne ?

On pourra étudier les figurations et l’ethos du conteur selon les axes suivants :  

Axe 1 : figures et modèles :

  • Perspective théorique et narratologie : quelles caractéristiques pour les conteurs modernes ? Quelles représentations de ces figures ?
  • Évolution chronologique des figures de conteurs : quelles différences du XIXe au XXIe siècle ?
  • Intertextualité avec les fictions à récit-cadre classique : quels modèles pour les conteurs actuels ?

Axe 2 : valeurs et ethos :

  • Perspective éthique et politique : quelle portée pour le conte ?
  • Individus et communauté : quelles valeurs associées aux nouvelles formes de conte ?

Axe 3 : nouveaux récits, nouveaux conteurs :

  • Perspective intermédiale : quel conte pour quels arts ?
  • Enjeux numériques : quelle utilité pour le conteur dans les nouveaux médias ?

 

Les propositions d’article, en français ou en italien, pourront choisir un axe seulement ou en croiser plusieurs. Elles comporteront jusqu’à 300 mots et seront accompagnées d’une bio-bibliographie. Elles devront parvenir par mail aux deux coordinatrices avant le 1er février 2016. Le comité scientifique donnera sa réponse le 31 mars 2016 et les articles définitifs, en français ou en italien, seront à remettre le 15 juillet 2016, pour une parution en novembre 2016.

Contacts :

Claire Colin klrcolin@gmail.com

Victoire Feuillebois victoire.feuillebois@gmail.com

 

Rappresentazioni e ethos del narratore nella letteratura e nelle arti

(dall’Ottocento agli anni Duemila)

 

rivista on-line Agon, Rivista Internazionale di Studi Culturali, Linguistici e Letterari

 

Nel momento in cui, nel 2016, si festeggia l’ottantesimo anniversario del celebre saggio Il narratore (Der Erzäler) di Walter Benjamin (1936), pare importante riflettere di nuovo su questa figura che, così come la definisce il critico tedesco, si trova oggi al crocevia di diversi campi di studio. Da un lato, il testo di Benjamin ci invita a non considerare la presenza di una voce all’origine della storia come un semplice artificio della narrazione. Il suo scritto porta l’attenzione sul meccanismo narrativo del ‘racconto incastrato’, sul quale la narratologia si è soffermata da molti decenni per fissare – dopo i lavori fondamentali di Gérard Genette – la delimitazione e l’interazione dei diversi livelli del racconto (John Pier, Mieke Bal), o per riflettere sulle caratteristiche narrative dell’oralità così come viene rappresentata nel testo (Walter Ong, Sophie Rabau), o ancora per analizzare le relazioni tra narratore e scrittore nelle ‘scenografie autoriali’ (José-Luis Diaz). Dall’altro lato, la figura del narratore studiata da Benjamin non coinvolge semplicemente le modalità di narrazione della storia: essa mette in rilievo anche le caratteristiche del racconto (fiaba, storia, narrazione breve), che Benjamin oppone al romanzo di cui il filosofo analizza la produzione, lo scambio e la ricezione all’interno di una comunità. A questo proposito, la figura del narratore prefigura le analisi contemporanee sulla dimensione etica e politica dell’atto della narrazione, che sia all’interno di una comunità democratica (Jacques Rancière, Jean-Luc Nancy) o, ad esempio, nella necessità etica di testimoniare. La risemantizzazione attualmente in corso del termine inglese storytelling (Yves Citton, Raphaël Baroni) mostra che il narratore è diventato un soggetto sensibile: percepibile a volte, nella migliore delle ipotesi, come una nostalgia per delle tendenze conservatrici, o, nella peggiore delle ipotesi, come un puro artificio narrativo, dal puro scopo commerciale, questo posto occupato dalla figura del narratore mostra nondimeno un recupero di interesse su di lui.

L’altra ragione che può oggi sollecitare un ritorno alla figura del narratore viene non dalla teoria, ma dagli stessi oggetti letterari, che permettono di allargare la prospettiva benjaminiana per interrogarci sul ruolo giocato dal narratore nelle nuove forme del racconto. In effetti, se il testo di Benjamin considera il narratore come depositario di vecchi valori della narrazione e afferma che, all’inizio del Ventesimo secolo, l’età dei narratori è ormai conclusa, le loro raffigurazioni restano ciò non ostante estremamente pregnanti nelle arti a partire dall’Ottocento. Benjamin inquadra il narratore in un tempo pre-moderno legato alla trasmissione orale dei saperi e del racconto. Ma egli riappare anche in testi considerati come dei punti di riferimento della storia letteraria moderna e anche del genere del romanzo, come in Cime tempestose di Emily Brontë, dal quale è partito un noto saggio di Wayne Booth sul narratore inattendibile. Non solamente oggi si ritrova questa figura in tutte le forme della letteratura contemporanea – come, ad esempio, nella fiction postmoderna di John Barth e di Robert Coover, o nelle raccolte e negli scritti teorici di Gianni Celati, o ancora nei racconti di Antonio Tabucchi o di Alice Munro –, ma esso ritorna frequentemente nelle ‘nuove’ narrazioni dell’era digitale (i videogiochi, la scrittura on-line), fino a essere assimilata a pratiche artistiche che, a priori, meno si basano sul linguaggio: nel 2015 si è visto sullo schermo l’adattamento cinematografico del Decameron dei fratelli Taviani, e quello del Cunto de li cunti di Matteo Garrone, fino alla trasposizione di Miguel Gomes delle Mille e una notte, ambientato in un Portogallo in pieno impoverimento. In un periodo di crisi, il racconto ‘a cornice’ e l’arte di raccontare sembrano ritrovare un’aura di attualità, ora per risollevare una comunità messa alla prova, ora per mettere in scena un’irrimediabile scissione della società.

In effetti, nel secondo volume di Tempo e racconto (Temps et récit), Paul Ricoeur prolungava la riflessione di Benjamin assicurando che, al di là della morte ‘effettiva’ dei narratori, ci sarebbero state sempre delle nuove maniere di raccontare, maniere che il futuro avrebbe inventato o re-inventato. Benjamin suggeriva un’idea simile mostrando come la logica narrativa dello skaz degli autori russi dell’Ottocento, da Nikolai Gogol a Nikolai Leskov, si costruisce confrontandosi col racconto tradizionale, di cui non è una semplice stilizzazione, ma piuttosto un elemento indispensabile per il testo, capace di far diventare il narratore un personaggio a pieno titolo e di dargli una personalità. Benjamin apriva così la strada allo studio dell’immaginario del narratore nella produzione artistica dall’Ottocento ai nostri giorni.

Questo numero si propone di soffermarsi dunque su questo immaginario in una prospettiva monografica, comparatista e intermediale, analizzando la persistenza di questa figura dopo / all’indomani del tempo ritenuto reale dai narratori all’interno dei campi letterario e artistico a partire dall’Ottocento. Tra singolare e plurale, tra tradizione e modernità, cosa rivelano queste rappresentazioni del narratore sui nuovi modi di raccontare e sui valori del racconto moderno?

Si potrà studiare le rappresentazioni e l’ethos del narratore secondo le linee seguenti:

Linea n. 1. Figure e modelli:

  • Prospettiva teorica e narratologia: quali sono le caratteristiche dei narratori moderni? Quali sono le rappresentazioni di tali figure?
  • Evoluzione cronologica della figura del narratore: quali differenze si colgono tra Otto e Novecento?
  • Intertestualità con le narrazioni classiche ‘a cornice’: quali sono i modelli per i narratori di oggi?

Linea n. 2. Valori e ethos:

  • Prospettiva etica e politica: qual è il peso del racconto?
  • Individui e comunità: quali sono i valori associati alle nuove forme della narrazione?

Linea n. 3. Nuove narrazioni, nuovi narratori:

  • Prospettiva intermediale: quale racconto per quale arte?
  • La sfida del digitale: qual è il posto del narratore nei nuovi media?

 

Le proposte d’articolo, in francese o in italiano, potranno scegliere una o più linee di ricerca. Dovranno comportare fino a 300 parole e saranno accompagnate di una bio-bibliografia. Dovranno pervenire via mail alle due coordinatrici del numero prima del 1o febbraio 2016. Il comitato scientifico darà la sua risposta a fine marzo e gli articoli definitivi, in francese o in italiano, dovranno essere inviati il 15 luglio 2016, per una pubblicazione a novembre 2016.

 

Contatti:

Claire Colin    klrcolin@gmail.com

Victoire Feuillebois    victoire.feuillebois@gmail.com