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Extrême(s) (Tunis)

Extrême(s) (Tunis)

Publié le par Marc Escola (Source : Bessem Aloui)

Appel à communications

 

Congrès international

Extrême(s)

 

Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba, Tunis

Laboratoire de Recherches : Etudes Maghrébines, Francophones, Comparées et Médiation Culturelle

 

8-9-10 décembre 2016

 

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. », écrit Antonio Gramsci.

 

De la Grèce antique où l’hybris, sentiment violent inspiré par les passions et par l'orgueil, était considérée comme un crime, jusqu’à l’Europe humaniste et à celle des Lumières, les épopées, les essais, les pamphlets et les traités préconisant la tolérance et l’amour de l’Autre ont constitué les fondements d’un brassage culturel, d’une ouverture sur un monde différent que les hommes prenaient le temps d’assimiler pour s’en imprégner à loisir, au-delà des clivages identitaires et culturels.

 

À cette soif humaniste de s’ouvrir à l’Autre et de connaître sa culture ainsi que sa part d’originalité qui fait sa différence, va succéder une vision matérialiste émergeant au beau milieu du XIXème siècle, préconisant une capitalisation des richesses de la planète dont ceux qui accéderont aux nouvelles technologies vont tirer profit. L’on passe dès lors d’une exploitation des richesses dans l’indivision à une consommation individualiste du capital, ce qui a pour conséquence directe la création d’une économie mondiale en déséquilibre dont les retombées tragiques se manifestèrent à travers les conflits meurtriers qui ont marqué l’Homme du vingtième siècle et façonné la vision artistique d’auteurs tels que Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit), Albert Camus (L’Homme révolté),  Dostoïevski (Les Possédés), ou Todorov (Face à l’extrême).

Une approche de la pensée de l’extrême ne peut s’accomplir qu’à travers une lecture de l’Histoire, dans ses choix culturels, artistiques et socio-politiques. Ainsi, un éclairage historique nous permet de comprendre que l’extrême n’est pas né ex nihilo, mais qu’il est la résultante d’un processus économique et d’un cheminement historique. Histoire et Économie représenteraient les deux faces de la médaille.

La mondialisation et les nouvelles technologies ne font que renforcer le socle de l’extrême, dans la mesure où l’Homme est confronté à une nouvelle perception du temps qui est proportionnellement inverse du temps de la psychologie humaine. Pris de vitesse par le temps virtuel, l’Homme moderne, effaré et conscient des limites que lui impose son nouveau mode de vie, se sentant trahi par sa foi en Dieu, en l’Histoire ou en un idéal possible, se détourne de ses semblables ; l’Autre  ne constitue plus pour lui un projet d’adhésion profonde de l’esprit et du cœur. L’extrême prend, dans cette perspective, la signification d’une ouverture avortée sur le monde et sur l’Autre dont découlent en chaîne désillusion, repli sur soi et rejet de l’Autre.

Pensée intransitive, sans véritable prise sur le monde, l’idée de l’extrême éclôt et grandit dans le ressentiment ainsi que dans la haine de l’Autre et de soi. Le vœu d’André Breton n’était-il pas celui de descendre au milieu de la foule, arme à la main, et de tirer dans le tas ? Ce vœu a été exaucé par les bombes jetées par les jeunes nihilistes russes peuplant l’univers de Dostoïevski ou par Meursault tirant sur l’Arabe. Donner et/ou recevoir la mort comme un cadeau suprême constituent les deux extrémités de la pensée nihiliste : celui qui tue se tue aussi dans le même geste.

 

Peut-on soutenir comme Milan Kundera que « les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin », et que « la passion de l’extrémisme, en art comme en politique, est désir déguisé de mort »[1] ? Ou penser le rapport de l’Art à l’extrême en ces termes : «  En quoi les œuvres liées au crime de masse déplacent-elles les catégories esthétiques existantes ou conduisent-elles à remettre en cause certaines représentations de l’art ? »[2] ?

Afin d’éclairer la pensée de l’extrême, enjeu majeur du XXIème siècle selon nous, il conviendra de s’interroger sur les modes d’inscription et de représentation de cette pensée dans la littérature, particulièrement dans les œuvres littéraires de la deuxième moitié du XXème siècle. Dans une perspective différente, une approche linguistique permettrait d’en démonter les mécanismes, par un effort de déconstruction, et soulignerait les tournures syntaxiques ou les constructions phrastiques propres à ce type de discours. Nous nous pencherons sur les modes discursifs (journalistique, politique ou religieux, par exemple) ayant produit ou favorisé l’émergence d’une idéologie extrémiste. 

Nous proposons les axes suivants :

-    L’écriture de l’extrême dans les littératures 

-    Extrêmes et idéologie

-    Les interprétations sociologiques, politiques ou psychologiques susceptibles d’expliquer le passage à la radicalisation

-   L’extrême comme manifestation de revendication identitaire

-   La création artistique comme moyen de lutte contre la pensée de l’extrême

-   L’art et ses limites, en tant que vision esthétique du monde, dans sa capacité de produire des modes de représentations de l’extrême. 

 

[1] L’insoutenable légèreté de l’être, Gallimard, 1984, p. 139

[2] Pierre Bayard,  Avant-propos in Revue « Europe », Écrire l’extrême, la littérature et l’art face aux crimes de masse, n°926-927, juillet 2006

Les propositions de communication doivent être envoyées avant  le 31 mai 2016  par voie électronique à la double adresse du laboratoire  congres@labolima.net  et de la responsable bwourari@yahoo.com

Les articles seront proposés à la publication sous réserve d'approbation par le comité de lecture du laboratoire.

Les frais de participation sont de 80 euros (logement, repas et publication).

Nous restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et nous vous remercions par avance de votre collaboration.

 

Comité scientifique :

Habib Ben Salha, Université de Manouba, Tunisie

Afifa Bererhi, Université d’Alger, Algérie

Wafa Bsaïs Ourari, Université de Carthage, Tunisie

Isabelle Chol, Université de Pau et des Pays de l’Adour, France

Sadok Gsouma, Université de Manouba, Tunisie

Jean-Louis Haquette, Université de Reims, Champagne Ardennes, France

Hamdi Hmaïdi, Université de Manouba, Tunisie

Jean Khalifa, Trinity College, Cambridge, Royaume-Uni

Abdelouahed Mabrour, Al Jadida, Maroc

Simona Modreneau, Université Alexandru Ion Cuza Iasi, Roumanie

Abderrahmane Tenkoul, Kenitra, Maroc 

Patrick Voisin, Classes préparatoires littéraires aux ENS (Paris et Lyon), Pau, France 

 

Comité d’organisation :

Bessem Aloui

Ibtihel Ben Hmed

Habib Ben Salha

Wafa Bsaïs Ourari

Sana Dahmani

Adel Habassi

Hanene Harrazi Ksontini

Donia Maraoub

Issam Maachaoui

 

RESPONSABLE :

Wafa Bsaïs Ourari

 

URL DE RÉFÉRENCE

https://www.labolima.net

 

ADRESSE

Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba, Tunis