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Fictions du politique du XVIIIe siècle à nos jours

Fictions du politique du XVIIIe siècle à nos jours

Publié le par Marielle Macé (Source : Éléonore Reverzy)

Université Marc Bloch - Strasbourg
Équipe d'accueil « Configurations littéraires »

Colloque international, 29, 30 et 31 janvier 2009
Les Fictions du politique, du XVIIIe siècle à nos jours

Depuis sa plus lointaine origine, ce que les modernes désignent du nom de littérature est le lieu d'une intense activité de représentation et de mise en fiction du politique. C'est cette vocation pérenne et transhistorique de la littérature que ce colloque se donne pour tâche d'explorer, du XVIIIe siècle à nos jours.
Par fictions du politique, on entendra la manière dont la question politique vient à s'illustrer dans une fable, à s'incarner dans des personnages, à se réfléchir dans un espace idéal ou tangentiel, à se projeter dans des situations imaginaires ou latérales ; bref, à se représenter selon des modalités spécifiques dont ce colloque tâchera de dégager les contours, de vérifier les invariants ou de retracer les évolutions.
Les fictions du politique s'étant déployées dans toutes les formes et les genres littéraires envisageables, ce colloque les admettra sans restriction, dans l'ambition d'en dégager s'il se peut des stylistiques et/ou des poétiques. Dans cette visée, on prêtera une attention particulière aux oeuvres enregistrant le croisement de l'érotique et du politique, du corps biologique et du corps social, de l'histoire et de ses représentations. L'importance des tropes dans l'élaboration de telles fictions mérite en effet une attention particulière, comme l'ont montré les travaux pionniers d'Alain Grosrichard sur Montesquieu (Structure du sérail. La fiction du despotisme asiatique dans l'Occident classique, Seuil, 1979) ou ceux qu'Antoine de Baecque a consacrés à l'évolution des métaphores corporelles dans le passage des Lumières au premier Romantisme (Le Corps de l'histoire. Métaphores et politique (1770-1800), Calmann-Lévy, 1993). Au-delà du rôle fondamental de la métaphore, il conviendra aussi d'envisager le retour en force de l'allégorie, pourtant condamnée tant par Diderot que par les romantiques, et le déploiement massif de l'oxymore permettant aux contemporains de la Révolution française de penser simultanément l'ancien et le nouveau (Chateaubriand, Tocqueville) ou à leurs successeurs de mettre en scène les conflits inhérents à la démocratie (Hugo ou les écrivains de la francophonie). On ne se limitera pas au genre de l'oeuvre à thèse, sinon pour éclairer le jeu, dans tous les sens du terme, qu'introduit la fiction dans le discours idéologique.

Le point de départ de cette enquête nous est fourni par la parution des Lettres persanes (1721), oeuvre dont il est loisible de penser qu'elle inaugure un nouveau régime de la fiction du politique, en prenant manifestement congé des deux modèles dominants en son temps : l'utopie insulaire nourrie par la dissidence religieuse (Veiras, Foigny) et le traditionnel miroir du prince revisité par Fénelon dans son Télémaque. À l'opposé de ces modèles, les Lettres persanes déploient un espace symbolique réunissant sous une même métaphore le pouvoir érotique et le pouvoir politique, dont la collusion définit précisément le despotisme. Cette exemplaire conjonction d'Eros et du politique se retrouvera dans maints romans du XIXe siècle, tout spécialement chez Balzac, des Chouans (1829) au Curé de village (1842) ou dans Les Rougon-Macquart de Zola, ainsi que dans plusieurs romans francophones d'Afrique noire, des Antilles ou du Maghreb.
Un nouveau paradigme est ainsi constitué, susceptible d'une infinité de variations dont ce colloque se propose une première exploration à travers la littérature française des trois derniers siècles, sans en exclure les littératures francophones qui permettent de les étudier dans le prisme révélateur des réactions anticoloniales et des mouvements indépendantistes.

Le colloque se tiendra à Strasbourg les 29, 30 et 31 janvier 2009. Les propositions de communication sont à adresser avant le 30 juin 2008 à l'un des membres du comité scientifique du colloque :

Pierre Hartmann (hartmann@umb.u-strasbg.fr)
Romuald Fonkoua (rfonkoua@club-internet.fr)
Éléonore Reverzy (ereverzy@free.fr)