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Fictions du modèle 2

Fictions du modèle 2

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Rodolphe Dalle)

<!> Fiction du modèle 2 : Mutations et controverses

Colloque du Centre de Recherche sur les Conflits d'Interprétation Nantes – 15 et 16 mai 2009



Face à la mer et à ses miroitements, à l'incessante mobilité de l'apparaître,les personnages des Entretiens d'Aristeet Eugène du père Bouhours égrainent les modèles pour expliquer cet étrangemouvement des eaux, les marées. Le modèle est comme l'objet, il réside dans leregard ou, pour utiliser un termeplus largement connoté, dans la perspective, c'est-à-dire une reproductibilité incessanteet toujours inassouvie (jamais assouvie) épuisée. Le modèle ne résiderait-ilalors que dans l'errance de cette tension entre la chose et sa représentation ? Le modèle setient-il dans l'intervalle entre ce déjà-là et ce pas-encore-là ? Mais, avant mêmele choix de la bonne perspective, autrement dit avant que ne se constitue latraversée du regard, comment se constitue le voir en un mode encore indéterminé?
La méthode, explique Agamben, ne peut être déterminée préalablement, elle ne sedonne qu'après coup, après que les choses ont déjà suivi leur cours. Il ne peuten effet avoir de méthode du commencement. Descartes lui même nous raconte enquelques mots, au tout début des Méditations, qu'il en est arrivé là parce que les apparences l'ont trop souvent trompé. Lechoix de la méthode intervient quand il rejette la  possibilité de faire le récit des apparences, une par une.La méthode se constitue ainsi comme autant de dévoilements d'un regard qui procède  plutôt par extension, déplacements etpercées. Elle forme moins des procédures qu'elle ne constitue des récits. Plusprécisément, se constitue en récits. Méthode créative qui se dévoiledans et par le récit pour définir son mode, puis se cristallise en modèle. Ensuite, elle élabore des fictions à partir des modèles commeautant de scénarii possibles après que la carte a été donnée. Enfin surgissentles récits de ces fictions mêmes pour les dévoyer et les détourner de toutchemin connu.


Autant il est possible de discuter de conceptions opposées et d'en opposer lesarguments, autant la césure qui sépare ces modes du voir demeure-t-elle énigmatique.Foucault utilise le terme de discontinuité mais il ne dit pas comment lediscontinu se voit. On peut ainsi suivre la controverse entre Platon etAristote, de l'Antiquité jusqu'au XVIIe siècle, quand des auteurs comme Patrizipassent insensiblement de l'aristotélisme à un platonisme plus propice à une appréhensionmathématique du monde. Il est bien difficile cependant d'expliquer comment leregard sur la nature, comme se manifestant d'elle-même, devient ce regardauto-produit de la représentation. Heidegger décrit la mutation dans Qu'est-ce qu'une chose ? Mais il ne l'explique pas. En réalité,il n'y pas encore véritablement controverse dans la mesure où l'espace du débatdemeure introuvable. La dispute oppose les points de vue, mais elle suppose lapossibilité d'un même regard. La question est donc celle de la mutation d'un voir.


Mutations et controverses révèlent la plasticité d'une nature qui se dérobe àtoute saisie préalable au point de replier l'évidence sur la fiction. Laquestion est alors de savoir quel récit, ou quel oubli, permet la production fictionnelle. L'espace de la modélisation, artistique etfictionnelle tient à cette tension.

Ce colloque privilégiera

- Les études qui qualifieront la plasticité de certainsparadigmes, le caractère erratique des controverses ou encore l'illusion des méthodes.

- L'étude d'une oeuvre révélatricede ces changements, de ces querelles et de leurs procédés.
- L'étude des constructions théoriques dans la perspective des mutations et descontroverses épistémologiques, de leurs influences sur la production littéraire,artistique.

- La problématique du format.



Les domaines envisagés sont ceux :

- Des arts et de la littérature :peinture, sculpture, arts, photographie et écritures numériques, théâtre, miseen scène, musique, poésie, danse.

- De la philosophie.

- De l'esthétique, de la critiqueet la théorie littéraire.

Cette réflexion est ouverte àl'ensemble des aires linguistiques et des périodes historiques : l'Antiquitémais aussi l'Âge classique ainsi que notre Modernité.


Les propositions de communication, accompagnées d'une courte notice  bibliographique, sont à transmettre àjacques.gilbert@univ-nantes.fr et rodolphe.dalle@univ-nantes.fr avant le 28 février 2009.