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Etre artiste au Cambodge aujourd'hui (Paris)

Etre artiste au Cambodge aujourd'hui (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : CIRRAS)

ÊTRE ARTISTE AU CAMBODGE AUJOURD’HUI

 

Le CIRRAS (Centre International de Réflexion et de Recherche sur les Arts du Spectacle) et Cambodian Living Arts  sont heureux de vous inviter , dans le cadre du mois du Cambodge à Paris en mai 2018, à trois conférences 

le vendredi 11 mai de 14h à 17h  à l’Ecole Française d’Extrême-Orient, EFEO (Maison de l’Asie), 22 avenue du Président Wilson, 75116 Paris, métro Trocadéro ou Ièna

 

Etre danseuse classique cambodgienne aujourd’hui

Autrefois liées quasi-exclusivement à la cour royale où leur rôle était principalement rituel, les danseuses « classiques » cambodgiennes d’aujourd’hui son fonctionnaires, élèves au sein d’une institution ministérielle ou d’ONG d’aide à l’enfance, ou encore artistes indépendants. Une continuité esthétique et rituelle existe toutefois toujours avec l’ancienne institution royale. Cette continuité se manifeste notamment à travers la figure d’une princesse de premier rang et la troupe dite « Ballet Royal » que celle-ci rassemble régulièrement autour de projets ponctuels et qui bénéficie d’une aura internationale. Les jeunes femmes -mais aussi de plus en plus de jeunes hommes- incarnant la danse classique khmère évoluent aujourd’hui entre ces différentes sphères et se constituent ainsi une identité originale d’« artiste » en s’appropriant un rituel de cour devenu moyen d’expression, non plus seulement collective, mais aussi, de plus en plus, individuelle, évoluant dans un contexte politique globalement peu favorable au développement de la culture.

Lucie Labbé est anthropologue sociale. Elle a soutenu à l’EHESS en 2016 une thèse sur la danse de cour cambodgienne avec, pour point de départ, une réflexion sur la formation de la danseuse et son rôle dans la société cambodgienne actuelle. Associée au CASE (Centre Asie du Sud-Est, UMR 8170), elle poursuit actuellement ses recherches postdoctorales sur la danse classique cambodgienne d’hier et d’aujourd’hui avec le soutien de l’EFEO et du CKS.

 

L’évolution du théâtre contemporain - dit théâtre « parlé » - au Cambodge

Le théâtre dit "parlé" a été introduit pour la première fois au Cambodge par les Français pendant la période du protectorat, où préexistaient d’autres formes « théâtrales » chantées, dansées ou utilisant des marionnettes. Ce n'est que pendant la période postindépendance à partir des années 1950 et sous l’impulsion de Norodom Sihanouk que le théâtre "parlé" se répand et connaît son apogée. Son répertoire inclut à la fois l'adaptation de récits anciens cambodgiens, la traduction de pièces classiques occidentales et de nouvelles pièces écrites par des dramaturges cambodgiens. Après le séisme qu'a connu l'ensemble des arts pendant la période khmère rouge, le théâtre "parlé" semble ne pas être (encore ?) parvenu à se relever. Les arts dramatiques sont toujours enseignés à l'Université des Beaux-arts, mais n’attirent que peu d’étudiants. De même, avec un nombre très restreints de troupes indépendantes, de représentations… on ne peut pas parler de « scène théâtrale » au Cambodge. Les quelques productions d’envergure ont été éphémères et à l’initiatives d’institutions ou d’ONG, faisant appel à des collaborations internationales. Au niveau local, le théâtre "parlé" est de nos jours surtout utilisé à des fins éducatives ou préventives. Après avoir retracé l’histoire du théâtre "parlé" au Cambodge, nous nous interrogerons sur les raisons pour lesquelles dans le contexte cambodgien, le théâtre contemporain a tant de difficulté à émerger.

Jean-Baptiste Phou est un dramaturge, metteur en scène et comédien franco-cambodgien. Depuis près de 10 ans, il travaille entre la France et le Cambodge, principalement dans le domaine du théâtre et de la comédie musicale. Ses pièces Cambodge, me voici ! et l’Anarchiste adapté du roman de Soth Polin abordent les questions de l’identité et de l’exil. Il intervient régulièrement en tant qu’enseignant (INALCO, Universités Paris IX et Paris XI…) et conférencier (Centre Pompidou, 104, Université Paris 8, University of Salford, Maison des auteurs de Saint-Nazaire…). Depuis 2017, il a rejoint Cambodian Living Arts en tant que responsable des programmes artistiques.

 

Les arts comme outil de transformation dans un contexte de post-conflit

Les conflits et la violence des années 1970 ont rendu le Cambodge tristement célèbre, en particulier le règne des Khmers rouges qui ont fait périr un quart de la population. Pendant cette période, les arts et la culture ont également été en péril avec la disparition de la quasi-totalité des artistes et le risque d'extinction de traditions transmises essentiellement de façon orale. Cette souffrance reste présente pour la grande majorité des Cambodgiens de plus de 40 ans, qui en portent encore les souvenirs et les stigmates.

Le Cambodge peut servir d'exemple pour explorer les relations délicates entre arts et conflits, éclairer sur le concept de "résilience culturelle" et analyser l'importance des arts dans la reconstruction et la restauration de l'identité dans un contexte de post-conflit. Cette conférence abordera le travail, sur les trois dernières décennies, d'individus s'investissant dans la transmission et la préservation, d'organisations offrant opportunités éducatives et professionnelles, de communautés s'appropriant ou se réappropriant sa culture pour créer ou s'exprimer, et d'institutions opérant de changements structurels, chacun tentant de faire avec ce passé et tous, dans le souci des générations futures.

Né au Cambodge pendant la période khmère rouge et ayant par la suite émigré au Canada, Phloeun Prim est retourné dans son pays natal pour prendre part à sa reconstruction. Depuis 2009, il est directeur exécutif de Cambodian Living Arts. Entrepreneur culturel visionnaire, il a accompagné l'organisation dans sa transformation d'une petite structure ayant pour mission la préservation des arts à une institution culturelle de premier plan au Cambodge. 

Il est régulièrement invité à intervenir et à participer à des conférences internationales en lien avec l’art et le développement, au sein d'institutions telles que Salzburg Global Seminar, Aspen Institute et Asia Society. Depuis 2017, il enseigne un cours intitule "Art for Transformation" à l'université de NYU Abu Dhabi

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Si vous désirez assister à cette conférence, les places étant limitées, merci d’envoyer un mail à l’adresse suivante : francoise.quillet2@gmail.com.