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Nouvelle parution
Europe, n° 1081, mai 2019 : Malcolm de Chazal ; Léon-Gontran Damas

Europe, n° 1081, mai 2019 : Malcolm de Chazal ; Léon-Gontran Damas

Publié le par Marc Escola (Source : Matthieu Gosztola)

Europe, 97e année — n° 1081 – mai 2019

EAN13 : 9782351501016.

 

MALCOLM DE CHAZAL

Génie excentrique, Malcolm de Chazal a longtemps fait figure de marginal au sein même de son « île-fée » — l’île Maurice où il est né en 1902. C’est à compte d’auteur et à petits tirages qu’il a publié ses livres, avant comme après l’intermède de sa fulgurante irruption sur la scène littéraire française, à la fin des années quarante, avec la publication chez Gallimard de Sens-Plastique, salué en son temps par André Breton, Jean Paulhan, Jean Dubuffet, Francis Ponge et quelques autres. Poète et penseur inclassable, tout porte à penser que Chazal se sentait investi d’une mission et qu’il ne pouvait l’accomplir qu’en restant dans l’île, c’est-à-dire dans une position fortement excentrée par rapport à la France, terre de reconnaissance et de légitimation littéraire. Refuser l’exil, c’était choisir un ancrage au confluent des cultures d’Orient et d’Occident. S’il est vrai qu’être écrivain, poète, c’était « une activité difficile dans la société bourgeoise mauricienne d’alors, davantage préoccupée par le cours du sucre que par la méditation transcendantale », comme l’a rappelé naguère J.M.G. Le Clézio, il eût cependant été impensable pour Chazal de quitter l’île, tant il vivait en symbiose avec ses paysages, ses horizons, sa végétation, sa lumière. L’intuition et la volupté étaient à ses yeux les sources principales de la connaissance et Georges Bataille a touché un point essentiel en parlant à son propos d’adéquation de la volupté et du langage. Dans ses éclats, ses éclairs, ses paradoxes, sa sagesse et sa folie mêlées, l’œuvre de Chazal demeure un surprenant phénomène, et ses milliers d’aphorismes, sa patiente étude de la perception et de la nature vivante, portent des fleurs secrètes que l’on n’a pas encore su cueillir. Autant de regards perdus, et qui attendent la découverte.

 

LÉON-GONTRAN DAMAS

Né à Cayenne en 1912, d’un père mulâtre européen-africain et d’une mère métisse amérindienne-africaine originaire de Martinique, Léon-Gontran Damas aimait à revendiquer ses origines multiples et colorées. De Pigments, son premier livre préfacé par Robert Desnos en 1937, à Black-Label et à Névralgies, la parole puissante de ce poète est un « feu sombre toujours », comme l’avait qualifiée son ami Aimé Césaire. Sa pulsation rythmique n’est pas sans rappeler celle du jazz ou d’autres musiques de la diaspora africaine. Sa force d’oralité est impressionnante, comme si tout le langage devenait corps, et tout le corps langage. Chez Léon-Gontran Damas, hanté par la mémoire des « cargaisons fétides de l’esclavage cruel », le combat poétique et le combat politique sont intrinsèquement liés. Poète de la Négritude, il écrit une poésie de l’Homme. Cet empan humain inclut tous les laissés pour compte et tous les exploités. Il importe de redécouvrir aujourd’hui cette voix rebelle et incisive, d’une étonnante intensité dans son dépouillement même, et d’une singulière modernité.

 

SOMMAIRE

 

MALCOM DE CHAZAL

Alexander DICKOW & Jean-Baptiste PARA : Fleurs insolites.

Khal TORABULLY : Malcolm et mes rencontres chazaliennes.

W.H. AUDEN : Un merveilleux physionomiste.

Robert FURLONG : Le message de Sens-Plastique.

Laurent ALBARRACIN : Malcolm de Chazal tautologue.

Alain ROUSSEL : Un « prophète de la vue ».

Élodie LAÜGT : Poétique et politique de l’aphorisme chazalien.

Alexander DICKOW : Les fictions perceptives de La Vie filtrée.

Philippe MET : (In)filtrer Chazal.

Mathieu JUNG : Copain avec le soleil, ami avec les étoiles.

Éric MEUNIÉ : Cristallisation.

Kumari ISSUR : Un avant-gardiste postcolonial.

Robert FURLONG : L’engagement politique de Malcolm de Chazal.

Françoise PY : L’alphabet solaire.

Sylvie KANDÉ : Contourner l’Afrique, Djibouti et le reste..

Robert FURLONG : Repères biographiques.

 

LÉON-GONTRAN DAMAS

Sandrine BÉDOURET-LARRABURU : Le feu sombre d’un poète.

Léon-Gontran DAMAS : 89 et nous, les Noirs.

Daniel DELAS : L’écriture bluesy de L.-G. Damas, poète nègre.

Christine THEBAULT-KERDREAC’H : Damas surréaliste ?

Élie STEPHENSON : Damas contre vents et marées.

René GNALEGA : Divergences et convergences.

Kathleen GYSSELS : L’arbre du voyageur de la diaspora africaine.

 

CAHIER DE CRÉATION 

 

Romano PASCUTTO : Poète.

Yves NAMUR : Rosenwiller.

Cécile VIBAREL : Les veilleurs.

Marc WETZEL : Abécédaire paléontologico-politique.

Aleksandar GATALICA : Mi femme, mi fauve.

 

DIRES & DÉBATS              

 

Patrick BEURARD-VALDOYE : Une île entre les continents Histoire et Mythologie.

 

CHRONIQUES                   

 

Claire ANGELINI : D’autres héritages.

 

La machine à écrire

Jacques LÈBRE : « Lacrise du présent ».

 

Les 4 vents de la poésie

Olivier BARBARANT : Sa voix donne la vie à des corps de métal...

 

Le théâtre

Karim HAOUADEG : La solitude sans la pitié.

 

Le cinéma

Raphaël BASSAN : La mémoire des pères.

 

La musique

Béatrice DIDIER : À la gloire du piano romantique.

 

Les arts

Jean-Baptiste PARA : Quand passent les grues cendrées.

 

NOTES DE LECTURE      

 

POÉSIE

 

Jean SÉNAC : Œuvres poétiques, par Michel Ménaché.

Fabienne COURTADE : Corps tranquille étendu, par Gabrielle Althen.

Claude MINIÈRE : Un enfant joue, par Brigitte Donat.

Patrick LAUPIN : Impasse de l’azur, par Alain Freixe.

Jean FRÉMON : Les élus et les damnés, par Mathieu Jung.

Michel MÉNACHÉ : La Paume des jours, par Alain Freixe.

Gérard BAYO : Et si mal regardée, par Isabelle Lévesque.

William Butler YEATS : Choix de poèmes, par Fulvio Caccia.

Volker BRAUN : Poèmes choisis, par Jean-Claude François.

Pierre SEGHERS : Dis-moi, ma vie, par Michel Ménaché.

Jean Pierre VIDAL : Exercice de l’adieu, par Isabelle Lévesque.

Éric POINDRON : Comment vivre en poète, par Alain Roussel.

Louise de COLIGNY-CHÂTILLON dite LOU : Lettres à Guillaume Apollinaire, par Alain Freixe.

 

ROMANS, NOUVELLES, RÉCITS, CARNETS

 

Erri DE LUCA : Le Tour de l’oie, par Jean-Baptiste Para.

Gisèle BIENNE : La Malchimie, par Colette Camelin.

Bernhard SCHLINK : Olga, par Max Alhau.

Angel PINO et Isabelle RABUT (dir.) : Anthologie historique de la prose romanesque taïwanaise moderne (4 vol.), par Guilhem Fabre.

Goliarda SAPIENZA : Carnets, par Mathieu Jung.

Isabelle VAN WELDEN : Nuit chez la Femme-en-rouge, par Martine Monteau. 

Maxime Féri FARZANEH : Le Mariage d’Azraël, par Michel Louyot.

Anne MOUNIC : Conscience nomade..., par Michèle Duclos.

Daniel DEFOE : Robinson Crusoé, par Matthieu Gosztola.

 

ESSAIS, DIVERS

 

Richard JEFFERIES : L’Histoire de mon cœur, par Marc Wetzel.

Herbert MARCUSE : Sommes-nous déjà des hommes ?, par Clarisse Chardin. 

Jean-Philippe BIEHLER : Tête-à-tête (4). Introduction(s) à Paul Valéry, par Thomas Vercruysse.

Bruno MESSINA : Berlioz, par Béatrice Didier.