Essai
Nouvelle parution
F. Dastur, Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident

F. Dastur, Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident

Publié le par Université de Lausanne

Référence bibliographique : ​Françoise Dastur, Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident, Paris : Les Belles Lettres, coll. Encre marine, 2018.

224 pages
EAN13 : 9782350881423

***

Ce qui a fait naître l’émerveillement des premiers penseurs grecs, c’est qu’il y a quelque chose plutôt que rien, et c’est là ce qui a donné le coup d’envoi à cette pensée de l’être qui s’est développée de Parménide à Aristote et qui constitue le fondement de la philosophie occidentale. On trouve cependant, déjà dans la pensée grecque, une dénégation de la possibilité d’un discours sur l’être, d’abord chez Gorgias, contemporain de Socrate, puis chez le fondateur de l’école sceptique, Pyrrhon. Et à l’époque même où Parménide écrivait son poème, une pensée de la vacuité et du néant commençait à se développer en Orient dans le cadre du bouddhisme, laquelle met profondément en question la notion même d’ontologie. Or c’est précisément cette pensée du rien qui resurgit en Occident à la fin de l’âge classique, avec ce premier philosophe véritablement moderne qu’est Kant, dans son Essai sur les grandeurs négatives et cette « Table du Rien » qui, dans La Critique de la raison pure, clôt l’Analytique transcendantale. Et c’est le concept de négativité qui va former chez Hegel la matrice même de la pensée dialectique, alors que celui du néant constituera le coeur de la critique du nihilisme qu’entreprendra Nietzsche, avant de redevenir, avec le Heidegger de Qu’est-ce que la métaphysique ?, avec le Sartre de L’Être et le néant, et avec le dernier Merleau-Ponty, auteur de ce livre inachevé qu’est Le Visible et l’Invisible, un thème fondamental de la pensée de l’apparaître.
Une telle pensée du néant et de la négation traversant la frontière qui sépare l’Orient de l'Occident, il s’agira donc, en prenant comme référence majeure la pensée heideggérienne, d’en interroger les diverses figures, d’abord chez Gorgias et Pyrrhon, puis chez Nagarjuna, le plus grand penseur du bouddhisme indien (ii-iiie siècle) et chez Nishida (1870-1945), représentant fameux de l’école de Kyoto et du bouddhisme zen, avant d’en venir à l’idéalisme allemand avec Kant et Hegel, à la question du nihilisme européen avec Schopenhauer, Nietzsche et Heidegger, puis à la phénoménologie avec Husserl, Sartre, Merleau-Ponty et Maldiney.

Françoise Dastur, professeur honoraire de philosophie, a enseigné dans les Universités de Paris-I, Paris-12 et Nice-Sophia Antipolis. Son travail porte sur la philosophie allemande et la phénoménologie. Elle est présidente honoraire de l’École Française de Daseinsanalyse dont elle fut l’un des membres fondateurs. Chez Encre marine, elle a publié Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident (2018), Chair et langage (2016), Hölderlin, le retournement natal (2013), À la naissance des choses (2005), Dire le temps (2002).

***

Table des matières

Avant-propos – De la nécessité, aujourd’hui, d’une pensée sans frontières 
Ouverture – Heidegger : Ontologie et déconstruction de l’histoire de l’ontologie 
Figure I – Être et non-être dans la pensée grecque : Parménide, Gorgias, Pyrrhon 
Figure II – Bouddhisme et pensée de la vacuité et du néant : Nāgārjuna et Nishida 
Figure III – Du « Rien » kantien à la négativité hégélienne 
Figure IV – Le nihilisme : Schopenhauer-Nietzsche-Heidegger
Figure V – Le néant, le négatif et la phénoménologie : Husserl, Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Maldiney 
Finale – Heidegger : la biffure de l'être et la phénoméno-logie de l'inapparent

***

Passer commande sur le site de l'éditeur