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Nouvelle parution
Europe n°954: Freud et la culture, Edmond Jabès

Europe n°954: Freud et la culture, Edmond Jabès

Publié le par Bérenger Boulay

Europe n°954, 86e année, octobre 2008:  Freud et la culture, Edmond Jabès.

 18,50€

Sommaire:

Freud et la culture

Explorateur des soubassements cachés de nos névroses, théoricien de ce qui ressemble à une archéologie de l'âme, fin lettré conduit par une irrépressible vocation à devenir un médecin des troubles psychiques en même temps qu'un rénovateur du savoir sur l'homme, Freud est l'un de nos plus modernes penseurs. Toutefois, paradoxal pionnier d'un domaine qui renvoie chacun au lointain passé, à l'originaire, à l'immémorial, il a enraciné ses découvertes dans un substrat pluriséculaire de productions philosophiques, littéraires et artistiques. Il aimait à noter le parallélisme entre sa démarche de découvreur et celles des artistes et écrivains, n 'hésitant d'ailleurs pas à accorder à ces derniers une sorte de préséance, dans la mesure où ils parvenaient selon lui à saisir, dans un coup d'aile ou en un éclair, ce dont la mise au jour lui coûtait de longs détours laborieux.
L'originalité de ce numéro d'Europe est d'explorer sous de multiples aspects les rapports de Freud avec quelques domaines électifs de la culture, de l'archéologie à la littérature, de la philosophie à la musique, tout en accordant une large place à l'apport original et novateur de la psychanalyse à la question culturelle, qu 'il s'agisse du diagnostic du « malaise dans la civilisation », de « l'envers inconscient de la culture », de la « psychanalyse appliquée » ou encore de l'apport très précieux et très actuel de la psychanalyse à une réflexion sur les enjeux de la « culture postmoderne ».

Fernand CAMBON : Avant-propos (reproduit au bas de cette page)
Ilse GRUBRICH-SIMITIS : À propos de Freud comme explorateur de la langue et comme écrivain.
Fernand CAMBON : Freud et l'écriture.
Jean-Pierre WINTER : Freud et le judaïsme.
Jean BELLEMIN-NOËL : Freud archéologue ?
André BOLZINGER : Ruines et musées, le bonheur de rêver.
Laurence KAHN : Freud et l'Antiquité. De l'héritage partagé à l'audace interprétative.
Lya TOURN : Les identifications héroïques de Freud.
Sylvie SESÉ-LÉGER : Freud et le castillan.
Jacques LE RIDER : « Je mettrai en branle l'Achéron  ».
Fernand CAMBON : Goethe et Freud.
Monique SCHNEIDER : Freud et la tentation spinoziste.
Guy LE GAUFEY : L'inconscient noumène.
Gilles BOUDINET : Dissonances : Freud, Schönberg.
Patrick AVRANE : L'usage oblique de la culture.
Paul-Laurent ASSOUN : Du malaise à la sublimation. L'envers inconscient de la culture.
Annie TARDITS : La « psychanalyse appliquée », une question.
Jean-Pierre LEBRUN : Freud et l'enjeu de la culture postmoderne.
Dominique GOY-BLANQUET : Duel sur l'autre scène. Freud et l'inconscience de Shakespeare.
Patrick NÉE : Yves Bonnefoy et Freud.

EDMOND JABÈS

Didier CAHEN : Jalons.
Marcel COHEN : Dix anamnèses.
Stéphane BARSACQ : Dans la double dépendance du nom.
Olivier GOUJAT : « Ça suit son cours d'encre ».
Anne MALAPRADE : La voix secrète.
Edmond JABÈS : L'attente.
Edmond JABÈS et Gabriel BOUNOURE : Correspondance.
Edmond JABÈS : Sur Heidegger.
Didier CAHEN : Simplicité de Jabès.

CAHIER DE CRÉATION

Poètes d'Ukraine
Mykola RIABTCHOUK, Natalka BILOTSERKIVETS, Iouri ANDROUKHOVITCH,
Oxana ZABOUJKO, Halina PETROSANIAK, Andreï BONDAR.

CHRONIQUES

La machine à écrire
Pierre GAMARRA : Des fleuves et des hommes.
Les 4 vents de la poésie
Charles DOBZYNSKI : D'un genre nomade.
Le théâtre
Karim HAOUADEG : Le théâtre populaire aujourd'hui.
La musique
Béatrice DIDIER : Festivals 2008.

NOTES DE LECTURE

Poésie

Yannis RITSOS : Temps pierreux, par Charles Dobzynski
Poèmes de Czernowitz, par Charles Dobzynski.
Anne ROTHSCHILD : Tout commence la nuit, par Ménaché.
Philippe BECK : De la Loire, par Yves Boudier.
Fabien VASSEUR : Le front se déplace, par Jacques Lèbre.
Jude STÉFAN : Les Commourants, par Vincent Metzger.

Romans, Récits, Nouvelles, Carnets

Leïla SEBBAR : L'arabe comme un chant secret, par Alain Mascarou
Henri THOMAS : Carnets 1934-1948, par Tristan Hordé.
John BAUDE : J'étais une île, par Karim Haouadeg.
Robert COOVER : Noir, par Thierry Romagné.
Renzo BIASION : S'agapo, par Bertrand Tassou.
Guy SCARPETTA : La Guimard, par Thierry Romagné.

Essais

Philippe LAZAR : Court traité de l'âme, par Maurice Mourier.
Pascal DURAND : Mallarmé, du sens des formes au sens des formalités, par Paul Dirkx.
Stéphane MICHAUD (dir.), Correspondances de Freud, par Élise Champon.
Nathalie RIERA : La parole derrière les verrous, par Pascal Boulanger.
Michael EDWARDS, De l'émerveillement, par Anne Mounic.
Philippe BAUDORRE, Dominique RABATÉ, Dominique VIART (éds.)  : Littérature et sociologie, par Jérôme Meizoz.
COLLECTIF : Écrire, mai 68, par Tristan Hordé.
COLLECTIF : L'Art sans sujet ? par Olivier Descambs.

Introduction (Freud et la culture) :

À qui viendrait-il à l'idée d'intituler un numéro de revue « Proust et la culture » ou «  Kant et la culture » ou « Kafka et la culture » ? C'est là une hypothèse très improbable, voire farfelue. Sollicité de mettre en oeuvre un numéro d'Europe « sur Freud », c'est cette détermination limitative qui m'est venue à l'esprit, s'est imposée à moi, et pas seulement en raison de la nature de la revue. C'est sans doute de ce fait même qu'il faut partir ; c'est lui qu'il faut interroger.
Il est d'abord aisé de constater que Freud use, en divers contextes, du mot Kultur, qu'il le thématise, le problématise. L'occurrence la plus flagrante et la plus connue est le titre de son essai Das Unbehagen in der Kultur, traduit tantôt par Le malaise dans la culture, tantôt par Le malaise dans la civilisation. La formule connote bien par elle-même et la thématisation et la problématisation concomitante.
Mais dans l'intitulé « Freud et la culture », je choisirai d'interroger au premier chef le « et ». En effet, si cette conjonction, par définition, « coordonne  », elle présuppose, afin d'asseoir sa fonction logique même, une séparation initiale des termes qu'elle met en rapport ; c'est-à-dire qu'elle implique une sorte d'extériorité de principe entre les deux. Or, c'est cette position même qui permet à Freud la thématisation dont j'ai parlé ; c'est cette position d'extériorité qui induit aussi, selon une quasi-nécessité, comme conséquence, la problématisation.
Écrivant cela, je ne sors rien de mon chapeau. En effet, les attendus de ce que j'avance figurent en toutes lettres dans le corpus freudien. Je me référerai en particulier à ce propos à son texte traduit sous le titre Sigmund Freud présenté par lui-même, que je recommande de lire en traduction, pour diverses raisons, dans la version Folio bilingue1. Là on aura la surprise de constater que Freud situe la psychanalyse, conjointement avec la « psychologie », du côté des « sciences de la nature », lesquelles se distinguent en allemand de celles « de l'esprit ». Pour bien faire entendre ces dénominations, je devrais m'engager dans un long commentaire qui ne peut prendre place ici. Je ne peux que fixer quelques points de repère. La distinction entre Naturwissenschaften et Geisteswissenschaften est ancienne dans l'espace germanophone et pourrait se recouper pour une part avec la distinction qui a été plus récemment introduite en français entre « sciences de la nature » et « sciences humaines », à ceci près, justement, que, dans ce contexte, l'épithète « humaines » ne rencontre pas d'usage équivalent en allemand. Ce qui sera plus intéressant encore pour le présent propos, c'est que le dictionnaire contemporain Wahrig donne comme synonyme de Geisteswissenschaften Kulturwissenchaften, ce qui, bien sûr, nous renvoie directement et expressément à notre thématique, et nous rappelle à quel point, parallèlement au français, les mots Natur et Kultur sont conçus et entendus comme un couple antithétique.
Je ne peux, encore une fois, qu'ébaucher ici quelques questions sans me livrer à leur exploration approfondie. Face à l'étonnement du lecteur francophone, qui aura quelque mal à considérer que psychologie et psychanalyse puissent faire partie des « sciences de la nature », je devrai me contenter de renvoyer à un passage de Sigmund Freud présenté par lui-même qui peut éclairer les raisons de cette sursomption. À ceux de ses détracteurs qui lui reprochent d'user de concepts trop flous, également « précaires », Freud tente de répondre en ces termes : « Des concepts fondamentaux et des définitions aux contours nets ne sont possibles que dans les sciences de l'esprit et pour autant que celles-ci veulent englober un domaine factuel dans le cadre d'un système intellectuel constitué. Dans les sciences de la nature, dont la psychologie fait partie, une telle clarté des concepts supérieurs est superflue, voire impossible. La zoologie et la botanique n'ont pas commencé par des définitions correctes et suffisantes de l'animal et de la plante ; la biologie ne sait pas, aujourd'hui encore, donner un contenu certain au concept du vivant. 2  » D'un même mouvement, je commente ce passage et résume la suite. À vrai dire, donc, il ne s'agit pas de résorber par ce discours la « réalité psychique » dans la biologie, ce que semblent craindre parfois certains, ni d'affirmer par une sorte de paradoxe violent que l'« âme-psyché  » devrait être tenue hors de l'« esprit », mais de soutenir que la psychanalyse dans sa pratique, même parlante, est une science qui relève de l'expérimentation et de l'observation, et non de la spéculation. Elle est assujettie au concret et aux aléas de l'expérience clinique. Là est son sol 3.
Freud a ici pour premier souci de se défendre ; mais, par ailleurs, il professe dans le même ouvrage le plus grand respect pour les « sciences de l'esprit ». Il écrit ainsi par exemple page 107 : « Jamais non plus n'auraient pu être tirées des travaux de Janet les conclusions qui ont valu à la psychanalyse une telle importance au regard des sciences de l'esprit et lui ont attiré l'intérêt général.  » (Rappelons qu'en allemand, les adjectifs « général  » et « universel » se traduisent par un seul mot, allgemein, du reste ici au superlatif.) Or, Freud a été habité toute sa vie par ce qu'on peut appeler un désir d'universalité, soit le désir d'arracher sa « science » à son confinement médical, également le désir corollaire de légitimer l'extrapolation au « normal » de ce qui n'est expérimenté et découvert en un premier temps que dans le registre du pathologique. On notera donc dans cette phrase, sans pouvoir en déployer l'analyse, que, d'une manière remarquable, Freud associe, noue, de manière principielle, la revendication d'universalité à l'extrapolation possible des résultats de la psychanalyse, science de la nature, à ce qu'il qualifie de « sciences de l'esprit ».
Ce processus d'extension, c'est cela, précisément, qu'il appelle « application » [Anwendung], «  psychanalyse appliquée ». La psychanalyse devient «  appliquée » dès lors qu'elle sort de son champ natif de la « nature » pour se risquer du côté de l'« esprit ». Ce dispositif se déchiffre aisément et emblématiquement dans la dénomination de deux revues qui ont accompagné des moments essentiels du mouvement psychanalytique : la Internationale Zeitschrift für (ärztliche) Psychoanalyse et Imago, Zeitschrift für Anwendung der Psychoanalyse auf die Geisteswissenschaften, soit : la Revue internationale de psychanalyse (médicale) et Imago, revue pour l'application de la psychanalyse aux sciences de l'esprit.
Toutefois, ce schéma appelle des nuances et peut être soumis à une complexification. C'est ainsi, en particulier, que dans la « Postface » à La question de l'analyse profane, on peut lire ce correctif exprès : « Pour des raisons pratiques, nous avons, même dans nos publications, pris l'habitude de distinguer une analyse médicale des applications de l'analyse. Cela n'est pas correct. En réalité, la ligne de démarcation se situe entre la psychanalyse scientifique et ses applications dans les domaines médical et non médical. 4 » On saisit ici que, sous la plume de Freud, le mot « scientifique » renvoie en fait à ce que nous appellerions « théorique », par opposition à « pratique ». Le déplacement par là indiqué nous permet en fait d'en opérer un second, implicite : c'est que, si, à rebours du schéma posé par Freud, la pratique « médicale » peut en fait autant nourrir la théorie que la théorie la nourrit, alors la même chose vaudra pour l'« application » au sens plus strict, c'est-à-dire que le champ non médical « de l'esprit » pourra aussi nourrir en retour la théorie, et rebondir derechef par ce canal dans la pratique «  médicale » elle-même. C'est ce qu'il arrive à Freud de reconnaître en d'autres contextes.
Le lecteur pourra se demander pourquoi, sur ce point, cette relative distorsion entre Sigmund Freud présenté par lui-même et La question de l'analyse profane. C'est sans doute que ces deux textes, publiés à peu près à la même époque, respectivement en 1925 et 1926, sont écartés l'un de l'autre par une polarité de circonstances, de finalité : le premier était destiné à figurer dans une encyclopédie présentant des médecins, et le second visait expressément à prendre position, au sein d'une polémique virulente, en faveur de la légitimité de l'exercice de la psychanalyse par les non-médecins. Dans La question de l'analyse profane, Freud va même jusqu'à dire que les études de médecine peuvent en elles-mêmes constituer un handicap sur la voie de la formation psychanalytique, tandis qu'à l'autre bout, il préconise de conférer une place essentielle aux sciences de l'esprit dans ladite formation.
Toutefois, cette contingence apparente nous éclaire en fait sur une dichotomie essentielle. Si j'ai tant insisté sur ce flottement et cette difficulté, c'est parce que c'est précisément là que se joue toute la question du « et » du titre de ce numéro, cette indépassable et constitutive hybridation de la psychanalyse, dont on sent que, tirant sur ce fil, on pourrait presque la faire surgir tout entière. Ainsi en irait-il, par exemple, de l'entre-deux de l'«  âme » et du « corps ». Freud lui-même a été pris, existentiellement, dans cette ambiguïté significative. Il s'en explique longuement quand il fait, entre autres, le récit de sa « vocation » et de ses études, en particulier derechef dans les premières pages du Sigmund Freud présenté par lui-même. Il faut donc s'attendre à ce que cette question coure à travers tout ce numéro.
Mais l'extériorité impliquée dans le «  et » peut être considérée encore sous une autre dimension. Sans doute plus décisive, j'en parlerai moins longuement, parce qu'elle est beaucoup plus facile à repérer, à saisir, à formuler que la première. Il est probablement connu que Freud eut à l'égard de la culture une position qu'on peut qualifier de « critique  ».
D'une part, on peut dire qu'il considéra que la névrose, les régressions et les refoulements qui la causent sont bien un effet de la « culture », un effet donc à certains égards pathogène, regrettable, à combattre. D'autre part, bien évidemment, il ne se fit jamais l'apôtre satanique d'un « défoulement » généralisé. Où l'on retrouverait donc, selon un autre mode, l'entre-deux précédemment mis au jour.
Cependant, Freud ne se contenta pas, sur ce point, de proposer, de bricoler des arrangements et des compromis entre deux pôles opposés. L'apport le plus original, le plus neuf de la psychanalyse à la question de la culture est sans nul doute la théorie de la sublimation, laquelle consiste, on le sait, en une négociation de la pulsion, qui, tout en étant non sexuelle, n'implique pas non plus refoulement. « Soutien » positif à la culture donc, par-delà les impasses du couple pulsion-répression.
Toutes ces questions sont au coeur du fameux ouvrage Le malaise dans la culture, malaise non entièrement résorbable, puisque toute sublimation ne va jamais sans quelque reste, irréductible…
C'est sur cette toile de fond complexe et mouvante que se déploiera ce numéro, sans prétendre, bien sûr, épuiser quelque question que ce soit ; entre autres parce que, même si le thème « Freud et la culture » se voulait une détermination limitative, le champ de la « culture » est par définition encore moins sommable que celui de la psychanalyse.
Il proposera des analyses théoriques des problèmes qui ont été soulevés à l'instant. Il s'efforcera aussi d'explorer les rapports de Freud et de sa théorie à quelques domaines électifs de la culture, le terme étant entendu dans toutes ses acceptions possibles, sans conceptualisation stricte. Plus précisément encore, il tentera, par quelques approches fragmentaires, de montrer comment « l'homme » Freud trouvait à s'insérer singulièrement dans la culture. À propos de quoi l'on peut dire qu'il a très largement « appliqué » à lui-même la recommandation qu'il formulait au sujet de la formation des analystes, celle de la part à y ménager aux « sciences de l'esprit ». Freud fut à coup sûr un homme d'une grande « culture » ; et il s'agira d'en rendre, partiellement, compte aussi.
Il s'imposera in fine de poser la question de savoir si le «  malaise dans la culture » tel que Freud l'a diagnostiqué en son temps ne s'est pas de nos jours déplacé, et, si c'est le cas, de tenter d'en donner une lecture psychanalytique nouvelle.
Je terminerai cette présentation par une remarque lexicale et par un bref avertissement éditorial.
1° « Culture », « civilisation », Kultur, Zivilisation. Le français et l'allemand possèdent donc à peu près les mêmes mots dans ce domaine. Et, par exemple, pour traduire Das Unbehagen in der Kultur, on a pu hésiter entre « civilisation » et « culture  ». Je ferai d'abord remarquer à ce sujet que, statistiquement, « civilisation » est d'un usage beaucoup plus fréquent que Zivilisation, ce qui devrait conduire logiquement à rendre parfois le mot allemand Kultur par « civilisation ». Mais le choix entre ces deux mots, largement synonymiques, véhicule par ailleurs un enjeu historico-idéologique qui sera éclairé dans ce numéro d'Europe par une section de la contribution de Paul-Laurent Assoun. Sa conclusion peut nous laisser à l'aise  : d'une manière hautement significative, Freud a expressément choisi de faire fi de la polémique idéologique et de s'en tenir au seul mot de Kultur, lequel englobera dès lors aussi bien les signifiés de Zivilisation. Dont acte !
Je ferai observer d'autre part que si Europe était une revue allemande, son présent titre eût couvert une extension moindre qu'en français, car Kultur ne peut traduire «  culture » dans l'expression « la culture de Freud  », au sens où Freud était « cultivé  ». Ici, l'allemand dira Bildung.
2° Chacun sait que les traductions françaises de Freud sont une forêt. Forêt qui va encore s'épaissir lorsque, en janvier 2010, son oeuvre passera en France dans le domaine public. D'une part pour cette raison, d'autre part parce chaque auteur lit Freud dans la traduction qu'il possède et qui lui convient, qu'il rédige également les références à sa guise, nous avons renoncé tout à fait à unifier dans ce dossier le système des références. Que les lecteurs veuillent bien excuser ce « désordre ».

Fernand CAMBON

1. Sigmund Freud présenté par lui-même, Gallimard, 2003, coll. Folio bilingue.
2. Ibid. p. 195.
3. Songeons aussi que, si Freud avait choisi de ranger sans plus de façons la psychanalyse du côté des « sciences de l'esprit », il ne serait pas appelé Freud mais Jung !
4. La question de l'analyse profane, Gallimard, 2003, coll. Folio bilingue, p. 283.