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Fictions d'anticipation politique

Fictions d'anticipation politique

Publié le par Sébastien Douchet

FICTIONS D'ANTICIPATION POLITIQUE

 

L'équipe « Représentations du politique », créée au sein du LAPRIL [http://lapril.u-bordeaux3.fr], dirigé à Bordeaux 3 par G. Peylet, lance l'appel à articles suivant, en vue de la publication, dans la collection Eidôlon, d'un ouvrage collectif, qui sera mis au point par Michel Prat et Alain Sebbah.

 

 

Adresses électroniques : prat-michel@wanadoo.fr, sebbah.alain@wanadoo.fr

URL de référence : http://lapril.u-bordeaux3.fr/article.php?id_article=196

 

Résumé à envoyer fin septembre 2005 au plus tard.

Articles à fournir fin janvier 2006.

 

 

 

 

Appel à articles :

 

 

 

On pourrait définir de façon simple la « fiction d'anticipation politique » comme celle qui, à partir de données actuelles (c'est-à-dire, en fait, de l'époque où l'oeuvre a été créée) projette l'action dans un avenir plus ou moins lointain (anticipation), afin de donner une image précise de ce que peut/risque de devenir notre civilisation.

La littérature et le cinéma se complètent et, par certains aspects, inévitablement, divergent dans la façon de représenter ce devenir. Il s'agira moins de s'engager dans une comparaison de plus entre littérature et cinéma que de mesurer dans les oeuvres littéraires et cinématographiques les plus récentes l'évolution des problématiques et des thèmes. Dans le domaine littéraire, certaines de ces oeuvres ont mis l'accent sur la mise en place d'un mode de vie nouveau et/ou de valeurs nouvelles (ex : Brave New World d'A. Huxley), après une rupture cataclysmique (ex : Towards the End of Time, de J. Updike, Le Radeau de pierre de J. Saramago); d'autres sur l'organisation de la vie sociale par un pouvoir fort (The Iron Heel de J. London, 1984 de G. Orwell, Héliopolis d'E. Jünger, Globalia de J.C Ruffin). Dans le domaine du cinéma, on peut penser aussi au film de Fritz Lang, Métropolis, et à sa réécriture par Rintaro, sous le même titre mais en dessin animé (sorti en 2002). Le passage d'une forme à l'autre est tout aussi problématique que les variations thématiques : quelle image se forme-t-on du cataclysme du début du XXe et au début du XXIe siècle ? Quelles représentations du pouvoir ? Quelles représentations de l'humanité (à travers les classes sociales, les figures de l'humanoïde, etc.) ? Comment est-on passé de La jetée de Chris Marker, à L'Armée des douze singes de Terry Gillian ? Le premier (confidentiel en 1962) se proclame photo-roman à la frontière du cinéma, le second (1967) a eu une audience internationale.

 

 

Plusieurs aspects de ces romans et de ces films méritent qu'on s'y attarde :

 

 

- Dans le domaine de la littérature, la représentation de la rupture avec l'ancien monde est fort diverse : guerre, cataclysme, saut dans le temps (ex : Héliopolis, l'action se déroule dans l'avenir, mais le narrateur se situe dans un futur encore plus éloigné, à un moment où l'humanité a dépassé ses crises archaïques). La rupture avec l'ancien monde peut être la clé de l'intrigue (ex : La Planète des singes, roman ou film). Cette rupture n'est pas toujours figurée, elle peut être inscrite dans la mémoire d'un personnage (celui qu'interprète E.G. Robinson dans le film de Richard Flescher Soleil Vert), elle peut prendre la forme d'une anticipation dans l'anticipation (voir la dernière séquence d'I.A (sortie en 2001) de Steven Spielberg).

- L'effet de réel : mise en scène de personnages qui ne sont pas fondamentalement différents du lecteur, mais qui évoluent dans un environnement autre (Brave new world, Héliopolis), et dont l'auteur s'applique à imaginer avec précision la vie quotidienne (Héliopolis). Effet de réel qui devient, pour des raisons différentes, un des ressorts du film, dans Matrix par exemple, ou encore dans Pleasantville (Gary Ross, 1999).

- L'aspect prophétique de ces oeuvres (certaines prévisions se sont réalisées), et leur portée critique : elles dénoncent le présent en décrivant l'avenir (ex : dans Globalia, un monde clos de riches servis par la technique est coupé d'un univers de pauvres vivant dans des états dégradés de vie matérielle et de culture).

- La question du pouvoir : représentation d'un pouvoir dictatorial et/ou manipulateur. Jamais le cas d'une démocratie n'est envisagé. Ce pouvoir peut prendre des aspects politiques, mais aussi économiques (voir dans Blade Runner la « Tyrell Corporation »). Plus fréquemment, le pouvoir s'appuie sur la sélection des individus (Bienvenue à Gattaca).

- La ville, souvent conçue pour être le siège du pouvoir, par exemple dans Héliopolis, peut apparaître sous différentes formes, particulièrement au cinéma. Son caractère symbolique est associé à une géographie : ville détruite ou interdite (La Planète des singes), ville enfouie sous les eaux (I.A), ville dans la ville (Soleil vert), ville sous la ville (Métropolis), les variations semblent infinies. La ziggourat (Blade Runner, la version de Métropolis de Rintaro), la tour de Babel, sont fréquemment évoquées.

Les exemples donnés ci-dessus ne sont évidemment destinés qu'à servir de points de repère. On pourra non seulement s'intéresser à d'autres oeuvres majeures (Farenheit 451de R.Bradbury, On the Beach de Nevil Shute…), mais à des productions de la paralittérature, dans lesquelles les thèmes et les procédés utilisés apparaissent souvent avec une grande netteté.