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Expressions maghrébines, Vol. 20, nº 2 :

Expressions maghrébines, Vol. 20, nº 2 : "Gisèle Halimi, la littérature en défense" (coord. Samia Kassab-Charfi)

Publié le par Aurelien Maignant (Source : Edwige Tamalet Talbayev)

Expressions maghrébines

"Gisèle Halimi, la littérature en défense"

 

Revue de la Coordination internationale des chercheurs sur les littératures du Maghreb

www.ub.edu/adhuc/em

Vol. 20, nº 2, hiver 2021

Dossier coordonné par Samia Kassab-Charfi

 

AGENDA

Date limite de soumission des articles : 31 janvier 2021

Parution : décembre 2021

 

PRÉSENTATION

Née à Tunis, Gisèle Halimi est une figure intellectuelle inspirante qui a marqué l’histoire de la défense des libertés individuelles au XXème siècle. Écrivaine, avocate aujourd’hui encore active et femme libre, ses convictions et le combat qui les a concrétisées ont, depuis les années de la Guerre d’Algérie (procès de Djamila Boupacha, entre autres), été portés par un enjeu éthique constant : défendre les indéfendables, ou du moins ceux qui n’avaient pas beaucoup de chances de trouver quelque défenseur pour porter leur voix et faire advenir leur cause. C’est sans doute en ce point de convergence, nourri par l’inaltérable respect de la dignité humaine, que le dynamisme créatif de l’écrivaine croise l’activisme de l’avocate, nous incitant à prendre la mesure des médiations reliant ces deux niveaux d’engagement qui, souvent, s’entr’éclairent.

Dans un tel contexte, il est important de revenir sur le parcours étonnant de cette inlassable militante qui a beaucoup écrit. Car l’œuvre de Gisèle Halimi est riche de biographies, autobiographies, récits, témoignages, essais et chroniques de vie politique : Le Procès de Burgos (1971), La Cause des femmes (1973), Avortement, une loi en procès (1973), Viol, le procès d'Aix : choisir la cause des femmes (1978), Le Lait de l'oranger (1988), Une embellie perdue (1995), La Nouvelle Cause des femmes (1997), Fritna (1999), Avocate irrespectueuse (2002), L'Etrange Monsieur K (2003), Le Procès de Bobigny : choisir la cause des femmes (2006, avec une préface de Simone de Beauvoir), La Kahina (2006), Ne vous résignez jamais (2009), Parcours d'avocat(e)s (recueil d’Entretiens ; 2010), Histoire d'une passion (2011). Là, dans la sincérité de l’écriture, que ce soit dans les textes où elle revient sur son enfance et sa jeunesse à Tunis ou dans ceux où elle relate les conflits qui l’ont opposée aux forces rétrogrades hostiles à la liberté des femmes, l’œuvre dévoile une personnalité forte qui récuse les clichés et va à l’encontre des idées reçues sur l’instinct maternel, renvoyant dos à dos la doxa patriarcale et les préjugés oppressifs qui structurent l’imaginaire de la maternité. Au fond, l’œuvre littéraire de cette femme à la pensée libre doit vraisemblablement d’avoir été déterminée par cet irrédentisme féministe qui la fait s’élancer vers tout être sans recours, qu’il soit exposé à la violence de l’Histoire ou aliéné par l’emprise inexorable de la norme socioculturelle, comme le fut sa propre mère dont le désamour est questionné dans le saisissant Fritna (1999).

Ce numéro qui consacre Gisèle Halimi lui est ainsi consacré. Il invite les contributeurs à réapprécier la tessiture si particulière de sa voix de femme originaire d’une minorité tunisienne, à réévaluer dans leurs spécificités historiques, politiques, éthiques, littéraires, psychanalytiques les enjeux de cet engagement volontariste conçu, toujours, comme un rendez-vous avec l’Autre. Aujourd’hui, de nombreuses aires géoculturelles sont encore largement concernées par les violences faites aux femmes et par les atteintes aux droits humains. Dans les sociétés en développement mais aussi en Europe, les tentations de moins en moins inhibées de régression, de révisionnisme des Droits de l’Homme gangrènent les débats publics, apparaissant comme des marqueurs d’une involution aux antipodes du courage de cette défenseure des militants du FLN au moment de la lutte anticolonialiste en Algérie. À cet égard, l’insoumission politique de Gisèle Halimi, dictée par une foi ardente en la souveraineté de la justice humaine et par un amour de la vérité qui ne s’est pas démenti, demeure exemplaire. Prolongé depuis les années 1950 jusqu’à nos jours dans la poursuite d’une mobilisation initiée très tôt (Manifeste des 343) contre les interdits socioreligieux qui ont balisé et balisent encore l’accès régulièrement menacé à l’autodétermination corporelle des femmes (Procès de Bobigny), son combat est plus que jamais d’actualité. C’est ainsi qu’en 2021 sera commémoré le 50e anniversaire de la fondation du mouvement « Choisir la cause des femmes », célébrant le plein engagement de Gisèle Halimi pour l’humain, cet humain coopté dans sa part la plus exposée, la plus vulnérable dans les sociétés et les régimes répressifs.

Nous invitons des contributions qui explorent les intrications entre l’œuvre de l’écrivaine et les positions qu’elle défend dans la sphère sociale, entre son origine socioculturelle et ses choix professionnels, ou qui font valoir les intersections entre les mouvements féministes et de Droits de l’Homme avec lesquelles Gisèle Halimi engage un dialogue et les textes qu’elle a composés. Nous encourageons également les réflexions qui repensent l’itinéraire de cette figure emblématique de la vigilance humaine comme barrage à l’injustice et à l’oppression patriarcale.

 

AXES

Voici quelques-uns des axes qui pourraient fédérer les réflexions développées dans ce numéro :

  • Résistivité et insoumission : les figures inspirantes chez Gisèle Halimi (la Kahéna, etc.)
  • Graine(s) de révolte et floraison littéraire
  • Gisèle Halimi, précurseure d’une éthique du Care
  • Gisèle Halimi et les autres figures féminines intellectuelles du XXème siècle – S. de Beauvoir, H. Cixous, etc. : quelle(s) singularité(s) ?
  • La portée d’une posture irrévérencieuse à l’égard de la France au moment de la Guerre d’Algérie
  • Genre et Justice ; parité et vivre-ensemble
  • Le positionnement de G. Halimi relativement aux avocats masculins
  • Histoire familiale et militantisme
  • Minorités et fonction d’avocat : une tradition judéotunisienne ?
  • Reconception du rapport à la Mère et de l’instinct maternel
  • Posture de défense judiciaire et Témoignage
  • Contexte judéotunisien et déploiement de la vocation (histoire littéraire ; histoire des idées de la 1ère moitié du XXe siècle tunisien : Smadja, Annie Goldmann, Paul Sebag...)
  • Relire Fritna aujourd’hui
  • Postérité(s) cinématographique(s) de l’action militante de Gisèle Halimi

 

CONTRIBUTIONS

Les articles ne devront pas dépasser 40.000 signes, espaces inclus (6.000 mots environ). La ponctuation, les notes et les références doivent être conformes aux normes appliquées par la revue : http://www.ub.edu/adhuc/em.

Les demandes de renseignements complémentaires et les articles complets doivent être adressés par courrier électronique à la présidente du comité scientifique : expressions.maghrebines@ub.edu

La section VARIA de la revue maintient toujours un appel à articles (sans date limite de soumission) concernant les cultures maghrébines : littérature, cinéma, arts...