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Appels à contributions
Fictions et Sciences

Fictions et Sciences

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Guilhem Armand)

TrOPICS est une revue interdisciplinaire en Lettres et en Sciences Humaines en ligne, fondée par le C.R.L.H.O.I. (Centre de Recherches en Littérature et Histoire de l’Océan Indien, EA-4078, Université de La Réunion).

Le site est actuellement en cours de création et le premier numéro devrait paraître courant 2013.

Fictions et Sciences

Appel à contributions

Nous nous proposons ici d’explorer les rapports qui peuvent exister entre fictions et sciences. Il s’agit de sortir de cette catégorisation quasi-automatique et guère idoine qui consiste à considérer la fiction reposant sur la science comme relevant de la Science-fiction.

D’où le pluriel du titre. Cette question est en effet à replacer dans une perspective épistémologique, c’est-à-dire que la fiction doit se comprendre par rapport à la science et à la philosophie de son temps : qu’est-ce que la science à telle époque ? Quels domaines ressortissent de la science ? Mais aussi : quelles formes la fiction prend-elle alors ?

Les premières fictions à vocation scientifique – Le Songe de Kepler, L’Homme dans la Lune de Godwin, L’Autre Monde de Cyrano de Bergerac – relèvent du voyage imaginaire, alliance qui connaît un succès jamais démenti jusqu’à nos jours, en passant par J. Verne et H.G. Wells. La fin du XVIIe siècle et le XVIIIe siècle marquent l’essor des entretiens galants qui dérivent vers une science rendue didactique par la grâce de la conversation, sur le modèle prégnant des Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle. Tiphaigne de La Roche et Diderot jouent sur la topique du rêve… les modèles, les genres ou les sous-genres sont nombreux.

Néanmoins, la part d’ambiguïté inhérente à cette écriture fictive qui prétend diffuser un savoir, un enseignement, et notamment d’ordre scientifique, demeure assez importante. Comment « rompre l’os » au bon endroit ? Quelle est la part de certitude dans l’enseignement que prétend délivrer la fiction ? Cette question devient d’autant plus sensible lorsque le texte tend vers une certaine scientificité : celle-ci semble a priori opposée à des notions telles que la fiction ou l’imagination.

D’autre part, s’il est aisé – mais aussi, souvent, maladroit – de souligner, quelques décennies ou quelques siècles plus tard, combien tel auteur de fiction « avait vu juste » et d’en faire un prophète, il convient de se méfier de cette perspective téléologique. Si certains ouvrages tels que 1984, ou Le Meilleur des mondes narrent les craintes socio-politiques de leurs auteurs (réalisées ou pas), il faut se garder de toute conclusion hâtive quant à la projection scientifique et à sa validité au moment de l’écriture : s’agissait-il véritablement d’une anticipation informée, ou d’une extrapolation purement fictive au service d’un autre enseignement, d’un autre « message », ou tout simplement du plaisir de la rêverie scientifique ?

 L’insertion – à plus ou moins grande échelle – d’un discours scientifique dans un texte de fiction peut en effet servir d’autres intérêts, se retrouver détournée : à la fiction à vocation scientifique, s’oppose en quelque sorte la fiction à coloration scientifique. Il convient alors de s’interroger sur les liens avec la science de l’époque, avec l’argumentation sous-jacente, sur les modes d’insertion (parole auctoriale, narratoriale, prise en charge par un personnage…).

Oscillant entre manifestation de l’imagination fertilisée par un discours scientifique et propos savant maquillé en récit d’invention pour le plaisir du lecteur, l’ambiguïté de tels textes relève aussi de leurs conditions d’écriture.

Plusieurs axes d’étude peuvent donc être envisagés :

  • l’ambiguïté déjà présente dans les textes préfaciels
  • La fiction comme prolongement du discours scientifique
  • La fiction comme déguisement du discours scientifique
  • La question de l’insertion de la science dans la fiction (qu’elle tienne la place d’un épisode, d’un présupposé, ou qu’elle en soit le thème principal)
  • La fiction comme remise en question du discours savant, ou le discours savant comme fiction.
  • La question du public visé : l’élite (mais laquelle ?), le grand public, la jeunesse, les femmes…
  • Les rapports entre fictions, sciences, et les autres domaines (réflexion politique, sociale…)

Ce champ d’étude est ouvert aux différentes disciplines des Lettres et Sciences Humaines. Les langues de la revue sont le Français et l’Anglais.

Les propositions d’articles (un résumé d’une page) sont à envoyer à guilhem.a2@wanadoo.fr pour le 15 novembre 2012. Les articles (30000 caractères, espaces compris) seront attendus pour le 15 mai 2013.  

Les consignes pour édition seront envoyées aux auteurs après acceptation de leur proposition par le Comité Scientifique.

 Sortie prévue : juin 2013

 

Fiction and Science

Call for Papers

 

The first number of TrOPICS is dedicated to the relation between fictions and science. We consider that fiction based on science does not necessarily come under the category of Science-Fiction.

All fiction is to be understood in the context of the science and philosophy of its time. This raises a certain number of questions: What is the scientific background of a particular historical period? What domains are considered as “scientific”? What forms does the fiction of the said period then take?

The first fictions dealing with scientific topics–Kepler’s Somnium, Godwin’s Man in the Moon, Cyrano de Bergerac’s L’Autre Monde–are also imaginary voyages. The union of science and imagination has always been very popular, as attest the works of Jules Verne or of Herbert George Wells. The end of the seventeenth century and the whole of the eighteenth century saw the rise of courtly dialogues that, after the model of Fontenelle’s Entretiens sur la pluralité des mondes, were used to present scientific ideas. Tiphaigne de La Roche and Diderot use the topic of the dream, which is but one example of the many different genres used.

 Nevertheless, such didactic fictional works that aim at transmitting scientific knowledge are fundamentally ambiguous. Indeed, one may wonder how “scientific” is the knowledge thus imparted, especially as fiction and imagination are usually considered to be the opposite of science.

Even though it is relatively easy to point out, many years or centuries later, just how clear-sighted such or such an author had been, even casting him in the role of a prophet, one must be wary of such a teleological view of things. If some works of fiction, like 1984 or Brave New World, indeed reflect their authors’ socio-political fears (whether proved to be true or not), one must avoid coming to rapid conclusions about their value as scientific prophecies. Is this a question of well-informed prediction, of fictional extrapolation used to transmit some message, or simply of pure scientific invention?

The insertion of scientific discourse insertion into a fictional text can take many forms and serve many aims. One must distinguish between fiction that has a scientific aim and fiction that simply takes on a scientific colouring. It thus becomes necessary to examine the relation between a fictional text and its scientific context and to analyse the different methods of presentation of the scientific information given, by treating questions like those of voice and of focalisation.

 Such texts that oscillate between, on the one hand, purely imaginative discourse stimulated by scientific knowledge and, on the other hand, scientific discourse disguised as fiction, cannot be studied independently of the context in which they were written.

 Thus, many different approaches are possible:

  • The ambiguity already present in the preface
  • Fiction as a prolongation of scientific discourse
  • Fiction as disguise for scientific discourse
  • Fiction as a questioning of the validity of scientific discourse
  • The question of the insertion of the scientific discourse into the fictional text. Is it present only episodically? Is it included as a presupposition? Is it the main theme?
  • The question of the reading public: is the text written for an elite, for the general public, for young people, for women…?
  • The relation between fiction, science, and other social and political domains.

 Papers, in French or in English, and of up to 30,000 signs, may be submitted from any field in the humanities. To submit a proposal (a one-page summary), or for further information, please contact Guilhem Armand (guilhem.a2@wanadoo.fr). Deadline for summaries: 15th of November 2012. Deadline for papers: 15th of May 2013. Formal instructions will be sent to the authors after acceptation by the Scientific Committee.