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Fictions de l’origine chez Rétif de la Bretonne (Metz)

Fictions de l’origine chez Rétif de la Bretonne (Metz)

Publié le par Romain Bionda (Source : Nicolas Brucker)

Fictions de l’origine chez Rétif de la Bretonne

Metz, 9-10 juin 2017

La pensée du XVIIIe siècle est une pensée de l’origine : qu’il s’agisse de physique, de politique, d’esthétique ou de linguistique, la démarche consiste, en partant du présent, à reconstituer un enchaînement de causes qui remonte jusqu’à un point auquel on n’assignera d’autre antériorité que lui-même. Quel est le premier commencement ? Pour rendre compte de ces commencements, le discours philosophique a recours à la fiction ; il représente Dieu inclinant de son doigt la terre sur son axe, et précipitant les hommes dans l’histoire. De Platon à Rousseau, les philosophes usent de la fable ou du mythe pour représenter en images l’impensable. Rétif dans sa Physique ne se fait pas faute de recourir à la fable scientifique, dont La Découverte australe puis Les Posthumes donneront d’autres développements : il y est question des races, des langues, du cosmos. Son grand roman Le Paysan perverti pointe une origine, celle de la civilisation et de ses perversions, et propose avec le Bourg d’Oudun une alternative à la ville et un recommencement de l’histoire. Dans l’ordre individuel, Rétif a également exploité la question de l’origine et sa nécessaire fictionnalisation. La vaste autobiographie d’écrivain qu’il livre avec Monsieur Nicolas pense le rapport de l’individu avec ce qui l’a précédé. La filiation suppose la continuité des générations, par laquelle se transmettent des caractères acquis. Les différentes généalogies rétiviennes font jouer la dialectique du singulier et du collectif, inscrivant le destin individuel dans l’histoire collective. Mais cette allégeance au lien généalogique se double d’un rêve d’auto-engendrement. C’est le fameux « fils de moi-même », par lequel l’auteur se pose tout à la fois comme le premier et le dernier homme.

En tenant compte des travaux déjà réalisés[1], les intervenants s’attacheront à montrer, dans l’un des domaines de leur choix, l’importance de la question de l’origine et son incidence dans l’ordre de la création littéraire rétivienne. Ils adresseront, avant le 31 octobre, leurs propositions (comprenant : titre, résumé de 500 mots, notice bio-bibliographique de 100 mots) conjointement à :

  • Nicolas Brucker : nicolas.brucker@univ-lorraine.fr
  • Françoise Le Borgne : Francoise.Le_BORGNE@univ-bpclermont.fr
  • Claude Jaëcklé-Plunian : cl.j.pl@orange.fr

 

 

[1] Notamment : G. Berkman, Filiation, origine, fantasme. Les voies de l’individuation dans “Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé” de Rétif de la Bretonne, Paris, Honoré Champion, 2006 ; F. Le Borgne, « Rétif de la Bretonne ou la filiation polémique », dans Filiation, modèles et transmission dans les littératures européennes (1740-1850), F. Le Borgne (éd.), Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2012, p. 327-338 ; G. Benrekassa, « Le typique et le fabuleux : histoire et roman dans La Vie de mon père », Revue des sciences humaines, n° 4, 1978, p. 31-56 ; N. Brucker, « Trois figures de l’ancêtre chez Rétif de la Bretonne », dans J. Fantino et B. Bourdin (éd.), Les Figures de l’ancêtre. Entre quête d’identité et souci de légitimité, Metz, Centre Écritures, « Théologies et cultures », n° 3, 2012, p. 99-116 ; A. Demos, « Les généalogies de Rétif », Études rétiviennes, n° 24, 1996, p. 29-46.