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Fabula au colloque

Fabula au colloque "l'Université à l'ère du numérique"

Publié le par Alexandre Gefen

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Fabula sera présent au colloque international « l'Université à l'ère du numérique » (Palais des congrès de Bordeaux du 10 au 12 décembre).

 

Vous trouverez le texte de la présentation qui sera faite de notre projet :

 

Axe 2: Les usages du numérique : appropriation et perspectives 

 

Alexandre Gefen (MCF, université Bordeaux 3), Marie de Gandt (MCF,université Bordeaux 3) et René Audet (professeur, université Laval, Québec)

 

 

Une communautéuniversitaire virtuelle à l'heure du web 2.0 :
le projet Fabula

 

 

La dernière décennie a été l'occasionde voir émerger des portails consacrés à des disciplines universitaires.Répondant à une urgence de mettre les chercheurs en réseau et de leur offrirdes outils liés à l'actualité de la recherche et à la diffusion des résultats,ces plateformes ont connu des moments de gloire et parfois des chutesspectaculaires. Si l'effervescence du web a certainement contribué à leurréussite, la stabilité de ces initiatives a souvent été mise en péril par unecapacité limitée de suivre à la fois les besoins des communautés desservies etl'avancement technologique (source de possibilités mais autant cause d'unecaducité précoce).

 

En dix ans, le site Fabula (http://www.fabula.org),portail universitaire de ressources et de recherches en ligne, est devenu unacteur central de la diffusion de la recherche en langue française dans ledomaine des études littéraires. Cette plateforme est riche de 25 000 pagesd'annonces (offres de postes et de bourses, annonces de parutions, appels àcontributions, etc.) et de 2500 pages de contenus propres (actes, revues desparutions, atelier de théorie littéraire, etc.). Le site constitue un espace depremier plan pour la diffusion de l'information scientifique et la connaissanceen matière d'histoire, de théorie et de critique littéraire, répondant auxbesoins des chercheurs autant que des étudiants et professeurs du secondaire.Il promeut une vision ouverte et dynamique de la recherche littéraire : ilrecueille aussi bien des cours d'Antoine Compagnon, professeur au collège deFrance, que des premières publications de doctorants. Rien d'étonnant alors àce que la qualité du site ait été reconnue — presse grand public (Monde,Magazine littéraire), citations dans les rapports de jurys de concours et dansles articles de presse consacrés à la réflexion sur la « mutationnumérique » de nos sociétés (le site a par exemple reçu en 2003 le prixArgos Denis Diderot décerné par les Rencontres internationales de l'audiovisuelscientifique de l'UNESCO). La plus belle preuve de la réussite de Fabula résidenéanmoins dans ses 600 000 pages vues et ses 166 000 visiteurs uniques mensuels(parmi lesquels français : 65%, canadiens : 6%) et ses 18 000chercheurs abonnés, ce qui en fait l'un des tous premiers sites universitairesen SHS. 

 

Si Fabula constitue certainement lesite de référence pour les études littéraires en France, son amplitude dépassedésormais les frontières de l'Hexagone. Fabula a notamment contribué à la netteaugmentation de la visibilité des travaux menés par les chercheurs littérairesau Québec, lieu de résidence de l'un des cofondateurs du site, René Audet,professeur à l'Université Laval. Depuis près de dix ans, les collaborations etla recherche collégiale entre chercheurs français, québécois et chercheursd'autres pays francophones ont considérablement augmenté. On peut penser queFabula a joué un rôle important dans cette ouverture de la recherche en étudeslittéraires hors de la France métropolitaine, laquelle s'accompagne d'unevision de la communauté scientifique qui tend à faire évoluer les pratiques etpolitiques académiques : la veille scientifique en direction despublications étrangères et notamment anglo-saxonnes, la diffusion ouverted'appels à contribution et d'actes de colloque ainsi accessibles aux jeuneschercheurs, ses encouragements à la mutualisation et à la production decontenus collectifs, ses dispositifs participatifs et la visibilité donnée auxdébats  académiques

 

La force du projet tient d'abord à sonpolymorphisme puisque le site est à la fois une agence d'information, unerevue, et un centre de recherche en ligne. Elle tient ensuite à sonenvironnement institutionnel solide (le site est hébergé à l'Ecole normalesupérieure (Paris) et à l'Agence Universitaire de la Francophonie, et soutenupar une dizaine d'universités, dont  Bordeaux 3 (dont émane son fondateur,Alexandre Gefen) et l'Université Laval (Québec)), mais tout autant à son autonomie parrapport aux structures : autogéré par une équipe restreinte de jeunesuniversitaires constitué en association loi de 1901, le site s'est inventé surle web comme un projet d'emblée délocalisé. Il fait appel à diversestechnologies, ici pour favoriser la diffusion des contenus, là pour assurer lamaîtrise de la publication par des utilisateurs non informaticiens. Cela n'estpas incompatible avec un suivi rapproché des évolutions des standards et desoutils :  colloques interactifs, annuaire international des chercheurs,RSS, CMS partagé avec revues.org (CNRS), mots clés permettant lapersonnalisation du site et la navigation transversale — ce dernier projet estactuellement en cours de développement avec le soutien du très grand équipementAdonis du Ministère de la Recherche.

 

Ce rôle institutionnel et cetterichesse technologique font la force de Fabula. Mais ces atouts s'accompagnentd'une indéniable fragilité, qui menace aujourd'hui le développement du site.L'autogestion repose sur le bénévolat d'une équipe d'une dizaine de professeurset maîtres de conférences, sans l'appui d'aucun permanent. Cette faiblesse sefait ressentir alors que Fabula se trouve à un moment crucial de sonhistoire : le site traverse une crise de croissance typique du web dont lesprojets les plus efficaces et agiles se sont développés sans structures nifinancement importants. Fabula doit ainsi relever des défis technologiquesparticulièrement lourds : la gestion quotidienne des services de presse etdu flux d'information émanant des chercheurs, mais surtout la confrontation àla mutation du web 2.0 (adaptation aux pratiques personnalisées du webcontemporain, sémantisation et compatibilité avec les standardsd'interopérabilité / OAI-PMH). A travers l'analyse du « cas » Fabula,nous voudrions proposer une réflexion sur le devenir des portailsscientifiques, à l'heure de la conversion numérique des besoins de publication,de documentation et d'organisation de la recherche.