Questions de société
Evaluation des profs: les enjeux et la question des salaires (dossier màj 20/11/11)

Evaluation des profs: les enjeux et la question des salaires (dossier màj 20/11/11)

Publié le par Bérenger Boulay

Rappel: Grève unitaire dans l'éducation le 15 décembre 2011

Lire le dossier de SLU: La notation des profs par les chefs d’établissement. MàJ 17 novembre 2011 et le communiqué de Sud Éducation: Non à la notation, trois fois non aux entretiens d’évaluation ! + Pétition unitaire contre l'évaluation des enseignants du second degré par les chefs d'établissements

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Evaluation des profs : derrière les modalités, la question des salaires

Blog (L'Express) L'Instit'humeurs le 19 novembre 2011

Derrière l’arbre se cachait la forêt : alors que la quasi-totalité  des réactions au projet de décret sur l’évaluation des enseignants s’est portée sur l’entretien d’évaluation, la création d’une nouvelle grille d’avancement a globalement été passée sous silence. Elle aura pourtant des conséquences importantes sur le pouvoir d’achat de 800 000 enseignants et incidemment sur le recrutement.

[...] Concrètement, les enseignants verront leur salaire stagner plus longtemps, ne connaîtront d’augmentation que de loin en loin. Autant dire que leur pouvoir d’achat va sérieusement se dégrader sur la durée. Peu importe, le gouvernement fera ainsi chaque année quelques centaines de millions d’euros économies : l’argent des enseignants, celui-là même qui ne leur sera pas versé par la grâce du présent décret…

Lire la suite.

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Sur le site du Mammouth déchaîné 20/11/11:

http://le-mammouth-dechaine.fr/ (rubrique Blog à part)

* Les décrets (de la semaine)

Résumons, donc.
Tout d’abord un petit rappel. Les propos de Darcos en 2007. Les voici. On ne s’étonnera pas donc aujourd’hui :
«L’évaluation des professeurs devra être complètement revue. Les résultats et performances de l’établissement seraient rendus publics tous les ans. Les professeurs dont les élèves auront progressé ou réussi leurs examens ou certifications, les professeurs qui auront conduit avec succès à leur terme des projets pédagogiques ou éducatifs pourront bénéficier de primes. Le chef d’établissement serait dans ce cadre le principal évaluateur des personnels. Les corps d’inspection n’interviendraient dans l’évaluation de personnels que dans quelques cas précis : manquement graves, excellence et promotion. Ce sujet est sensible : il devra être longuement négocié. » (Rapport de mars 2007 au candidat Nicolas Sarkozy)

Ces décrets vont permettre de :

- réduire les coûts salariaux en fixant un rythme unique d’avancement sur la base la moins avantageuse
, la comparaison de la « grille » jusque là appliquée et de la projection du nouveau modèle de « réduction d’ancienneté » le montre. Les rythmes de carrière seront bien plus lents que dans le système actuel. Et de loin ! Alors que dans l’ancien système il pouvait y avoir un décalage de prêt de 2,5 ans entre grand choix et ancienneté, désormais il n’y aurait guère plus de 5 mois. Après tout tant mieux car vu l’injustice de la notation...

- nous occuper à rien faire, sinon à nous auto-évaluer en permanence pour des prunes. Grilles dévaluation à faire et à remplir (par soi-même on n’a pas fini de rigoler), entretien tous les trois ans, ... même les chefs d’établissement vont finir par trouver ça lourd et chronophage. Voilà de quoi les réduire à des chefs du personnel alors qu’ils se targuent d’être des « pilotes », impulseurs d’idées, manageurs d’entreprise...

- donner un nouveau rôle au CA qui, nous disent les décrets, va valider les orientations de la politique d'établissement et définir du coup l’évaluation des pratiques professionnelles des enseignants. 

- inféoder les enseignants (enfin, ils sont tellement incontrolables) à un vrai chef (bien couillu) qui, loi de mobilité des fonctionnaires aidant, pourra sans doute un jour vous proposer trois postes et vous mettre à la porte.

- mettre de côté les programmes nationaux, grâce à la politique d’établissement dans le cadre de l’autonomie, ce qui va avec la volonté -prônée depuis l’OCDE - d’individualiser les parcours.

- faire des profs des agents publics locaux, de les préparer à les faire passer aux Régions, en dégradant tellement les conditions que lesdits enseignants ne pourront être qu’attirés par les statuts de la fonction publique territoriale (vous vous souvenez de ce qui est arrivé aux TOS ?).

Bref, une question grave se pose aujourd’hui : va-t-il falloir tous adhérer au SE-UNSA pour avoir de bonnes notes des chefs d’établissement quasiment tous au SNPDEN-UNSA ? Là vraiment, c’est le summum de la galère... TOUS EN GREVE (voir plus bas).


- Vexés comme des poux : les inspecteurs (des indicateurs de performance)

C'est sur internet (où le document avait "fuité") qu'ils ont appris les projets de décret du ministre leur retirant l'évaluation des enseignants pour la confier aux chefs d'établissements.
Voici par exemple un de leurs récents communiqués à ce sujet:

source Évaluation des enseignants du second degré par les seuls chefs d’établissement : le SNPI-FSU interloqué !

S’il a bien été reçu ce mardi 15 novembre 2011 au sujet de la circulaire qui accompagnera le décret sur la réforme de la gouvernance, le SNPI-FSU n’a pas été à ce jour destinataire des projets de décret et d’arrêté concernant l’évaluation des enseignants. Il les a découverts sur internet et il est donc trop tôt pour qu’il en produise en analyse détaillée. Cependant, il est probable que l’hypothèse et la crainte qu’il a maintes fois émises de voir la fonction d’inspecteur se transformer en celle d’un contrôleur d’indicateurs de performance se trouvent confirmées.