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Exposition "Jean Echenoz. Roman, rotor, stator" (Centre G. Pompidou, Paris)

Publié le par Marc Escola

Exposition Jean Echenoz. Roman, rotor, stator

Bibliothèque Publique d'Information

Centre Georges Pompidou, Paris

Du 29/11/2017 au 05/03/2018

 

Écrivain à l'univers jubilatoire, ayant exploré, à travers dix-sept romans, les différents genres littéraires jusqu’à les détourner - du roman d’aventure au roman d’espionnage ou au roman biographique - Jean Echenoz nous entraîne dans une course audacieuse contre l’ennui, et organise avec le lecteur une apparente complicité qui se révèle également manipulation, dérivation, renversement.

Poursuivant sa présentation des œuvres littéraires, après les récentes expositions et programmations consacrées à Claude Simon (2013) et Marguerite Duras (2014), la Bibliothèque publique d’information a choisi de consacrer une exposition à cet écrivain contemporain majeur qui poursuit son travail littéraire depuis près de 40 ans.

À travers tapuscrits et manuscrits originaux, carnets de notes, repentirs et réflexions sur l’écriture, mais également photographies, archives et documents audiovisuels, extraits cinématographiques, l’exposition nous entraine dans le foisonnement de l’écriture et la vivacité du romanesque qui surgissent de l’univers de Jean Echenoz

Conçue avec le concours de Gérard Berthomieu, spécialiste de langue et littérature françaises contemporaines (Université de Paris IV Sorbonne), en partenariat avec la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet et les éditions de Minuit, l’exposition élaborée par la Bpi sera accompagnée d’une riche programmation associée (rencontres, conférences, ateliers…).

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Construite en trois parties, l’exposition propose une incursion dans l’œuvre de Jean Echenoz, et les mécanismes de son écriture.

Partie 1 : La fiction et ses rouages

Dès Le Méridien de Greenwich apparaît donc cette métaphore où peut se lire le noyau profond des fictions de Jean Echenoz, et qui sert de titre fédérateur et de principe organisateur à l’exposition. C’est l’expérience trompeuse et parfois décevante du mouvement dont le premier temps du parcours tracera l’évolution à travers la fiction, en partant certes de l’apologie première d’une kinésie (que l’on pense à la place majeure que tient dans l’œuvre le cinéma) pour aller vers le désenchantement progressif de l’aventure. On suivra donc ce mouvement, qui part du rassemblement scrupuleux de la documentation par Jean Echenoz et nous entraîne vers les dérivations et les dérives créatives de la fiction. Les archives de l’auteur comportent d’épais dossier documentaires, témoignant de l’importance de cette étape dans l’élaboration de la trame romanesque : photographies, livres, archives audiovisuelles, retranscriptions d’archives de presse ou d’archives d’individus, indiquent le souci du détail « qui fait effet de réel », et témoignent des recherches préalables à l’écriture. La récurrence, dans les romans, des références au cinéma, (que ce soit sous forme d’emprunts aux techniques cinématographiques, d’éléments de langage, de références directes aux actrices et acteurs, d’allusions à des scènes de films), vient se superposer à l’ordre du récit et convoquer des images populaires, liées à d’autres histoires, et d’autres récits.

Partie 2 : La diction et ses jeux  

D’où le défi que constitue alors le maintien d’un intérêt romanesque, et la possibilité d’échapper à ce leitmotiv. La réussite tient sans doute à la diction même du roman, à laquelle sera consacré le deuxième temps du parcours, après le premier temps de la fiction. C’est ce discours du roman et la panoplie exceptionnellement riche de ses jeux verbaux qui définissent la richesse du style de Jean Echenoz (humour, fantaisie verbale, comique des personnages ou des scènes, changement de registre de langue, toutes inventions dont le second volet proposera un échantillonnage) et constitue le meilleur moyen de divertir le lecteur de l’ennui ou du vertige ; et de le perdre à nouveau. L’identité de Jean Echenoz étant moins dans ce seul aspect comique que dans la relation complexe entre un univers souvent grinçant, et un art de conter proprement jubilatoire. Au cœur de cette mise en scène du langage, une lecture de Ravel, par l’écrivain et ami Olivier Cadiot, vient éclairer de manière totalement subjective – et assumée – la fabrique de l’écriture. 

Partie 3 : Sur la scène du roman

L’aperçu de l’univers d’Echenoz se terminera par un regard sur la scène du roman : personnel de la fiction d’abord, consacré à quelques personnages types, inventeurs ou vagabonds, artistes ou comptables, pigeons ou autres représentants du bestiaire, en tout cas tous projections symboliques des thèmes principaux de l’œuvre. Des animaux de toutes sortes peuplent les romans, qu’il s’agisse des pigeons, des poux ou des rats, des antipathiques chiens de traineaux (Je m’en vais), de Topsy l’éléphante et sa fin tragique (Des éclairs), de la savoureuse biographie du perroquet Morgan, beau parleur volé au docteur Spielvogel et retrouvé par hasard par le pseudo-détective Georges Chave (Cherokee). Les lieux des romans, en l’occurrence le territoire parisien arpenté de long en large par les personnages, laissent transparaître le goût de l’écrivain pour la capitale et plus largement pour les territoires urbains. Personnel de la diction ensuite, centré autour des manifestations diverses du narrateur et de son lien discursif avec le lecteur potentiel. Personnalités du monde littéraire enfin, qui nous renvoient au monde réel, aux personnes vraies et aux amitiés sincères. Et l’exposition saluera pour finir l’exceptionnelle complicité entre l’auteur et son éditeur, Jérôme Lindon, dont Jean Echenoz fera le récit dans le très bel ouvrage Jérôme Lindon