Essai
Nouvelle parution
F. Jost, De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ?

F. Jost, De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ?

Publié le par Marc Escola

F. Jost

De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ?

CNRS éditions
Collection : Débats
Parution : 03/06/2011

ISBN : 978-2-271-07206-1

64 pages
4,00 € TTC


"Qu'est-ce qui attache le téléspectateur à une fiction télévisuelle aujourd'hui ? Pourquoi les séries américaines ont-elles connu un tel engouement ? Suscité une telle addiction ? D'où vient la passion des séries ? De sont-elles le symptôme ?"
F.J.

* * *

Dans le Monde des livres du 8/6/11, on pouvait lire cet article de S. Kerviel relatif au présent ouvrage:

"De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ?", de François Jost : séries TV, les raisons d'une addiction
lemonde_source.png | 07.06.11 | 15h47 • Mis à jour le 07.06.11 | 15h47

C'est une exception dans le paysage télévisuel. Dans cet univers regardé avec une certaine condescendance par les intellectuels, les séries jouissent d'un statut à part, jusqu'à faire l'objet d'études savantes de la part de chercheurs et de réflexion philosophique dans les classes.

On compte parmi les universitaires de véritables "sériphiles", à l'instar de François Jost, professeur à Paris-III, où il enseigne l'analyse de la télévision et la sémiologie audiovisuelle.

Le chercheur, qui dirige la revue Télévision (CNRS), a voulu comprendre pourquoi les séries, notamment américaines, fascinent, en France, un public grandissant. Au point de susciter, chez certains, une véritable addiction. Dans un court essai, il aborde la question d'une manière originale, préférant explorer les relations que les séries instaurent avec ceux qui les regardent plutôt que de s'attacher aux secrets de fabrication de ces productions.

"La réussite d'une série est moins dans les procédés qu'elle emploie (visuels, rhétoriques, narratifs, etc.) que dans le bénéfice symbolique qu'elle procure au spectateur", écrit-il. Pour appuyer son argumentaire, il a choisi de privilégier, non pas les séries distinguées par la critique, comme "Mad Men" ou "Les Soprano", mais celles qui fédèrent le public le plus large.

Si ces productions américaines paraissent si proches, c'est "qu'elles se fondent sur des idéologies transnationales, des lieux communs qui font florès dans de nombreux pays", comme "le complot" ("Heroes", "24 heures chrono") ou "le rejet des élites" ("Prison Break"), estime le chercheur.

"Condition humaine"

L'autre raison du succès de ces séries est leur "universalité anthropologique". Même si les héros ne nous ressemblent pas, leurs aventures et démêlés sentimentaux les rapprochent de nous, téléspectateurs. "Les Soprano", ancrée dans l'univers de la Mafia, "est d'abord une réflexion sur la famille et sur chacun de nous", note l'auteur. De même, en mettant en scène une famille de croque-morts, "Six Feet Under" "n'hésite pas à interroger directement notre condition humaine", analyse-t-il. La relation qui se tisse entre le public et le ou les héros compte aussi pour beaucoup dans le phénomène d'addiction. Comment naît cette relation particulière ? Des qualités ou des défauts des personnages ?, s'interroge le chercheur.

François Jost observe qu'aujourd'hui la majorité des séries à succès "racontent l'histoire de personnages du mode mimétique bas, c'est-à-dire de personnages qui nous ressemblent", alors que le héros supérieur aux humains et à son environnement dominait dans les feuilletons d'hier.

Les scénaristes ont tendance aussi à imaginer, de plus en plus, des situations à héros multiples, ou des couples de héros, ce qui a pour conséquence, selon le chercheur, d'accentuer la dimension humaine de ceux-ci. Cette astuce scénaristique permet "à chacun de nous de se reconnaître dans tel ou tel personnage et de construire leurs relations à l'image de notre famille", observe le chercheur.

L'auteur se révèle moins convaincant lorsqu'il évoque, parmi les bénéfices symboliques que trouverait le public dans les séries, le pouvoir de celles-ci de lever les secrets. "En débusquant les mensonges, en offrant le spectacle d'une vérité à visage humain, (...) les séries américaines apportent une consolation à la perte définitive de la transparence dans nos sociétés démocratiques." C'est pousser l'analyse un peu loin.

DE QUOI LES SÉRIES AMÉRICAINES SONT-ELLES LE SYMPTÔME ? de François Jost. CNRS Editions, 64 p., 4 €. Sylvie KervielArticle paru dans l'édition du 08.06.11